Un mois et demi après son arrivée à la tête de l’association Via Marseille Fos, Philippe Zichert (Lire Digest Hebdo 95) affiche son ambition : faire de Marseille le premier port de Méditerranée : « On ne va pas se mentir, nous ne remplacerons pas Anvers ou Rotterdam demain. Par contre, en Méditerranée, on peut être les premiers », a-t-il affirmé pour sa première conférence de presse jeudi 25 avril au palais de la Bourse. Pour l’élu de la chambre de commerce, les vrais concurrents sont Gênes et Barcelone. Et pour les battre, le grand port maritime de Marseille-Fos doit « absolument développer son Hinterland », prévient Philippe Zichert.
Une discussion avec la SNCF pour développer le fret ferroviaire
Aujourd’hui, Marseille peut déjà s’appuyer sur une position géographique favorable au milieu de la Méditerranée occidentale, avec des liens forts avec l’Afrique et des connexions sur routes, fleuves ou rails qui remontent jusqu’à la pointe nord de l’Allemagne. Mais aujourd’hui, le ferroviaire ne transporte qu’une partie minoritaire des marchandises arrivant au port. « On a un problème d’infrastructure qu’il va falloir régler avec la SNCF », annonce Philippe Zichert. Il compte demander rapidement à la compagnie ferroviaire d’ouvrir de nouvelles lignes. Ensuite, il alerte sur la problématique du nœud de Lyon. Dans la perspective du tunnel vers Turin, la France prévoit d’investir pour créer une nouvelle voie de contournement au nord-Est de la Ville « mais si on ne fait pas aussi la partie vers le Sud, l’argent du contribuable français va financer le développement des ports étrangers au détriment de Marseille. Et ça c’est inacceptable ! », s’agace le président de l’association de promotion de la place portuaire. Il compte profiter de l’enquête publique en cours sur le contournement ferroviaire pour convaincre l’État de financer dans le même temps la partie Sud de l’ouvrage.
Relancer le Haropa du Sud
Si le nouveau président de l’association vante les mérites du port de Marseille-Fos, « où tout reste à faire », il ne compte pas cependant se reposer sur les bons résultats obtenus depuis le début des années 2010. Le trafic a fortement augmenté ces dernières années, frôlant parfois la croissance à deux chiffres, mais cette progression est le fruit du retour des clients qui sont partis précédemment échaudés par les grèves à répétition. Depuis 2012, le port a réussi à stabiliser la situation et à faire revenir les chargeurs. « C’est bien mais aujourd’hui, ce n’est plus suffisant et on voit que la croissance ralentit. Il va falloir aller chercher de nouveaux clients », annonce Philippe Zichert. C’est pourquoi Via Marseille Fos va participer à près d’une vingtaine de salon cette année et organisé de grosses manifestations à Marseille pour attirer une nouvelle clientèle.
Toujours attaché à la CCI, Philippe Zichert reprend les mots de son président, Jean-Luc Chauvin parlant de « chasse en meute ». Il estime d’ailleurs que la loi Notre a clarifié les rôles des institutionnels : « La Région et la Métropole sont les bons échelons pour le développement économique. Ça nous permet d’avoir une vision plus globale du territoire ». Il va même plus loin en prenant comme exemple le Havre et son port Haropa, pour Le Havre-Rouen-Paris. « Je veux relancer le Haropa du Sud », annonce-t-il. Le Grand port maritime pourrait donc s’agrandir et s’allier avec d’autre places économiques mais lesquelles ? « On verra », répond-il refusant d’en dévoiler plus. Il pourra en tous cas s’appuyer sur l’expérience du nouveau directeur du GPMM, Hervé Martel, qui a dirigé Haropa pendant de nombreuses années.
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