Invité à conclure les débats des 3es rencontres de la finance verte qui se déroulaient vendredi 21 novembre à Place CIC à Marseille, Luc Meunier, spécialiste en neurofinance à l’Essca, ouvre une perspective originale : face aux résistances, il faut travailler sur les comportements. « Entre 85 et 90 % des épargnants veulent investir de manière responsable, mais seulement 10 % le font réellement », explique-t-il. La raison ? Préjugés, complexité réglementaire, absence de consensus sur ce qui est “vert”, crainte de rendements moindres ou manque d’éducation financière freinent trop souvent encore l’essor de l’investissement responsable.
Et Luc Meunier de défendre, comme il l’avait déjà fait en 2023 lors de la première édition des 1ères Rencontres de la finance, l’idée d’un recours plus large aux nudges, ces “coups de pouce” qui orientent les comportements sans les contraindre. Notamment le « choix par défaut », qui pourrait transformer radicalement les pratiques : proposer par défaut un fonds durable plutôt qu’un fonds classique. Une mesure déjà testée dans la finance, par la banque ABN Amro, qui doublerait instantanément l’investissement vert, assure-t-il.
Enfin, Luc Meunier alerte sur un enjeu émergent : la souveraineté dans l’IA, alors que de plus en plus d’épargnants utilisent des outils d’intelligence artificielle pour leurs décisions financières. « Celui qui maîtrisera les modèles d’IA maîtrisera une part du narratif économique et financier, la manière dont les citoyens comprennent leur argent, et donc le futur de la finance », prévient-il. Une mise en garde en forme d’appel à une souveraineté numérique européenne.
Un rappel, aussi, que si la transition avance, elle le fait sous tension, tiraillée entre volontarisme, contraintes économiques, pressions géopolitiques et résistances culturelles. Avec, malgré tout, une conviction partagée : le mouvement est enclenché et la souveraineté européenne se jouera dans la capacité à innover, investir, réguler intelligemment… et embarquer la société.

Liens utiles :
> Comment la finance verte continue de tenir le cap malgré le fort « backlash » écologique
> 3e Rencontres de la finance verte : des partenaires ambitieux, audacieux et solidaires
> [Finance] Luc Meunier (Essca) : les « nudges » pour dynamiser l’épargne ISR des particuliers
> Finance verte : la « simplification », alibi boiteux du « backlash » écologique
> Finance verte et souveraineté : repenser la transition dans un monde instable
> Rencontres de la finance verte : la Banque de France dévoile son indicateur climat
> L’actualité des Rencontres de la finance verte à retrouver dans notre dossier spécial














