« Mieux vaut garder le silence et être considéré comme un imbécile que de parler et d’éliminer tous les doutes ». Il n’est pas sûr que cette sage recommandation, d’Abraham Lincoln, aie été lue ou entendue par tous ceux qui s’exposent à longueur de colonnes et d’ondes dans notre belle aire marseillaise. La semaine qui vient de s’achever, fut de ce point de vue tout à fait remarquable. Il est vrai qu’il y avait matière à commentaire, entre un confinement bis annoncé, puis programmé, et la nouvelle intrusion brutale et entêtante du terrorisme.
Une fois de plus et particulièrement autour de cette maladie pugnace, violente et étrange par bien des aspects – la Covid – ils furent ainsi nombreux à se précipiter au portillon des micro-trottoirs. Cette technique éditoriale veut qu’on s’exprime, en quelques mots, à la manière des passants que l’on peut interpeller dans nos rues. Naguère les trottoirs étaient réservés aux femmes de peu de vertus, mais on les appelait aussi « les filles de joie ». Elles ont quasiment disparu remplacées dans nos gazettes et sur nos petits écrans par des Dupont la joie, aussi péremptoires dans leurs propos qu’assurés dans leurs prédictions.
Il s’avère cependant que « les faits sont têtus », comme le disait Vladimir Oulianov Lénine, qui a passé sa vie à les tordre dans le sens de ses idées ou de ses intérêts tactiques.
On ne trouvera pas ces subtilités chez nos édiles, dont les réflexes sont plus pavloviens que nourris d’une préalable réflexion. Ainsi Maryse Joissains qui attend le sort que lui réservera la justice le 7 décembre prochain, y est allée de sa gouaille : « Véran ferme-la ! » Et, évoquant les mesures prises par le ministre de la Santé, d’ajouter : « Il n’a pas le droit de grouper tout un territoire dans des mesures qui sont à mon sens, surtout pour Aix-en-Provence, inadaptées.» Les hospitaliers de la ville n’ont pu que lever les yeux au ciel. Samia Ghali qui a toujours une longueur d’avance dans la course des « y a ka faut kon », a un temps réclamé un comité scientifique spécifique à Marseille, annoncé « le chaos », promis que les bars et restaurants ne seraient pas sanctionnés par la ville en cas de non-respect des consignes. Il fut une époque où elle réclamait l’armée pour lutter contre les trafics de drogue dans les cités. Affaire classée comme on dit dans les palais de justice.