Dans la longue liste de ces tribuns de bistrots, on trouve bien évidemment les opposants professionnels. Le sénateur Stéphane Ravier du RN, qui estime que « le confinement est un aveu d’échec pour le gouvernement » et qu’il faut donc le sanctionner et par conséquent élire enfin Marine Le Pen, puisqu’elle a, elle, les solutions. Et quand on parle du loup, Mélenchon n’est pas loin, qui affirme que comme l’épidémie, le président est « hors de contrôle ». De s’en prendre à son « pilotage incohérent ». Lui aussi est prêt, on l’aura compris, à reprendre la barre à défaut d’avoir souqué ferme lorsque la santé était déjà en danger sous le règne de ses anciens amis, Mitterrand, Jospin ou Hollande. On s’arrêtera là, tant la liste est longue de ceux qui, à défaut de nommer l’origine du mal, ont préféré s’affranchir de toute responsabilité, en promettant des lendemains qui ne toussent plus.
Pourtant, il faudra bien lorsque l’Etat aura été lourdement chargé, et peut-être sanctionné par les urnes, analyser point par point les défaillances
Hervé Nedelec
Pourtant, il faudra bien lorsque l’Etat aura été lourdement chargé, et peut-être sanctionné par les urnes, analyser point par point les défaillances locales, la gestion calamiteuse de l’hôpital public, les conditions infâmes faites à une partie non négligeable de la population, les attitudes irresponsables de quelques fêtards alcoolisés et de ceux qui ont géré, à leur seul profit, des soirées contaminantes… Entendra-t-on encore pour seule défense, ce pauvre argument qu’on nous sert sur le Vieux-Port depuis des décennies : « Paris ne nous aime pas » ?
Il faudra également examiner de très près la communication du professeur Didier Raoult, depuis le début de la crise sanitaire. Dans la dernière livraison de Paris-Match, il nous dit encore tout le bien qu’il pense de lui-même. Il nous enjoint de le croire, puisque de toute façon nous sommes disqualifiés pour le questionner, en raison de notre niveau zéro comparé à ses connaissances infinies. A l’adresse de ses détracteurs du monde médical, il jure qu’il n’a que faire de l’éthique puisqu’il a une morale. Il rappelle, même s’il se trompe, qu’il a été le plus jeune président d’université de France. Au final, il a compris une chose. A défaut de pouvoir expliquer la fièvre, il faut contester l’efficience du thermomètre. L’hebdomadaire assure que le patron de l’IHU, dont il est rappelé les incontestables qualités de chercheur, est un inconditionnel de Friedrich Nietzche. Voilà donc la clé : « humain, trop humain ». Dans la foulée le médecin bombe le torse en rappelant qu’il représente dans sa famille, la quatrième génération à s’être vu attribuer la légion d’honneur. En relisant Napoléon, il saurait que l’empereur la considérait comme un « hochet » tendu à « la vanité ».
A tous ces beaux parleurs comme le dit la chanson : « Rendez-vous dans dix ans sur la place des grands hommes ».