[Interview] La Banque des territoires, bras armé du Plan de relance en région

La Banque des territoires est l’un des acteurs clés du plan de relance du gouvernement pour sortir de la crise. Localement, c’est Richard Curnier qui pilote les opérations. Il vient de signer pluiseurs accords en présence du directeur général du groupe Caisse des dépôts, Eric Lombard. Etat de lieux.

Vous venez de signer plusieurs accords avec des acteurs du territoire. Etes-vous satisfait de la réaction locale aux annonces de financement du plan de relance ?

Richard Curnier : Oui, nous sommes dans une région particulièrement dynamique avec de nombreux projets. Quand je regarde les montants engagés au niveau régional comparé à notre poids économique, ils sont deux fois plus importants. La Banque des territoires gère 26 milliards d’euros sur le Plan de relance de 100 milliards d’euros du gouvernement. Il y a sept axes d’intervention : le tourisme, la réindustrialisation, le médico social et le sanitaire, le logement, la transition écologique et énergétique, le très haut débit et le commerce. La crise nous apprend beaucoup de choses. Dans les hôpitaux ou les Ephad, il y a un besoin important de réhabilitation. L’enjeu c’est de pouvoir engager au moins 80% de ces 26 milliards sous 24 mois. Le directeur général de la Caisse des dépôts, Eric Lombard était à Marseille fin novembre pour voir comment le plan se déployait. Nous avons simplifié et digitalisé nos process pour être plus rapides et plus réactifs dans l’instruction des dossiers et les prises de décision

Parmi les accords signés, il y a celui avec 13 Habitat. En quoi est-il original ?

Richard Curnier : Généralement, nous intervenons de trois manières. Il y a d’abord l’ingénierie de projets. Pour accélérer la phase amont, nous finançons les études. Ensuite nous pouvons accorder des prêts pour les collectivités ou les organismes HLM. Et parfois nous entrons au capital de sociétés de projets ou d’exploitation (La Marseillaise, thecamp, Proviridis, Totem Mobi). Ici avec 13 Habitat nous avons souscris à une émission de titres participatifs à hauteur de dix millions. Ce sont des titres qui ne donnent pas de droits de vote. L’échéancier de sortie est contractualisé car ces « actions » ne sont pas liquides. Cette opération est une première pour un bailleur de la région Sud. Notre accord avec 13 Habitat prévoit également pour les deux ans à venir le financement à hauteur 150 millions d’euros d’opérations de construction et de réhabilitation de logements de 13 Habitat.

Le logement est effectivement l’un des défis majeurs du territoire, en particulier dans la Métropole Aix- Marseille Provence. Quels vont être vos actions sur ce terrain ?

Richard Curnier : Nous avons signé une convention avec la Métropole pour apporter un financement dans l’ingénierie du projet de la SPLA-IN (société publique locale d’aménagement d’intérêt national, NDLR) à hauteur de 500 000 euros. Dans le cadre du plan de relance, on va continuer à soutenir les opérateurs de logements sociaux. On peut faire par exemple des prêts sur la partie foncière sur une durée de 80 ans. Notre filiale CDC Habitat, dans le cadre de son opération 40 000 logements en Vefa (vente en l’état futur d’achèvement, NDLR) en a acheté quasiment 3000 dans la métropole auprès de promoteurs pour des logements conventionnés.

On réfléchit avec la Ville et la Métropole à la constitution d’une foncière sur la thématique des commerces vacants.

Richard Curnier

On réfléchit avec la Ville et la Métropole à la constitution d’une foncière sur la thématique des commerces vacants. Enfin, concernant Marseille, nous nous sommes aussi engagés, dans le cadre du plan de rénovation des écoles de la Mairie de Marseille, à contribuer aux financements de deux nouveaux groupes scolaires respectueux de l’environnement dans les 3^e et 15e arrondissements. Deux prêts de la Banque européenne d’investissement d’un montant de 14,25 millions d’euros, mis en œuvre dans le cadre du plan de relance de la Banque des Territoires, ont ainsi été signés.

Enfin, vous venez de lancer ViagéVie qui constitue également une solution originale pour répondre à la fois aux problématiques de logements mais aussi de santé. De quoi s’agit-il ?

ViagéVie, le concept, c’est la maison de retraite à domicile

Richard Curnier

Richard Curnier : C’est un projet que nous avons incubé à la direction régionale de la Caisse des dépôts. ViagéVie est un dispositif viager inter-générationnel. Le concept, c’est la maison de retraite à domicile avec l’objectif que la personne âgée reste le plus longtemps possible chez elle. Nous avons travaillé sur ce dossier avec l’association Soliha. Nous avons créé une structure dédiée, détenue à 75% par la Banque des territoires et 25% par Soliha. Cette structure achète le bien en viager. Le montant de la vente permet au vendeur de financer les travaux d’adaptation du logement afin qu’il reste le plus longtemps possible chez lui. Le produit de la vente permet aussi à la personne de payer les éventuels services à domicile dont elle a besoin. On travaille avec La Poste pour apporter, au-delà du courrier, de nouveaux services à domicile. C’est une expérience unique en France avec dans un premier temps un objectif d’une cinquantaine de logements à Marseille.  ViagéVie doit aussi faciliter la réutilisation du bien après le décès de la personne qui y résidait. Dans cette étape, nous allons rechercher une revente notamment auprès de jeunes actifs qui ont besoin d’un dispositif particulier pour accéder à la propriété.

Lien utile :

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