Gomet’ avec ses partenaires, Région Sud Investissement et le cabinet Crowe Ficorec, publie tous les semestres le baromètre métropolitain des levées de fonds. En juillet 2021, nous avons diffusé l’ensemble des données et analyses du baromètre 2020. Retrouvez en ce début août, chaque jour, les principaux extraits. Aujourd’hui, Pierre Joubert, le directeur général de Région Sud Investissement, fonds le plus actif dans la région, revient sur cette année 2020 bouleversée par la crise sanitaire et sur les projets d’avenir du fonds d’investissement de la Région Sud en pleine croissance.
Quel a été l’impact de la crise de la Covid-19 pour Région Sud Investissement ? Comment vous êtes vous adapté ?
Pierre Joubert : Nous avons tenu le cap avec un gros travail de soutien auprès de nos entreprises. Nous avons différé les remboursements en capital et intérêts, reculé nos échéances de prêt… Ce travail a été une des plus grosses occupations du premier semestre. Le début de l’année est généralement très actif en capital-investissement. Il y a beaucoup de closing avant les vacances d’été. Et l’an dernier, force est de constater que l’activité a été plutôt atone. Par contre, la fin d’année a été dantesque. La moitié de l’activité s’est faite sur les trois derniers mois. C’est historique pour nous.
Quel est le coût de cette crise pour Région Sud Investissement ?
P.J : Nous avons joué le rôle d’amortisseur comme nous pouvions, comme les institutions, les banques… Nous avons lissé les échéances de nos entreprises et cela a effectivement eu un coût pour nous. Mais cela nous apparaissait comme une évidence. Cela a représenté à peu près 700 000 euros de décalage de paiement. Cette crise inattendue a également demandé une implication plus forte des équipes pour soutenir les entreprises. Nous avons fait beaucoup de réunions avec nos participations, en petit comité avec des professionnels hors RSI pour gérer au mieux les problèmes liés au contexte : fiscalité, aides de la Région, BPI etc….
Quelles ont été vos performances l’an dernier ?
P.J : Malgré la crise sanitaire, nous sommes devenus le quatrième fonds français en nombre d’opérations l’an dernier. Nous avons réalisé 27 dossiers, soit seulement deux de moins que le troisième sur le plan national. Sur la région, nous sommes presque incontournables car nous traitons un dossier sur deux. Chaque fois que nous mettons un euro dans une entreprise, ce sont six euros qui rentrent dans ses caisses dans les trois ans. Au vu de nos belles performances, les demandes affluent. Elles sont de plus en plus nombreuses et la qualité des dossiers est meilleure. Le fonds d’investissement a rapidement augmenté passant de 76 millions d’euros en 2018 à 136 millions d’euros aujourd’hui. Si tout se passe comme prévu, Région Sud Investissement devrait atteindre les 200 millions d’euros assez rapidement. En plus des levées de capitaux pour nourrir le fonds, nous sommes aussi en train de faire de plus en plus de sorties de capital des entreprises avec de beaux résultats à la clé. Nous en avons enregistré plusieurs très rentable. Et cet argent est directement recyclé dans l’économie car notre but n’est pas de faire des bénéfices.
L’accélération de la fin d’année 2020 se poursuit-elle en 2021 ?
P.J : Honnêtement, nous sommes repartis sur un rythme normal en 2021. Nous avons eu un début d’année classique. Par contre, en ce moment, c’est de nouveau en train d’accélérer de manière forte. Nous sommes en train de faire des comités relativement lourds. Aussi bien sur la partie prêt participatif que sur la partie capital. Nous avons beaucoup plus de demandes qu’avant. Nous devrions faire une belle année 2021 si tout se passe bien. Nous travaillons aussi de plus en plus sur le capital-développement. Nous y consacrons désormais 50% de nos budgets. Cela nous permet d’accompagner les sociétés sur différents tours et de les voir grandir.
Comment expliquez-vous cette croissance de l’activité de Région Sud Investissement ?
P.J : Nous multiplions les opérations. Résultat, le bouche-à-oreille fonctionne et le deal flow s’amplifie. Nous sommes aujourd’hui extrêmement bien référencés surtout au niveau local. Nous avons beaucoup développé la communication l’an dernier, ce qui a augmenté notre visibilité. Nous avons changé de charte graphique, Nous avons créé notre site internet… autant d’efforts qui ont payé. Après, il y a un autre paramètre à prendre en compte. Pendant les périodes de crise, nous l’avons déjà vu notamment en 2008, les entreprises notamment familiales se tournent plus facilement vers les fonds publics, plus rassurants. Comme Région Sud Investissement investit systématiquement aux côtés d’autres fonds privés, nous avons dû attendre un peu que l’activité reparte et au moment de la reprise, nous étions fin prêt et nous avons pu développer une activité très dense. Pendant la crise, nous avons changé de mode d’organisation pour pouvoir absorber plus de dossiers. Nous sommes passés à une organisation plus industrielle. Nous avons profité de la crise pour se structurer et lancer une grande étude de plusieurs mois sur l’analyse de notre portefeuille afin de mieux identifier les facteurs de risques et de succès de chacune des opérations.