L’industrie aéronautique se trouve à un carrefour crucial de son développement avec l’introduction potentielle de l’hydrogène comme source de carburant alternatif. Cette innovation pourrait transformer les voyages aériens en les rendant beaucoup plus écologiques. L’hydrogène promet de réduire significativement les émissions de dioxyde de carbone, un changement bienvenu alors que le secteur du transport aérien est souvent critiqué pour son empreinte carbone.
Les défis techniques et réglementaires
L’utilisation de l’hydrogène dans les avions n’est pas sans défis. Premièrement, le stockage de l’hydrogène à bord nécessite des réservoirs capables de maintenir l’hydrogène à très basse température ou sous haute pression, ce qui pose des défis techniques considérables. De plus, l’hydrogène a une densité énergétique volumétrique plus faible que les carburants fossiles, ce qui signifie qu’il occupe plus d’espace pour la même quantité d’énergie. Cela pourrait affecter la conception des avions, en particulier pour ceux destinés à de longues distances.
Par ailleurs, les réglementations actuelles ne sont pas encore adaptées à l’aviation à hydrogène. Les gouvernements et les organismes internationaux de l’aviation travaillent à l’élaboration de normes de sécurité et de performance qui encadreraient l’utilisation de l’hydrogène comme carburant aérien. Ces normes prendront du temps à être mises en place, retardant potentiellement l’adoption généralisée de cette technologie.
Voyager en jet privé à hydrogène, c’est pour bientôt
Dans le secteur spécifique des jets privés, l’hydrogène pourrait faire son apparition plus rapidement que dans l’aviation commerciale. Les jets privés, généralement plus petits et transportant moins de passagers, pourraient s’adapter plus facilement aux contraintes de taille et de poids des réservoirs d’hydrogène. De plus, les propriétaires de jets privés, souvent plus enclins à investir dans les dernières technologies, pourraient favoriser le développement rapide de solutions sur mesure.
Certains prototypes de jets privés à hydrogène sont déjà en phase de test, et plusieurs entreprises ont annoncé leur intention de commercialiser ces avions d’ici la prochaine décennie. Cela indique que, même si l’aviation commerciale à hydrogène est encore à quelques années de devenir une réalité, le voyage en jet privé à hydrogène pourrait devenir une option viable plus tôt que prévu. On peut peut-être déjà rêver de monter à bord d’un embraer legacy 600 propulsé à l’hydrogène. Ou bien un falcon 7x doté d’un réservoir compact d’hydrogène, avec un moteur adéquat.
Perspectives futures
La transition vers l’hydrogène dans l’aviation est inévitable compte tenu de la pression croissante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Malgré les défis, l’évolution des technologies et l’amélioration des infrastructures de soutien, comme les stations de ravitaillement en hydrogène dans les aéroports, joueront un rôle crucial dans cette transformation.
L’hydrogène envisageable pour les jets et petits avions
Le succès de l’hydrogène comme carburant alternatif dépendra largement de ces développements ainsi que de l’acceptation par le public et les investissements substantiels des entreprises du secteur. Mais, il est vrai que la location d’un jet privé à l’hydrogène dans les années à venir n’est pas quelque chose d’irréalisable.
En revanche, envisager que les gros porteurs (comme les Airbus A350) puissent carburer à l’hydrogène est encore quelque chose d’abstrait. Les contraintes règlementaires seront telles que l’aviation civile grand public (hors aviation d’affaires) n’est pas encore prête pour prendre le virage de l’hydrogène. Ce qui semble plus réalisable à moyen terme, ce sont les biocarburants qui seront progressivement incorporés dans le kérosène pour en remplacer une partie. C’est un premier levier pour permettre à l’aviation civile de tendre vers la neutralité carbone.
Les biocarburants privilégiés pour les vols long courrier
Les biocarburants pour avion, souvent appelés biocarburants d’aviation durables ou Sustainable Aviation Fuel (SAF), sont des alternatives aux carburants fossiles traditionnels utilisés dans le secteur aérien. Ces carburants sont conçus pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et diminuer l’impact environnemental de l’aviation, tout en étant compatibles avec les infrastructures et moteurs existants.
L’origine des biocarburants pour avion est diverse et peut inclure des matériaux tels que des huiles végétales, des graisses animales, des résidus agricoles ou forestiers, et même des déchets municipaux. Le processus de transformation de ces matières premières en carburant peut varier, mais les plus courants incluent l’hydrotraitement, la fermentation et la gazéification.
Le biocarburant d’hydrotraitement est l’un des plus prometteurs et les plus utilisés dans l’aviation. Ce processus implique l’hydrogénation des huiles végétales ou des graisses animales pour produire des hydrocarbures qui peuvent être utilisés directement dans les moteurs d’avions. Ces carburants sont pratiquement indiscernables du kérosène traditionnel en termes de performance, mais leur fabrication produit significativement moins d’émissions de CO2.
Un autre type de biocarburant d’aviation en développement est celui produit par fermentation. Ce procédé utilise des micro-organismes pour convertir les sucres, extraits de biomasse non alimentaire comme les tiges de maïs ou les résidus de canne à sucre, en alcools ou en hydrocarbures. Ces biocarburants sont encore à un stade de recherche et développement mais présentent un potentiel intéressant pour une production durable à grande échelle.
En plus de ces méthodes, la gazéification est une autre technique utilisée pour produire des biocarburants d’aviation. Elle convertit la biomasse solide, comme le bois ou les déchets agricoles, en un gaz de synthèse qui est ensuite transformé en liquides comme le diesel ou le kérosène par des processus chimiques. Cette méthode offre la flexibilité d’utiliser une large gamme de matières premières, y compris des déchets qui autrement seraient non exploités.
Les biocarburants pour avion offrent une voie prometteuse pour réduire l’empreinte carbone du transport aérien, mais ils présentent aussi des défis. Le coût de production reste élevé comparé aux carburants fossiles, et la disponibilité des matières premières nécessaires à une production à grande échelle peut être limitée. De plus, la production de ces carburants doit être gérée de manière à ne pas compromettre la sécurité alimentaire ou causer des dégâts environnementaux indirects, comme la déforestation.
Conclusion
En résumé, bien que le chemin soit encore long et semé d’embûches, les progrès réalisés jusqu’à présent dans le domaine de l’aviation à hydrogène sont prometteurs. L’horizon n’est peut-être pas aussi lointain qu’il y paraît, surtout dans le segment des jets privés, où l’hydrogène pourrait bientôt révolutionner la manière dont nous volons.