Dans les 11e et 14e circonscriptions des Bouches-du-Rhône, couvrant Aix-en-Provence et sa vaste périphérie, Marc Pena (NFP) et Gérault Verny (RN) ont chacun remporté un siège à l’Assemblée nationale.
Dans la 11e, victoire de Marc Pena (NFP) d’un cheveu
Dans la 11e circonscription, le désistement de Mohamed Laqhila (Modem) à la suite du premier tour des élections législatives (voir notre article), semble avoir profité au député investi par le Nouveau front populaire, Marc Pena. Au premier tour, Marc Pena avait récolté 27,54% des suffrages exprimés, contre les 26,28% du député sortant centriste et les 38,87% du Rassemblement national d’Hervé Fabre-Aubrespy. Pour le second tour, le duel était serré : le nouveau député de gauche a fait un score de 50,23% des suffrages exprimés, face à Hervé Fabre-Aubrespy (RN), 49,77% et l’emporte avec 272 voix d’avance sur 58 868 suffrages exprimés !
Sur X (Twitter), Marc Pena a répondu aux félicitations du Parti socialiste : « l’extrême-droite est battue dans la 11e circonscription (…) merci à tous et toutes pour votre soutien. Dès demain, à l’Assemblée nationale, je vous représenterai avec courage et fierté ». Il a ajouté « mesurer la responsabilité du NFP, nous avons annoncé un programme qui a aussi attiré au premier tour et au second tour nous avons su rassembler, cela nous oblige doublement. Nous devons demain, ne pas décevoir, trop souvent les différents gouvernements ont déçu ».
Hervé Fabre-Aubrespy (RN) s’est dit « déçu », il a déclaré au micro de La Provence : « Malgré la forte progression du RN dès 2022, les électeurs que je représente ne seront pas représentés à l’Assemblée nationale alors que j’aurais pu et voulu y jouer un rôle. La façon dont s’est déroulée cette semaine, les pétitions qui ont circulé, le barrage, les déclarations de violentes manifestations annoncées ont joué en ma défaveur alors que je suis profondément républicain. Je regrette que le débat démocratique en France se déroule de cette façon ».
Dans la 14e circo, la triangulaire profite au RN
Dans la 14e circonscription, la triangulaire de tous les possibles, pari perdu pour Anne-Laurence Petel (26,71%) et Jean-David Ciot (36,03%) face à Gérault Verny (37,26%). La députée macroniste sortante avait décidé de se maintenir, suite au premier tour où elle était arrivée en troisième position, et ce malgré l’appel de la gauche et à contre-courant de son propre camp. La 14e circonscription des Bouches-du-Rhône passe pour la première fois sous le joug du Rassemblement national, à 858 voix près.
L’élue d’Aix-en-Provence avait vivement critiqué le projet économique du Nouveau Front populaire et son programme, et « l’imposture » de l’investiture de Jean-David Ciot (PS NFP). Une pétition en ligne réclamant son retrait avait recueilli plus de 10 000 signatures, et les appels à son départ s’étaient multipliés sur les réseaux sociaux, ce qu’elle avait qualifié de « harcèlement ». Des personnalités comme l’ex-ministre écologiste Cécile Duflot, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure et le maire de Marseille Benoît Payan, lui avaient également demandé de se retirer, sans succès. (voir notre article)
« Un suicide politique »
Ce dimanche 7 juillet, les réactions se font attendre. Au micro de France 3, Jean-David Ciot (NFP) règle ses comptes : « Madame Petel a voulu penser qu’elle n’avait qu’une aventure individuelle. En politique, il n’y a pas d’aventure individuelle. J’avais indiqué que c’était un suicide politique de rester. Elle l’a confirmé. Elle prend la responsabilité extrêmement lourde ici à Aix-en-Provence, de faire élire l’extrême droite et de faire représenter la ville d’Aix-en-Provence qui ne voulait pas de l’extrême droite, qui aura un député du Rassemblement national ».
Anne-Laurence Petel a répondu : « Cette campagne a été indigne. Pendant ces dernières semaines, l’ennemi de la gauche ce n’était pas le RN, mais moi. Nous avons tous été attaqués, harcelés, insultés, bousculés. Je voudrais vous dire que je ne peux pas supporter qu’une gauche qui se dit humaniste, qui nous fait des leçons de morale, non seulement abandonne les valeurs de la République depuis trente ans, mais en plus se conduise de manière aussi indigne et insultante pendant les semaines de campagne. Je peux vous assurer que cette dernière semaine m’a conforté dans mon choix de me maintenir. À l’heure où je vous parle, je ne sais pas qui est le vainqueur de cette élection, et je souhaite bon courage à cette Assemblée qui aujourd’hui n’a aucune majorité. Je ne suis pas sûre que la dissolution ait été une bonne opération, je pense même que non pour la majorité relative que nous avions. Ce soir, je crois que le front républicain de Gabriel Attal a limité les dégâts pour la majorité, mais en tout cas je ne suis pas certaine qu’il en sorte vainqueur. J’espère qu’il en sortira, quand même, une coalition capable de gouverner. Encore une fois, les Français nous ont dit aussi qu’ils souhaitent qu’on leur parle de sécurité, d’immigration, qu’on leur parle de ces sujets qui, au quotidien, les concernent et il faudra aussi que la nouvelle majorité s’attaque profondément à ces sujets ».
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