Apothera, de son nom historique Pharma Santé Développement, PSD Groupe, a été créée au début des années 2000 à l’initiative de pharmaciens indépendants à Marseille. « Le groupement historique est basé à Marseille, à la Valentine, raconte à Gomet’ Stephan Odier, président d’Apothera. Il a été lancé par François Cadene, un pharmacien, qui est resté au capital jusqu’à la sortie d’aujourd’hui. »
« Les pharmaciens membres du réseau, explicite-t-il, « payent une cotisation annuelle pour accéder à une offre, un catalogue de services et de laboratoires avec des conditions négociées avec un contrat en général d’un an mais qu’ils ont les moyens de le résilier chaque année calendaire ».
500 adhérents en 2017
En 2017, le groupe rassemble PharmaGroupSanté (centrale de référencement privée pour les pharmaciens, créée en 2000), Pharmacade (organisme de développement professionnel continu agréé) et Comox (relais média dans les officines). Pharma Group Santé est passé de 14 à plus de 500 adhérents en 17 ans ; il décide d’ouvrir son capital au fonds d’investissement Connect qui devient majoritaire avec Sofipaca, Étoile ID et ACG Management devenu Viveris, puis Smalt. Philippe Besnard, ancien directeur général de Pharmavie (Phoenix France) devient directeur. François Cadene, président et fondateur du groupe reste alors un actionnaire significatif.
« Connect pro, leader, se souvient Stephan Odier, animait, gérait la participation pour le compte des autres actionnaires. Ils avaient identifié le secteur pharmaceutique et ont voulu s’y implanter. Ils ont saisi l’opportunité de racheter ce groupement qui avait une rentabilité intéressante avec une stratégie spécifique de croissance externe. La vision était à terme de capitaliser et de sortir. »
La stratégie de croissance externe a permis de racheter des groupements à la fois locaux, régionaux et puis d’aller cibler des activités ayant un intérêt stratégique : marque de produits, centrale d’achat, formation.
Aller vers un modèle coopératif
« Quand arrive le temps de la sortie de Connect Pro et des fonds, relate pour Gomet’ Julien Daou, pharmacien, directeur général de Apothera, notre feuille de route était d’aller chercher un partenaire qui nous ressemble, avec lequel on puisse casser le plafond de verre de la croissance et offrir à nos adhérents des conditions commerciales, des services et l’accompagnement dont ils avaient besoin. »
Sortir du modèle financier des fonds pour aller vers un modèle coopératif devient pour les associés une priorité. Et ils choisissent un réseau beaucoup plus modeste qu’Apothera, la coopérative Giropharm, 100% indépendante et quatrième enseigne de pharmacies en France,
Apothera, a grandi sous la houlette de Connect : c’est devenu un groupement de 1 300 pharmaciens générant 3 milliards d’euros de ventes annuelles, doté d’une centrale d’achats pharmaceutique, une marque propre (Nep la marque) et d’un organisme de formation. Rémy Garello, directeur général de Connect Pro, actionnaire sortant majoritaire d’Apothera et porte-parole des autres fonds est fier « d’avoir mené́ une stratégie de consolidation significative ces cinq dernières années en ayant permis au groupement Apothera d’atteindre les 1 300 adhérents et de proposer un panel de services très large. Nous sommes convaincus que le rapprochement avec Giropharm marquera une nouvelle étape déterminante dans le développement de la pharmacie de services en France ».
Repris par un réseau plus petit d’un tiers !
Apothera est pourtant repris par un réseau beaucoup plus petit, de 500 officines qui réalise un chiffre d’affaires cumulé de plus d’un milliard d’euros. Près de 97 % du réseau est certifié ISO 9 001-QMS Pharma, la coopérative est en pointe en matière de vaccination, d’entretiens pharmaceutiques et de dépistage, tout en investissant dans le domaine des services digitaux et de santé connectée.
La logique financière n’est pas la logique « coopérateur »
Stephan Odier
Pour Stephan Odier l’enjeu est « d’offrir un modèle coopérateur versus un modèle financier. Et je crache pas du tout dans la soupe par rapport à nos associés financiers. Parce que ça s’est très bien passé, néanmoins la logique financière n’est pas la logique « coopérateur ». Avec Julien, on avait à cœur d’aller chercher un partenaire qui avait un ADN commun. : des pharmaciens pour des pharmaciens avec des pharmaciens. Et en aucun cas à nouveau des fonds d’investissement au capital. »
« Le modèle coopérateur aujourd’hui, confirme Julien Daou, c’est vraiment une alternative. Nous sommes face à des groupements, tractés par des fonds d’investissement. Le modèle alternatif, c’est le nouveau Giropharm avec près de 10 % du marché français, dirigé par des pharmaciens. Les coopérateurs sont au conseil d’administration dans des groupes de travail, dans les commissions d’achat, Les pharmaciens qui définissent l’orientation stratégique de l’entreprise.
Les choix se sont réduits pour un pharmacien indépendant : c’est soit un modèle avec des fonds d’investissement, soit un modèle coopérateur. Nos adhérents, sont des gens qu’on accompagne depuis 15 ans, 20 ans qu’on connaît, le choix est en totale cohésion avec la demande de nos adhérents.
Je ne dis pas qu’il y a un modèle qui est meilleur que l’autre et je laisserai chaque pharmacien juger du meilleur modèle. Et pour avoir vécu les deux, je pense que chaque modèle a des avantages et des inconvénients. En revanche, dans le modèle coopératif, le comité d’orientation stratégique est animé par des pharmaciens titulaires installés. Ce sont eux qui se dictent la stratégie et la stratégie dans l’intérêt de l’adhérent. »
« Les pharmaciens doivent rester maîtres chez eux, tout en bénéficiant des ressources et des services innovants développés par le groupement », souligne Gilles Unglik, pharmacien et directeur général de Giropharm, en charge de l’opération. « Les actionnaires du groupe restent les pharmaciens, garantissant ainsi son indépendance et son engagement autour d’une vision commune de la pharmacie ».
Renforcer notre pouvoir de négociation
« Du côté de Giropharm l’intérêt est de renforcer notre pouvoir de négociation avec nos laboratoires partenaires et élargir notre offre avec une marque propre, une centrale d’achat, un organisme de formation » confirme Claire Dubernard, responsable du pôle marketing et communication .
Giropharm achète cash, sur fonds propres avec une part de crédit. Il y a un mix « entre apport et emprunts bancaires, mais le plus important est que le conseil d’administration de Giropharm des pharmaciens titulaires installés qui ont voté. Ils ont fait le choix en amont de faire une croissance externe et ils ont validé le montant de l’opération. Les coopérateurs disposent de leur propre argent. »
« La synthèse des deux groupements va permettre de générer une volumétrie et des accords qui vont absorber le prix de l’acquisition », analyse Stephan Odier. Le montant de l’opération n’est pas communiqué.
L’heure est à la consolidation à la concentration des groupements, une dizaine de réseaux dépasse les 1 000 pharmaciens et les acquisitions se font régulièrement. Pas de réduction de l’activité dans la région, même si le siège monte à Paris assurent de concert Julien Daou et Stephan Odier qui sont au board du nouvel ensemble. « Je suis basé à Aix et Stéphane à Marseille, témoigne Julien Daou, le site de Marseille continuera à exister même avec une restructuration. »
Un réseau densifié
Giropharm est structuré en 12 régions avec un président administrateur par région. L’implantation des pharmacies Apothera et Giropharm permet de densifier le territoire national et devrait conduire à créer 16 régions. Grâce à cette opération, souligne le communiqué de Giropharm, « les adhérents bénéficient désormais :
- – D’une puissance de négociation renforcée, avec près de 1 800 pharmacies partenaires.
- – D’une expertise consolidée en matière de distribution, de produits et de services.
- – D’un organisme de formation agréé Pharmacade ».
« Ce rapprochement est une étape majeure dans notre ambition de devenir le partenaire de référence des pharmacies indépendantes, et contribuer à initier la dynamique de consolidation nécessaire du secteur » déclare Luc Priouzeau, Pharmacien titulaire et président-directeur général de Giropharm.
Les intervenants
Cédants
- Connect Pro (Franck Paoli, Damien Garau, Déborah Jarjaye, Rémy Garello)
- Sofipaca (Paul Tabourin)
- Smalt Capital (Julien Jorge)
- Société́ Générale Capital Partenaires (Florence Guillas)
- Conseils cédants : Avocats Corporate : Lamartine Conseil (Sophie Gsell, Myriame Amar)
- Management : Stephan Odier, Jean-Philippe Besse, Julien Daou
Acquéreurs
- Giropharm (Luc Priouzeau, Gilles Unglik)
- Conseils acquéreurs : Avocats corporate : Cabinet Bignon Lebray (Caroline Cazaux Justine Langer, Alban Van de Vyver)
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