La société Véracyte SAS, anciennement HalioDx, rachetée par le groupe américain Véracyte US en 2021, a été placée en redressement judiciaire le 07 mai, après une cessation de paiement constatée le 20 avril dernier. En quête urgente d’un repreneur, la société marseillaise pourrait être mise en liquidation, ce qui détruirait 164 emplois extrêmement qualifiés, et ferait perdre un savoir-faire unique en France.
30 000 kits de diagnostic oncologique produits chaque jour à Marseille
Veracyte SAS produit chaque jour pas moins de 30 000 kits de diagnostic oncologique à Marseille. Dans un communiqué, la CFDT chimie (voir le communiqué en document source) souligne les enjeux autour de l’ancien HalioDx : « L’entreprise bénéficie d’une équipe de 160 salariés, hautement qualifiés, d’une plateforme industrielle de plus de 6 000 m² à Marseille, et d’une expertise internationalement reconnue dans la recherche, le développement, la fabrication et la validation de dispositifs médicaux IVD.»
Un plan social a déjà eu lieu l’an dernier pour accompagner le transfert d’une partie des activités. 55 emplois avaient alors été supprimés. La cession par la maison-mère américaine du fleuron marseillais s’expliquerait par des raisons financières, le site n’étant pas rentable. Face à cet argument, les syndicats ont souligné que des investissements promis lors du rachat en 2021 n’ont jamais eu lieu.
Veracyte : un enjeu de souveraineté nationale
Si le site de Marseille ferme bel et bien sans repreneur, c’est un enjeu de souveraineté nationale. En effet, l’accès aux diagnostics précoces de certains cancers pourrait être menacé, ce qui réduirait la qualité du dépistage et entraînerait une détection plus tardive de certains cancers, et donc une mortalité accrue. La CFDT Chimie l’explique dans son communiqué : «Veracyte commercialise le test Prosigna® dans le monde entier, un test pronostiqué dans le cancer du sein permettant d’évaluer le risque de rechute à 10 ans. Ce test est produit exclusivement dans la filiale marseillaise, actuellement en redressement judiciaire.Il existe donc un risque réel qu’il devienne indisponible au niveau mondial à court terme.»
La CFDT va même plus loin dans son communiqué invoquant les effets à moyen terme d’une potentielle fermeture de Veracyte SAS : « La filiale marseillaise est au croisement de plusieurs révolutions technologiques majeures, soutenues par le Crédit d’Impôt Recherche : intelligence artificielle, séquençage à haut débit, médecine personnalisée.Sa disparition signifierait un recul pour la France dans des domaines que l’État identifie comme stratégiques pour l’innovation, la souveraineté sanitaire et l’efficacité de notre système de santé.»
Pour rappel, créée en 2000 sous le nom d’Halio Dx, la société a bâti sa réputation dans le domaine de l’immuno-oncologie et contribué à la fondation du cluster européen Marseille Immunopôle. La société a été rachetée par le groupe américain Veracyte US il y a quatre ans. L’intersyndicale sollicite désormais le ministère de la Santé et les élus locaux afin de trouver une issue qui préserverait l’activité et les emplois sur le site marseillais.
Le dirigeant historique d’Halio Dx, Vincent Fert, a occupé, pendant un an après le rachat de sa société, la fonction d’executive vice-president de Veracyte en charge de l’Europe (et donc du site de Marseille), avant de devenir partner dans le fonds d’investissement Turenne (son profil Linkedin).
Document source : l’appel de la CFDT de Veracyte à l’Etat
Ce n’est pas la première fois qu’une pépite du secteur de la santé, incubée puis soutenue par les pouvoirs publics nationaux et locaux est menacée dans sa survie ou son implantation sur le territoire. En 2015, le groupe suisse Roche avait racheté la société Trophos créée à Marseille avant de fermer ses activités dans la cité phocéenne.
Liens utiles :
L’actualité de Veracyte et Halio Dx dans les archives de Gomet’
Coup d’envoi pour le Marseille Immunology biocluster