Mardi 9 septembre, le technopôle de l’environnement de l’Arbois a accueilli un « 12-14 » entièrement consacré à la filière de l’eau, dans le cadre du label MP2025 Capital Bleu porté par la Métropole Aix-Marseille-Provence. Objectif de ce programme : faire de l’eau un axe majeur de développement économique, en misant sur l’innovation et la transition écologique. Devant un public mêlant chercheurs, entrepreneurs, collectivités et institutionnels, quatre initiatives – Acwa Robotics, Zorth Microdeep, HSTI et le projet Reut’O’Sud – ont été présentées pour répondre aux défis liés à la raréfaction de la ressource.
« Il y a un enjeu très fort », rappelle Simon Nardin, responsable Europe & Innovation du pôle Aqua-Valley, en ouverture de la rencontre. Car derrière la sécheresse qui frappe la région, se dessine un défi économique : celui de garantir l’approvisionnement en eau tout en accompagnant le développement des territoires. Aqua-Valley, qui fédère déjà 98 projets labellisés pour 142 millions d’euros mobilisés, veut accélérer cette dynamique. « Notre rôle est d’accompagner les projets, de promouvoir les solutions et de faciliter leur mise en marché », ajoute Simon Olivier, chargé de mission innovation.
Acwa Robotics : des robots pour traquer les fuites
Première start-up à se présenter : Acwa Robotics est née en Corse et compte aujourd’hui 25 salariés. Elle développe un robot autonome capable d’inspecter les canalisations enterrées pour localiser les fuites invisibles, un marché stratégique pour les opérateurs de réseaux. « On quitte une phase de start-up pour devenir une véritable PME », souligne Lisa Brachet, chargée marketing.
L’entreprise vise désormais l’international. « Notre but est de donner un maximum d’indices sur l’état structurel des canalisations », explique-t-elle, avec à la clé des économies considérables pour les distributeurs d’eau.
Zorth Microdeep : suivre la pollution des cours d’eau en temps réel
Avec Zorth Microdeep, fondée par David Mendels, l’innovation se déplace sur le terrain de la qualité de l’eau. L’entreprise, récemment récompensée aux Talents du Pays d’Aix, propose un boîtier capable de mesurer en continu la présence de micropolluants. « Le but était de rendre visible l’invisible », explique-t-il.
L’appareil, vendu sous forme d’abonnement annuel – 20 000 euros aujourd’hui, mais qui pourrait bientôt atteindre 40 000 euros – cible les stations d’épuration, les industriels, les agriculteurs mais surtout les collectivités. « Le rêve, c’est d’avoir une centaine de boîtiers le long des cours d’eau, pour une gestion décentralisée et transparente », affirme-t-il tout en présentant sa machine. Dans une logique Capital Bleu, Devid Mendels résume son innovation en deux mots : « Traçabilité et transparence ».
HSTI : adapter son arrosage
La société HSTI s’attaque à un autre enjeu économique majeur : l’irrigation. Ses sondes Hydra Scout et Hydra Solo mesurent humidité, température et salinité des sols pour ajuster les arrosages. « Elles vont permettre de remonter les données sur une plateforme et de prendre les bonnes décisions », détaille François Centlivre, co-fondateur. Le coût d’une installation varie de 640 à 1 000 euros, avec un abonnement optionnel de 90 euros par an.
« L’enjeu est considérable : optimiser les usages de l’eau et impacter la ressource de manière simple », insiste-t-il. Pour les agriculteurs, c’est un levier direct de compétitivité.
Reut’O’Sud : transformer les eaux usées en ressource économique
Enfin, le projet Reut’O’Sud, piloté par la Société du Canal de Provence et Aix-Marseille Université, aborde la question sous l’angle de la réutilisation. « En 2022, nos études ont montré que 705 stations d’épuration rejettent 30 millions de m³ d’eau potentiellement réutilisables », explique Pauline Lombard-Creisson. Subventionné par la Région Sud, le programme doit créer une base de données, identifier les usages possibles et lever les freins techniques, réglementaires et économiques. Trois « Living Labs » seront lancés pour croiser les regards d’agriculteurs, chercheurs et collectivités.
Dans la logique du Capital Bleu, ce projet illustre la manière dont l’innovation publique et privée peut transformer un déchet en ressource stratégique.
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