Evénement phare de l’automne culturel marseillais, le festival de cinéma espagnol Cinehorizontes ouvre ses portes du 7 au 18 octobre 2025 au cinéma le Prado et dans plusieurs cinémas de la cité phocéenne : l’Artplexe Canebière, l’Alhambra, l’Alcazar, La Baleine, Le Chambord et Les Variétés. Placée sous l’égide de l’actrice et réalisatrice madrilène Icíar Bollaín, ce nouvel opus consacrera une large place à la nouvelle génération de femmes cinéastes espagnoles.
Fidèle à sa ligne éditoriale qui a pour vocation de valoriser le cinéma hispanique, Cinehorizontes proposera une cinquantaine de films (tous formats confondus), répartis dans les couloirs compétitifs et autres sections du festival, incluant la traditionnelle fenêtre cubaine et la journée sur le cinéma argentin. Une série d’événements rythmeront ces journées avec une masterclass, une table ronde, des rencontres avec les invité.e.s, sans oublier les moments festifs.
« Malgré les incertitudes budgétaires, nous avons pris le risque de maintenir le festival, même si à l’heure actuelle toutes les subventions n’ont pas encore été votées, et que notre croissance n’ait cessé de progresser avec 9000 spectateurs dont 3700 scolaires » a déclaré Jocelyne Faessels, présidente de Cinehorizontes lors de la conférence de presse. « Ce qui nous a amené à avoir un peu moins d’invité.e.s que précédemment, mais surtout de réduire les moments festifs.»
Que les aficionados se rassurent, Cinehorizontes promet un festival à la hauteur des années précédentes.
Cinehorizontes : focus sur le cinéma espagnol au féminin sous l’égide d’Icíar Bollaín
« Ce qui est paradoxal dans le cinéma espagnol, c’est que le grand réalisateur féministe est un homme : Pedro Almodovar. Il a créé la femme espagnole cinématographique et la femme au bord de la crise de nerfs » souligne Marcia Romano, scénariste et réalisatrice marseillaise, nouvelle venue dans l’équipe de Cinehorizontes.
« Parallèlement, a commencé à apparaître une cinématographie réalisée par des femmes qui ont commencé à raconter une autre histoire, différente. » On ne s’étonnera donc pas que le festival ait choisi de mettre à l’honneur, l’actrice et cinéaste Icíar Bollaín, qui a ouvert la voie à une nouvelle génération de femmes cinéastes. Figure majeure du cinéma espagnol contemporain, Icíar Bollaín a commencé dans le cinéma en tant qu’actrice dans le magnifique El Sur (1983) de Victor Erice (vendredi 12 octobre à 17h 30 aux Variétés) et poursuit sa carrière avec 27 films à son actif.
Collaboratrice de Ken Loach sur le film Land and Freedom (1995), elle se consacre au début des années deux mille, à la réalisation et s’empare de sujets de société tels que les violences conjugales : Te doy mis ojos/Ne dis rien (2003)((dimanche 14 octobre à 15h 45 aux Variétés), la justice réparatrice : Maixabel/Les repentis (2021) (vendredi 10 octobre à 16h au cinéma Le Prado), et plus récemment le harcèlement sexuel, avec le bouleversant L’affaire Nevenka (2024). Icíar Bollaín fera le déplacement jusqu’à Marseille pour honorer l’hommage qui lui sera rendu et animera une masterclass.
D’autres signatures « au féminin » à l’instar de Carla Simón (Romeriá), feront briller le festival aux côtés de nouvelles réalisatrices notamment, Gemma Blasco (La Furia), Eva Libertad (Sorda) Lola Arias (Reas), Mariá Trénor (Rock Bottom) dont les festivaliers découvriront les premières oeuvres.
Outre les projections, une table ronde franco-espagnole sera organisée autour de la thématique du « cinéma au féminin » à laquelle participera quatre réalisatrices : Marcia Romano, Charlène Favier (présidente du jury fiction cette année) (voir lien ci-dessous article Oxana), Eva Libertad et Maria Caballer (mardi 14 octobre à 14h, à la bibliothèque de l’Alcazar, en entrée libre). Enfin, le festival mettra également à l’honneur la bédéiste et illustratrice andalouse María Hesse, avec une conférence autour de ses oeuvres : « Malas mujeres » et « Frida Khalo » (Samedi 11 octobre à 14h, à la bibliothèque de l’Alcazar, en entrée libre). De passionnantes rencontres en perspective.
Les 13 films de la compétition, en avant-première
Sept longs-métrages sont en lice pour l’Horizon d’Or, parmi lesquels deux oeuvres ancrées dans la période franquiste : El 47 de Marcel Barrena, un film qui rend hommage à Manuel Vital, le chauffeur de bus qui a défié la mairie de Barcelone pour défendre la dignité d’un quartier ouvrier ou encore La Infiltrada de Arantxa Echevarría (voir lien ci-dessous article Carmen y Lola) qui retrace le cas authentique d’une jeune policière chargée d’infilter le groupe terroriste basque ETA pendant 8 ans. D’autres, rendent compte de la réalité et des débats sociétaux qui agitent la conscience des espagnols aujourd’hui, comme le viol La Furia de Gemma Blasco, l’euthanasie Polvo Serán de Carlos Marquet-Marcet ou des sujets plus intimes comme la quête de ses origines Romeriá de Carla Simón. Du côté du documentaire, on notera de sujets liés à la mixité sociale à l’instar de Historias Del Buen Valle de José Luis Guerin, au racisme Los Williams de Raúl de la Fuente, évoquant les conflits endurés par les frères Iñaki et Nico Williams, footballeurs internationaux basques, d’origine ghanéenne.
Enfin, comme à l’accoutumée le festival fera la part belle à la jeunesse, avec une sélection de quatre longs-métrages en compétition, dotés d’un prix décerné par les étudiants de Sciences Po Aix, ainsi qu’un programme de courts-métrages sélectionné par les élèves du lycéeThiers de Marseille.
Panorama : des séances de rattrapage et autres joyaux du cinéma espagnol
Parallèlement, les 13 longs-métrages hors compétition projetés dans la section Panorama permettront aux festivaliers de (re)voir un florilège d’ oeuvres récentes récompensées dans de prestigieux festivals, parmi lesquelles La chambre d’à côtéde Pedro Almodovar, Lion d’Or à la Mostra de Venise 2024, Marco, L’énigme d’une vie de Aitor Arreti et Jon Garaño, Grand Prix Orizzonti à la Mostra de Venise 2024, Sirát de Oliver Laxe, Prix du Jury au Festival de Cannes 2025, ou encore Tardes de Soledad de Albert Serra. Des pépites inédites enrichiront ce programme à l’instar de El Cautivo de l’Alejandro Amenábar, Rock Bottom de María Trénor, L’énigme Velásquez de Stéphane Sorlat ou encore Una Quinta Portuguesa de Avelina Prat qui clotûrera du festival.
Rendez-vous pour la cérémonie d’ouverture, suivie de la projection de El 47 de Marcel Barrena, mardi 7 octobre à 20h au cinéma le Prado. Un beau festival en perspective !
À noter que Cinehorizontes présentera une partie de sa programmation dans les salles partenaires de la Région Sud : au Mélies à Port-de-Bouc, à l’Eden à La Ciotat, au Cigalon à Cucuron, dans les salles du réseau Scènes & Cinés à Istres, ainsi qu’à l’Utopia à Avignon et aux Variétés de Nice.
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