Les élus aixois se sont réunis vendredi 17 mars pour le deuxième conseil municipal de 2023. Fait nouveau, la séance a démarré à 10h, au lieu de 14h. Une façon, peut-être d’éviter qu’elle ne s’éternise jusqu’à la nuit tombée. Les élus avaient donc l’esprit frais et dispo pour débattre d’un sujet d’importance : le budget 2023. Un budget « rock’n’roll » comme le qualifie le premier adjoint Gérard Bramoullé. Il évoque l’impact de la crise énergétique, de l’inflation ou encore de la guerre en Ukraine pour établir le projet. Sans oublier la menace de perte des parkings du centre-ville, récupérés par la Métropole, et qui plane au-dessus de la Ville. « Mais comme pour le rock’n’roll, nous allons tenter de composer une danse harmonieuse » poursuit l’élu, qui file la métaphore musicale.
63 millions d’investissement, 199 millions de fonctionnement
Au total, ce budget se chiffre donc à hauteur de 63 millions d’euros d’investissement et 199 millions d’euros de fonctionnement (voir le document source en pied d’article). Il est financé pour partie par de l’emprunt (21,4 millions d’euros), mais la mairie compte aussi sur les subventions externes pour appuyer certains projets, notamment celui de la restauration de la bastide Jas-de-Bouffan dont le montant total s’élève à hauteur de 15 millions d’euros, mais qui ne représente sur 2023 pour la Ville qu’un million d’euros, le reste étant financé pour partie par la Drac mais aussi la Région. En outre, la récente vente du couvent des Prêcheurs au ministère de la Justice, pour la somme de 12,6 millions d’euros, vient apporter une respiration à ce budget 2023 et devrait permettre de financer de l’investissement dans divers équipements.
Du côté de la gauche, la métaphore pour qualifier le budget 2023 est davantage celle du bateau « en pleine tempête », voire « qui prend l’eau », comme l’illustre l’élu Marc Pena, qui anticipe d’autres difficultés à venir. « Nous pouvons concevoir que la situation soit difficile, mais vous ne pouvez pas vous contenter de dire que vous avez fait ce que vous avez pu. […] Il ne faut pas perdre de vue que la Métropole a voté un pacte financier et fiscal qui nous oblige. Les attributions de compensation, même si elles restent stables cette année, sont en danger car potentiellement remplacées par la dotation de solidarité communautaire. […] Nous ne pouvons pas nous contenter de fustiger l’Etat et la Métropole, nous devons avoir une politique active sur ce sujet », rappelle-t-il.
Les élus aixois toujours « dans le flou » sur l’intérêt métropolitain des équipements
Hormis le budget, les conseillers municipaux aixois ont eu l’occasion de revenir sur un autre sujet qui agite les politiques : la réforme métropolitaine de la loi 3DS. Actuellement, une commission au sein de la Métropole Aix-Marseille Provence se tient pour déterminer l’intérêt métropolitain ou non des équipements culturels et sportifs. De son côté, la Ville d’Aix a pour l’heure émis le souhait de récupérer plusieurs équipements, dont trois piscines, la salle de concert 6Mic, ou encore le stade Maurice David. Selon l’élu de la majorité aixoise Stéphane Paoli, qui a assisté à cette commission, l’aval aurait été donné pour récupérer les équipements demandés. La commission local d’évaluation des charges transférées (Clect) doit maintenant chiffrer le coût de récupération de ces équipements dans le giron municipal. « En fonction des chiffres de la Clect, nous confirmerons ou pas notre volonté » poursuit Stéphane Paoli.
La perception n’est pas aussi positive du côté de l’élu d’opposition Aix en partage Philippe Klein : « Nous avons été déçus de cette commission, car la notion d’intérêt métropolitain n’a pas vraiment été discutée. On est dans le flou », estime-t-il. « Si je comprends bien, la seule chose que nous avons actée [lors de cette commission] est une intention ! » lance à son tour Marc Pena, caustique.
« Les choses sont en bonne voie pour que tous les équipements listés soient réintégrés, même si nous avons déjà eu de mauvaises suprises pour les parkings… Nous aurons la réponse le 29 juin. On attend. » tranche Sophie Joissains.
La Ville refuse d’augmenter les impôts
Malgré ces difficultés, la Ville maintient son cap. Juste avant de procéder au débat sur le budget 2023, les élus ont voté les taux de fiscalité pour l’année. Alors que les élus d’opposition à gauche exhortent la majorité à augmenter la taxe sur les résidences secondaires, Sophie Joissains réaffirme : « Nous n’augmenterons pas les impôts cette année. Nous n’en avons pas besoin » affirme-t-elle. Pourtant, la fiscalité représente une part conséquente dans le financement du budget 2023 : la fiscalité des ménages représente ainsi un revenu de plus de 100 millions d’euros, soit 37% des recettes de la Ville.
D’autant que la municipalité a perdu la main sur la variation des taux de la taxe d’habitation pour les résidences principales, désormais perçue par l’Etat. La Ville, qui perçoit néanmoins une compensation correspondant aux recettes intégrales de la taxe foncière ainsi qu’une aide de l’Etat, perd donc en autonomie fiscale, déplore-t-on dans les rangs de la majorité de droite, qui chiffre le manque à gagner à 13 millions d’euros. Cependant, la base fiscale, fixée au niveau national, augmente pour sa part de 7%.
L’accent mis sur le patrimoine, l’aménagement et l’environnement
Parmi les projets prioritaires pour la mairie, le patrimoine, avec la rénovation de la bibliothèque de la Méjanes, mais aussi de la bastide Cézanne – qui se refait une beauté avant l’année dédiée au peintre en 2025 -, la réfection de la place d’Albertas, ou encore les travaux sur le complexe Carcassone, qui accueillera les épreuves des jeux olympiques en 2024. Au total, le patrimoine mobilise trois millions d’euros sur le budget.
Côté aménagement et infrastructures, ce sont pas moins de 15,6 millions d’euros qui sont alloués. A noter que les ressources humaines représentent un coût important : ainsi, sur les 199 millions d’euros dédiés au fonctionnement, 57% sont liés à la masse salariale ce qui s’explique par « les mesures prises par le gouvernement» argumente la majorité aixoise. La hausse du point d’indice, notamment, représente un surcoût de 3,6 millions d’euros pour la Ville.
Compte tenu du contexte, la Ville a aussi dû temporiser sur certains projets, tels que l’installation d’une nouvelle statue sur l’avenue Mozart, ou encore la recherche d’un emplacement pour le futur poste de police municipal, pour l’heure envisagé sur le site de Pratési. En revanche, la Ville ne transige sur certains sujets comme le maintien des coûts actuels pour la cantine sur les parents, malgré l’inflation, ou encore l’accélération de son plan de modernisation de l’éclairage public au Led, d’autant plus urgent dans le contexte de crise énergétique.
C’est donc un budget « ambitieux mais contraint » selon les termes du maire d’Aix Sophie Joissains, dont se dote la Ville d’Aix pour son exercice 2023. Au terme d’un long débat, le texte a finalement été adopté malgré l’abstention du groupe Aix au coeur (Renaissance) et l’opposition d’Aix en partage (gauche).
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