Enfin la dernière phase fut celle qui voyait monter le Printemps marseillais et qui a déclenché le pire des contre-offensives. Plutôt que de démonter le programme cet adversaire inattendu, ou d’affirmer des projets ambitieux, Martine Vassal s’est radicalisée à droite enfourchant des thèmes comme la drogue, les HLM, les migrants en diabolisant ses adversaires ce qui n’a convaincu personne.
Les attaques anticommunistes à l’ancienne n’ont pas effaré le chaland. Il est hasardeux de faire passer les 101 candidats des listes PM pour des agitateurs dangereux et irresponsables. Personne, sauf un électorat, durci des quartiers sud et est, n’a adhéré à cette phase où l’on a entendu Martine Vassal dire que les 36% de Marseillais qui avait votée PM étaient uniquement « animés par la haine» à son encontre. Les affaires de procuration sont venues enfoncer le clou, mais elles n’ont fait que couronner une campagne à la dérive, d’un autre âge, avec des mots et des peurs du siècle passé.
Cette erreur d’aiguillage fatale vient d’une analyse erronée de la sociologie marseillaise.
Un électorat orphelin
S’il y a bien à l’est de Marseille et au sud une population depuis longtemps identifiée qui se réfugie dans un vote de droite, voire de droite extrême, le reste de la ville a bougé. Avec deux catégories : une bourgeoisie moderniste, des cadres supérieurs souvent néomarseillais qui ont une envie de modernité, qui voyagent et auscultent nos retards, et ont envie de mouvement. Puis comme l’appelle le sociologue Michel Péraldi, les CCP, les “classes créatives précaires”, souvent distantes du politique, mais nombreuses, qui sont très sensibles aux enjeux de la planète, à l’espace public, à la culture.
Ces deux publics ont tourné le dos à la liste Vassal et ont cherché une issue auprès du Printemps Marseillais. Les sondages avaient montré que les cadres supérieurs penchaient vers le Printemps.
Mais nous terminons paradoxalement par une difficulté du Printemps marseillais qui arrive au bord de la porte, mais a des difficultés à franchir le seuil. Lui aussi malgré un effort de renouvellement porté par Olivia Fortin n’a pas su chasser ces Marseillais dynamiques et modérés. La semaine avant le second tour, il a fait défiler à Marseille tous les leaders de la gauche traditionnelle, ils ont fait du vote marseillais un remake de l’opposition droite contre gauche avec la vieille vision d’une gauche plurielle en reconstitution. Un l’électorat moderne, avide de changement qui fut en partie l’électorat de Macron aux présidentielles, aux législatives, aux Européennes s’en est trouvé orphelin. D’où les quelques centaines de voix qui manquent à Michèle Rubirola.
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