Depuis le début de la crise du coronavirus, les hôpitaux et les médecins marseillais constatent une inquiétante baisse des consultations. « Les patients ne ne vont plus voir leur médecin pour les maladies chroniques et cardio-vasculaire. Il y a un gros risque de décompensation à cause du confinement », alerte Laurent Saccomano, président de l’Union régionale des professionnels de santé et médecins libéraux de la région (URPS ML PACA). Il s’associe donc à l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) pour lancer un appel au public à l’occasion d’une conférence de presse vidéo organisée mardi 21 avril : « Les citoyens ne doivent pas négliger leur santé pendant le confinement. Ils doivent garder le contact avec les professionnels de santé », insiste-t-il.
Privilégier les consultations à distance
Depuis le 16 mars, les hôpitaux marseillais enregistrent une chute de 40% à 100% des consultations. Pour les médecins de ville, l’URPS indique une baisse de 70% de l’activité. Leurs principales craintes portent sur les personnes atteintes de maladies chroniques comme le diabète, les cancers : « Sans suivi, il y aura forcément des complications aiguës de ces maladies », prévient Dominique Rossi, le président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HM. Et d’ajouter : « On a vu cette deuxième vague de pathologies intervenir en Italie. On doit profiter de cet exemple pour éviter de répéter cette situation ».
Pour lui, cette baisse du suivi s’explique par « la peur d’être contaminé et la peur de déranger les médecins ». Laurent Saccomano tente de rassurer les patients face à leurs craintes : « Les médecins sont toujours là pour répondre aux appels de leurs patients. Ils ne sont pas obligés de se rendre au cabinet pour éviter tout risque de contamination. Le plus souvent, nous sommes capables de conseiller, d’orienter et de faire un diagnostic par téléphone ou en rendez-vous visio », indique-t-il. L’hôpital assure lui aussi être en mesure d’accueillir les patients dans les meilleures conditions : « Nous avons pris les dispositions nécessaires pour recevoir le public en toute sécurité. Vous ne risquez rien », promet le directeur général de l’AP-HM, Jean-Olivier Arnaud même si il précise qu’une prise de rendez-vous téléphonique est recommandée avant de se rendre à l’hôpital.
Les médecins frappés au portefeuille par la crise
En plus du risque sanitaire, l’URPS alerte sur le risque financier qui pèse sur les médecins de ville. « Il y a une énorme inquiétude. Pour les chirurgiens par exemple, l’activité est à l’arrêt complet. Certains cabinets vont devoir licencier du personnel si la situation ne s’améliore pas », prévient Laurent Saccomano. D’autant que la plupart des blocs opératoires resteront fermés encore longtemps dans les hôpitaux. « Nous n’avons pas de date précise pour leur réouverture. L’ARS est en train de concerter les différents territoires pour organiser la relance des activités traditionnelles tout en maintenant la capacité Covid », annonce Jean-Olivier Arnaud. En attendant, les médecins de ville espèrent recevoir une aide du gouvernement pour compenser leur perte d’activité. « Aucune mesure de dédommagement n’est prévue pour l’instant. Il y a des discussions en cours avec l’Assurance maladie en espérant qu’elles déboucheront sur une aide », avance Laurent Saccomano.
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