La commission des Finances de l’Assemblée nationale a adopté ce mercredi 19 novembre une proposition de loi de La France insoumise (LFI) visant à nationaliser ArcelorMittal en France, pour « sauver la sidérurgie » et financer sa décarbonation. Le texte, porté par la députée Aurélie Trouvé, a été soutenu par la gauche dans son ensemble, rejeté par la droite et le centre, tandis que l’abstention du Rassemblement national (RN) a fait la balance. Il doit être examiné dans l’hémicycle le 27 novembre, lors de la journée réservée aux initiatives du groupe LFI. Une proposition de loi communiste similaire pour nationaliser ArcelorMittal a été examinée fin octobre par le Sénat, et elle avait été rejetée.
Alain Le Grix de la Salle, président d’ArcelorMittal en France, a vivement réagi à ce projet de nationalisation des actifs français du groupe détenu par le groupe indien Mittal dont l’un des principaux sites dans l’Hexagone se situe à Fos-sur-Mer.

Baisse de la demande et les surcapacités mondiales
« J’ai suivi avec attention les débats de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale ce matin, et je veux le répéter haut et fort, s’il en est besoin : NON, nationaliser ArcelorMittal France ne résoudrait évidemment RIEN. Pour donner un avenir à la production d’acier en Europe, il faut répondre aux deux maux qui la frappent : la baisse de la demande et les surcapacités mondiales, qui entraînent des importations massives d’acier subventionné à bas prix, lesquelles ont un effet dévastateur sur l’Europe. »
Il argumente dans une déclaration postée sur le réseau Linkedin : « L’Union européenne l’a compris, comme le montrent les mesures annoncées par le Commissaire Séjourné début octobre, et dont nous attendons avec impatience la mise en application. C’est aussi le sens de la révision en cours par la Commission du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Changer l’actionnaire d’ArcelorMittal France ne changerait en rien les problèmes structurels auxquels nous faisons face. Au contraire, comme j’ai eu l’occasion de le dire en audition devant l’Assemblée nationale, découper nos actifs français et les séparer du reste du groupe ne pourrait qu’aggraver brutalement leur situation. »
1,7 milliard investis en France depuis cinq ans
Alain Le Grix de la Salle défend bec et ongles un arrimage au groupe international : « Aujourd’hui, nos entités françaises résistent PARCE QU’elles font partie du groupe ArcelorMittal. Nous bénéficions de la solidité d’un groupe international bénéficiaire, qui continue à investir en France malgré les difficultés : sur cinq ans, ArcelorMittal a investi 1,7 milliard d’euros en France. A Mardyck, notre nouvelle unité d’aciers électriques constitue le plus gros investissement d’ArcelorMittal dans toute l’Europe depuis 10 ans : 500 à 600 millions d’euros ! »
Et de de stigmatiser la déshérence française : « Tous nos marchés, tous nos clients, toute notre organisation est européenne : il n’y a plus beaucoup de clients en France ! ArcelorMittal France produit aujourd’hui pour ses clients dans toute l’Europe et très peu pour la France, car la désindustrialisation est passée par là. Séparer la France du reste de l’organisation européenne mettrait à risque de facto nos sites français. Elle les couperait également des filiales européennes du groupe ArcelorMittal, lesquelles constituent la majeure partie des grands clients de nos sites français ! Qui est prêt à décider cela ? Posons-nous les bonnes questions, et mettons l’énergie là où elle est nécessaire.»
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