En visite à Arles et accueilli par Patrick de Carolis, maire d’Arles et président d’ACCM, Arles Crau Montagnette et Stéphane Paglia, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Pays d’Arles, Monica Michel, députée de la 15e circonscription, Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, a annoncé des mesures techniques pour redonner un avantage compétitif au transport fluvial.
Rappelons que le trafic fluvial sur le Rhône et la Saône pourrait accueillir quatre fois le trafic actuel avec les infrastructures existantes. Malgré la saturation de l’axe rhodanien, le trafic fluvial en hausse jusqu’en 2014, décline ces dernières années, notamment sur le transport de conteneurs alors qu’un convoi poussé avec deux barges, remplace 220 camions sur les routes. Source de croissance verte, le fluvial permet de transporter des volumes considérables générant jusqu’à cinq fois moins d’émissions de CO2, d’oxyde d’azote ou de particules que le transport routier. Mode de transport ayant un faible impact carbone, il affiche un taux d’accidentologie faible et favorise un transport de marchandises au plus près des centres-villes.
Jean-Baptiste Djebbari, lors de sa visite, mardi 1er mars, du port fluvial d’Arles a suscité l’espoir d’un engagement fort de l’État : « Depuis cinq ans, a-t-il dit, le gouvernement travaille à relancer le transport fluvial et Arles est une belle façon d’illustrer cette volonté » . « Arles, a confirmé Patrick de Carolis, maire, depuis quelques années a tourné le dos à son fleuve, notamment à cause d’événements tragiques. Mais la richesse de la ville, c’est son fleuve ! »
⛴Très heureux d’accueillir @Djebbari_JB ce matin sur le site du @PortArles aux côtés de @StephanePaglia.
— Patrick de Carolis (@CarolisPatrick) March 1, 2022
👍 Je me réjouis que le Ministre des Transports porte une véritable ambition pour le fluvial. Nous la partageons ! #Transport #Arles #Rhône pic.twitter.com/nHbfKNdxn7
Le ministre a en fait annoncé la fin des surcoûts de manutention pour le transport fluvial dans les terminaux portuaires du Havre et de Fos-Marseille pour l’ensemble des flux conteneurs acheminés par l’armateur CMA CGM. Mais il veut jouer sur le delta de surcoût du fluvial avec des mesures très ciblées… et qui ne coûtent rien au ministère. Il annonce selon le communiqué du ministère : « le lancement de deux nouveaux programmes de Certificats d’économies d’énergie (CEE) en faveur du report modal et du transport fluvial à hauteur de près de 50 millions d’euros ».
Transport fluvial : des mesures homéopathiques
Le ministre annonce ainsi des mesures soft qui ont le premier intérêt de ne rien faire débourser au gouvernement. Les très confidentiels, Certificats d’économies d’énergie (CEE) ont été mis en place par l’État en 2006 pour financer la transition énergétique. Yves Le Trionnaire directeur régional de l’Ademe en décrypte pour Gomet’ le mécano.
Il s’agit d’une application du principe pollueur payeur. « Dans un cadre national, une trajectoire de neutralité carbone a été fixée pour les fournisseurs d’énergie, le bâtiment, la petite et moyenne industrie, l’agriculture ou encore les transports. ». Ce sont dans le jargon des « obligés ». Ils doivent s’investir dans des actions « vertueuses » ou à défaut, payer une taxe conséquente, si la trajectoire calculée sur quatre années n’est pas respectée. Soit, ils agissent par eux-mêmes, soit, ils achètent les fameux Certificats d’économie d’énergie. « C’est un marché, explique le patron régional de l’Ademe, qui est géré au ministère de l’environnement par le Pôle national des Certificats d’économies d’énergie. Il a été créé en 2011, c’est ce que l’on appelle un « service à compétence nationale » rattaché au sous-directeur de l’efficacité énergétique et de la qualité de l’air de la direction générale de l’énergie et du climat. »
Concrètement ce pôle évalue les demandes, donc les actions conduites sur le terrain, les pèse et sous-pèse avec une unité de mesure ad hoc : « les kWh cumac ». Validés, les « kWh cumac » sont inscrits dans le très officiel Registre national des certificats d’Économies d’énergie. Ce registre est tenu par la société Powernext dans le cadre d’une délégation du service public.
L’opérateur qui a fait ses « bonnes actions », des actions définies par le ministère, peut alors, explique Yves Le Trionnaire, lancer un appel à manifestation d’intérêt pour ses « kWh cumac » auprès de ceux que l’on appelle « les obligés » et leur vendre, à bon prix leur kWh cumac. En clair, le ministre à Arles a élargi le panel des « bonnes actions » ouvrant droit à ces CEE lucratifs avec deux programmes qui peuvent concerner le transport fluvial :
- « Appel d’aiR », à 7 M€, dont l’objectif est de stimuler l’adoption de l’intelligence artificielle dans le secteur de la logistique et de favoriser la mise en open data des données des acteurs du secteur (horaires, trajets des marchandises…)
- « Remove » doté de 38 M€, dont l’objectif est de développer le report modal des marchandises de la route vers le fluvial, le maritime et le ferroviaire via des actions de sensibilisation, des aides au rodage, mais aussi l’écolabel des flux logistiques et portuaires qui valorise l’ensemble des chaînes logistiques vertueuses qui utilisent les ports français. »
Dans l’attente du port fluvio-maritime du grand delta
Une mesure homéopathique qui doit stimuler les acteurs encore trop frileux et joue sur une implication plus motivée des opérateurs du fluvial comme de la logistique.
Les élus arlésiens attendaient plus, mais tout semble remis à la constitution à la « création d’une infrastructure intégrée sur l’axe Marseille Lyon, annoncé par le Président de la République le 2 septembre 2021 ».
Si la Seine a son Haropa, le très grand port Marseille Fos Arles Lyon est encore virtuel. C’est lui, pourtant, qui devra construire un plan de développement et d’aménagement cohérent pour que le fluvial et le maritime repositionnent notre région dans le jeu dans la logistique européenne. Le rapport sur le sujet demandé par Emmanuel Macron et préparé par le président du GPMM, Hervé Martel, doit être remis fin mars au Premier ministre.
Liens utiles :
> Fos renforce le transport fluvial vers Lyon
> A la Une du Digest Hebdo 103 : le tourisme fluvial, un filon en or à exploiter dans le département