Méthode, calendrier, posture… La biennale d’art contemporain Manifesta, qui se déroule actuellement à Palerme, a présenté vendredi 31 août au J1 à Marseille, en marge d’Art-o-Rama, des premiers éléments de Manifesta 13 attendue en 2020. Hedwig Fijen, la directrice et fondatrice de la manifestation n’a pas caché les ambitions de son événements qui veut être à la fois un référent artistique mais aussi « une bien commun social » appelé à durer et à contribuer au développement des villes que la biennale nomade parcourt depuis 1996.
Manifesta : une démarche artistique et politique
La démarche est ambitieuse et originale puisque Mme Fijen, entourée pour l’occasion des élues Marie-Hélène Féraud-Grégori et Sabine Besnasconi, et de Marc Ceccaldi, directeur régional des affaires culturelles, annonce le recours à une agence d’urbanisme et d’architecture internationale. « Le regard extérieur est toujours rafraîchissant » lance-t-elle. Son choix s’est porté sur l’agence néerlandaise MVRDV « qui travaille essentiellement sur les questions d’urbanisme et de design contemporain. » Winy Maas, co-fondateur de MVRDV explique qu’en tant qu’urbaniste « ambitionne de valoriser, développer et rendre visible les potentialités, besoins et beautés de Marseille. L’étude urbaine aura pour vocation de soutenir tous les artistes, makers et designers impliqués, en leur proposant de gagner en visibilité, de développer leur rôle et leur spécificité au sein de l’archipel des villes européennes. » Le geste artistique s’affirme aussi par son engagement. Winy Maas déclare vouloir développer « la force de l’Europe et la cohabitation entre Européens. » Belle promesse en cette année d’élections européennes.
Manifesta 13 : les « creative meditaors » bientôt en action
Hedwig Fijen insiste sur les retombées attendues de ce travail avec MVRDV : « C’est pour nous l’espoir de mieux comprendre comment mettre en oeuvre la biennale, en associant ce qui fait l’ADN de la ville d’accueil, et en envisageant des méthodes de travail telles que la co-création la co-production et la collaboration avec les universités et écoles, ainsi qu’avec les associations locales. » Cette recherche précédent la biennale, qui se déroulera à Marseille du 7 juin au 1er novembre 2020, doit ainsi servir d’outil d’investigation pour la prochaine équipe de « creative mediators » qui vont être recrutés dans les semaines qui viennent. Le même processus a été engagé à Palerme où Manifesta 12 se tient jusqu’au 4 novembre, visiblement avec succès. 110 000 visiteurs l’ont déjà fréquentée malgré une chaleur accablante cet été.
Les grands axes du commissariat d’exposition de Manifesta 13 seront donc dessinés à la suite de l’étude urbaine dont les résultats seront présentés au printemps en 2019 avec notamment une proposition d’intervention dans l’espace public. Viendra ensuite le temps de définir la programmation officielle, souvent internationale, et un programme « co-latéral » qui devrait associer des créateurs locaux.
Un lieu de rencontre et d’exposition est actuellement recherché dans le centre-ville afin d’accueillir les visiteurs pour les informer, les faire participer à la démarche et présenter les premières avancées. Le budget total de Manifesta 13 devrait dépasser les 6 millions d’euros financés à 50% par les collectivités et l’Etat, et 50% des ressources propres. Il pourrait augmenter selon les oeuvres finalement programmées.
Repères
Manifesta : Capitaliser sur « les changements sociétaux positifs en Europe »Manifesta a été fondée par Hedwig Fijen, historienne de l’art néerlandaise, au début des années 90 en réponse aux nouvelles évolutions sociales, culturelles et politiques de l’Après-guerre froide. Manifesta a ensuite évolué vers une plateforme de dialogue entre art et société comme le rappelle l’association. « Manifesta repense les relations entre culture et société en examinant et catalysant les changements sociétaux positifs en Europe par le biais de la culture contemporaine, avec le souci d’un dialogue avec l’environnement social de chaque jeu. »
Liens utiles :
> Des extraits de l’intervention de Hedwig Fijen sur le fil de Twitter de Gomet’.
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