L’ami Philippe Mano est décédé hier à la suite d’un accident cardiaque à l’âge de 71 ans. Il fut mon premier employeur (sérieux). Avec l’agence Medi-Media nous avons vécu au début des années quatre-vingt des aventures incroyables, novatrices et anticipatrices. Nous réalisions par exemple un bulletin municipal commun entre la ville d’Alger et la ville de Marseille. En français, en arabe ! Un vrai défi.
Medi-Media a été la première structure à réunir l’ensemble des télévisions du bassin méditerranéen à Marseille pour les inciter à partager des programmes, ce qui donnera naissance plus tard au CMCA le Centre méditerranéen de la communication audiovisuelle.
Philippe Mano avait pressenti que les câbles informatiques ou les satellites nous ouvraient de nouvelles perspectives et nous fûmes les premiers à établir des liaisons improbables entre le Punt d’informació catalan et le village de Cogolin dirigé alors par Patrick Glo. Là où il nous suffit d’un peu de wifi, nous avions mobilisé deux ou trois camions avec des câbles à n’en plus finir pour visualiser dans un brouillard tremblotant le programme culturel de Barcelone. Idée farfelue alors, mais qui préfigurait ce que nous vivons aujourd’hui avec l’internet.
Philippe Mano : le premier Monsieur cinéma de la ville de Marseille
Passionné d’audiovisuel il voulait lancer une série pédagogique avec de grands historiens mais elle ne connut qu’un seul numéro, mais quel numéro ! C’était la Leçon d’histoire de Fernand Braudel lui-même avec des élèves de Toulon. Plus tard, il rejoint Robert Vigouroux et il devient le premier Monsieur cinéma de la ville de Marseille.
Il monte dans les années quatre-vingt-dix un projet de Cité du cinéma (déjà) qui devait prendre place aux abattoirs et qui était financé par Tarak Ben Ammar. Mais l’argent de Tarak Ben Ammar était trop arabe pour nos édiles et le projet s’enlisa. Il partit ensuite vers le nord, pas trop loin en Ardèche, comme consultant en projet culturel et se passionna pour la grotte Chauvet (il en a écrit un livre).
Revenu à Marseille, habitant avec bonheur le cœur du Panier, il militait pour établir des relations culturelles ou économiques, fructueuses et chaleureuses avec Cuba. Les obsèques ont lieu aujourd’hui mercredi 29 novembre au Funérarium Saint-Pierre à 14h.
Lien utile :
[Tribune] Cinéma : Marseille doit s’ouvrir au monde méditerranéen par Philippe Mano