L’école d’ingénieurs Centrale Méditerranée, anciennement Centrale Marseille, inaugure un nouveau campus à Nice le 9 mars. Cette première étape d’extension dans la région vise à répondre à la pénurie d’ingénieurs dans le Sud, tout en poursuivant le développement de l’innovation et l’intégration des enjeux climatiques dans les formations. Entretien avec Carole Deumié, la directrice générale de Centrale Méditerranée depuis 2019.
On vous connaissait directrice de Centrale Marseille depuis 2019, mais pas de Centrale Méditerranée. Pour quelle raison l’école a-t-elle changé de nom ?
Carole Deumié : Nous sommes dans un projet de développement de l’école sur l’ensemble de la Région Sud en ouvrant un second campus à Nice le 9 mars. Dans ce cadre, Centrale prend un nouvel envol et nous avons changé de nom pour incarner cette ambition.
A quelle formation ce nouveau campus est-il destiné ?
C. D : Nous ouvrons un bachelor en sciences de l’ingénieur post-bac accessible sur Parcoursup. Nous sélectionnons les étudiants sur dossier, ensuite sur entretien, puis nous faisons passer une épreuve finale pour tester la motivation et la capacité de suivre une formation exigeante. Le site de 2 000 m2 accueillera 25 premiers étudiants à la rentrée 2023. Nous allons plus globalement renfoncer les masters et les diplômes de spécialité en termes d’effectifs.
La Région forme 6 000 étudiants ingénieurs, ce que est très insuffisant car il en faudrait au moins le double.
Carole Deumié, directrice générale de Centrale Méditerranée
Pour faire face à la pénurie d’ingénieurs ?
C. D : Sur la filière ingénieur, il y a un très gros besoin en France et sur la Région Sud en particulier. Tous niveaux confondus, la Région forme 6 000 étudiants. Ce qui est très insuffisant par rapport à la demande car il en faudrait au moins le double. Les métiers d’ingénieurs et de cadres d’études arrivent 2e dans le top 30 des métiers en tensions du territoire en 2020. Pour vous donner une idée, en France nous formons 38 000 ingénieurs par an alors qu’il en faudrait 60 000… L’idée c’est donc doubler nos effectifs à horizon 2026 et d’atteindre 2 000 étudiants.
Accueillir de nouveaux étudiants, ça passe par de l’investissement…
C. D : Oui. Ça passe par l’exploitation de nos deux campus. Nous continuons d’investir sur Marseille dans nos locaux : nous avons un nouvel amphithéâtre et bientôt, en 2024, le Marseille Creativity Center (MC²) sur 4 000 m2 ouvrira à Château-Gombert (13e) où se situe le siège de Centrale Méditerranée pour développer de la pédagogie innovante. Ce nouveau centre nous permettra de rayonner sur notre territoire.
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Quelle est votre implication concrète sur ce territoire ?
C. D : Nous travaillons beaucoup sur la transformation des formations pour intégrer les enjeux climatiques en lien avec Marseille. Par exemple, en première année, nous proposons des ateliers sur le thème de « Marseille ville neutre en carbone en 2030 » pour que nos étudiants produisent des idées qui aident la Ville de Marseille. Par ailleurs, nous plaçons 25% de nos étudiants en stage ou en CDI dans des entreprises du territoire parmi nos 80 entreprises partenaires.
Depuis 18 ans que vous travaillez pour l’école Centrale, comment avez-vous vu évoluer la formation d’ingénieur et la demande des entreprises ? On sait que la tendance de « fabriquer de l’ingénieur nucléaire » a diminué par exemple…
C. D : Tout d’abord, la conscience de l’exigence scientifique ne faiblit pas. Le vrai bouleversement c’est le volet responsabilité, éthique, vigilance par rapport aux enjeux environnementaux et sociaux. Dès 2017, nous avons pris ce tournant pour connecter les élèves aux réels enjeux de la société. Nous proposons en effet une option d’approfondissement autour de l’éolien qui est connectée avec un master spécialisé en énergie marine et éolien off-shore que l’on construit avec l’Université de Toulon et Citech (Lyon). Et l’intérêt des étudiants pour cette expertise ne fait que grandir.
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