France Nature Environnement (FNE) dénonce les « angles morts » et insuffisances de l’enquête publique complémentaire portant sur la centrale biomasse sise entre Gardanne et Meyreuil, appartenant à GazelEnergie (*). Faisant suite à une condamnation par le Conseil d’État pour insuffisance de l’enquête publique initiale, l’enquête publique complémentaire, ouverte du 5 mai au 6 juin, a pour objet d’étudier les effets environnementaux indirects du prélèvement et de l’acheminement du bois vers la centrale.
Un rapport coût-production démesuré ?
« GazelEnergie et l’Etat assument donc de faire financer un projet d’énergie à un coût au moins deux fois plus élevé que n’importe quelle autre source d’énergie renouvelable. » s’offusque FNE dans communiqué. L’État a en effet conclu avec la centrale un contrat de 800 millions d’euros, pour une durée de huit ans.
Le problème ? Le contrat engage la centrale à produire 4 000 heures par an à 150 MW (la puissance maximale de la centrale), soit l’équivalent de seulement 6 mois de production. Camille Jaffrelo de GazelEnergie (lire notre interview), met en avant la réduction de l’impact écologique avec deux fois moins d’arbres coupés. Mais les critiques portent sur le coût du contrat pour le contribuable français, entre 167 euros selon les estimations de FNE et 250 euros selon celles d’une enquête du journal Le Monde. « Pour comparaison, le contrat passé par l’Etat dans le cadre du 6ème appel d’offre pour le développement de l’éolien en mer garantit un tarif à 85 euros du MWh ! » observe FNE.
FNE pointe également du doigt le faible rendement énergétique de la centrale estimé à 23% « là où d’autres centrales de ce type peuvent atteindre 80 à 90% de rendement énergétique. Cela signifie que 3 à 4 arbres sur 5 ne serviront qu’à chauffer l’atmosphère. » GazelEnergie annonce atteindre un rendement de 34% avec le projet.
Un projet écologique qui demeure carboné
Ce projet de centrale biomasse s’inscrit dans une volonté de décarboner le mix énergétique français. En effet, Emmanuel Macron s’est engagé à fermer les centrales à charbon sur le sol français, notamment à travers la loi énergie et climat de 2019. Pourtant, les énergies carbonées ne disparaissent pas totalement.
Comme l’expose l’Autorité environnementale dans son avis délibéré du 5 décembre 2024, le procédé de la centrale biomasse « consiste à modifier l’alimentation en combustible de la tranche 4 [ndlr : une partie du site de production] afin de remplacer le charbon et le coke de pétrole par un mélange composé essentiellement de bois complété par des énergies fossiles. »
En outre, FNE souligne que les émissions carbones demeurent bel et bien pour l’acheminement du bois sur le site, avec, par exemple, des importations de « 150 000 tonnes de bois depuis le Brésil, l’Italie et l’Espagne ». Par ailleurs, l’association dénonce l’absence de précision des parcelles françaises concernées par le prélèvement forestier ainsi que l’incohérence entre le parc forestier concerné par les coupes d’arbres, regroupant plus de 500 communes selon les estimations, et l’aire géographique concernée par l’enquête publique, soit 324 communes.
FNE demande une prolongation de l’enquête publique
Face à la multiplicité et à la complexité des problèmes soulevés par FNE dans ce dossier, l’association demande une prolongation d’un mois de l’enquête publique initialement ouverte du 5 mai au 6 juin. Des contributions citoyennes peuvent être déposées sur le site du registre numérique.
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(*) GazelEnergie est la filière française du groupe thèque EPH, producteur et distributeur d’électricité thermique. Daniel Kretinsky en est le dirigeant et principal actionnaire.