C’est une sorte d’exposition universelle version high tech qui s’installe, chaque année, à Las Vegas. La 51e édition témoigne de l’effervescence renouvelée du milieu des technologies, portée par l’explosion des données, le machine learning (l’apprentissage par le big data), la réalité virtuelle ou encore les innovations dans le domaine énergétique. Car la tech est partout et la révolution numérique colonise à la fois la santé, la beauté, les services dans la maison (smart home) comme dans la ville (smart city) mais aussi notre relation au monde (transport) à la fabrication des objets (imprimantes 3D). Le voyage dans le Convention Center et World Trade Center de Las Vegas (lieu-dit « Tech East » différent de « Tech West » où se trouve l’Eureka Park) est époustouflant par la présentation en grandeur (presque réelle) de la transformation profonde de notre civilisation. Chaque espace, dans une succession d’immenses halls thématiques, rend compte de la rupture en cours.
Ainsi il en va de l’automobile, des engins volants comme de la réalité virtuelle, des robots et autres assistants vocaux. L’homme ne semble devenir qu’un appendice d’un monde numérique toujours plus invasif. Exploration de monde virtuel, voiture sans conducteur et sans pétrole, commande vocale (« Hey Google !») : une sorte d’humanité submergée par la vague numérique se dessine sous nos yeux. Les salles de sports, les salles de bains et les salons de beauté avec force écran et interaction « engloutissent » nos êtres et nos corps dans des avatars et représentations virtuelles toujours plus réelles. Dans la compétition des ceux qui sont les maîtres de ce nouveau monde, ce ne sont plus les pavillons des nations – comme dans une vraie exposition universelle – qui font la décision et attirent la foule. Non, ici les maîtres du temps sont Google, Amazon, Samsung, Sony, etc. Ce sont eux qui affichent leur slogan sur les murs toujours plus lumineux, plus interactifs et plus grands du CES. La proposition de Samsung en dit long sur le paradoxe du monde numérique en construction : « Do what you can’t ». Une incitation à la rupture bien dans les codes de la high tech même si, derrière les postures marketing, la concurrence est sans pitié.
En images
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La résurrection de Kodak, le drone-taxi d’Intel
Dans cette bataille, les cartes semblent sans cesse rebattues, à l’exception des quelques grands leaders mondiaux. Ainsi le CES 2018 marque le retour d’un géant que l’on croyait disparu : Kodak. Le spécialiste américain de la photo revient sur le devant de la scène avec des annonces sur la création d’une monnaie virtuelle (la KodakCoin) via une ICO (Initial Coin Offering) – une méthode de levée de fonds, fonctionnant avec l’émission d’actifs numériques échangeables. Objectif : le financement du « blockchain » – maison visant à protéger les droits des photographes. La présentation au CES a fait bondir le cours en bourse de Kodak. Autre communication spectaculaire durant la grand messe de Las Vegas : la communication d’Intel avec le 1er vol du drone-taxi, Volocopter (ci-dessous la présentation du P-dg d’Intel Brian Krzanich.)
3D Rudder séduit les majors mondiales des consoles
Les Français ne sont pas très présents à « Tech East » contrairement à l’Eureka Park où ils constituent la 2e délégation derrière les USA. On notera tout de même la présence des équipementiers automobiles Faurecia et Valeo, de Dassault Systèmes et du Provençal 3D Rudder. Ce dernier mise gros avec un investissement de quelque 40 000 euros pour un stand très bien placé à l’entrée de l’espace gaming et réalité virtuelle.
La société, issue de l’hôtel technologique de Marseille Innovation, désormais basée à Aix dans le parc d’entreprises de Pichaury, emploie une vingtaine de collaborateurs et dispose aussi d’un bureau à New York. Elle présente au CES son nouveau joystick récompensé par un Innovation Award : 3d Rudder Blackhawk. Il permet un contrôle du mouvement par les pieds avec des fonctionnalités avancées, une fonctionnalité de déplacement inédite dans la réalité virtuelle. De quoi séduire de grands équipementiers ou éditeurs qui devraient prochainement contracter avec la pépite provençale. D’ores et déjà, « un contrat avec l’une des majors du secteur est finalisé nous assure le P-dg de 3D Rudder, Valerio Bonora (voir la vidéo ci-dessous). « Un second a été acté en début de CES » ajoute-t-il. Des nouvelles très importantes à l’heure où une seconde levée de fonds, entre 5 et 15 millions d’euros, se profile afin de lancer l’industrialisation et le déploiement international de l’une des rares start-up du territoire à prétendre à un rôle de leader mondial dans l’industrie du jeu. Go !
Liens utiles :
> [Carnet de bord] CES de Las Vegas : start-up et grands groupes dans le carrefour des technologies (3/5)
> [Carnet de bord] CES 2018 à Las Vegas : les start-up provençales dans la ruche de l’Eureka Park (2/5)
> [Carnet de bord] Jour J à Las Vegas : le CES 2018 ouvre ses portes dans quelques heures (1/5)Les échos :
> En visite au CES Sébastien Didier, le vice-président de la Caisse d’Epargne Cepac a rendu visite à Jérémy Neyrou, le fondateur et président d’Icare Technologies basé à Ajaccio, hébergé sur le stand de Qwant, le moteur de recherche qui veut concurrencer Google et situé dans les Alpes-Maritimes. La start-up corse développe une bague NFC, baptisée Aeklys, et qui sert d’outil de paiement. Accompagné par le directeur de l’innovation et de la transformation de la Caisse d’Epargne Cepac, Thierry Gonzalez, Sébastien Didier se dit très intéressé par la solution d’Icare déjà adoptée par de nombreux établissements financiers français. Mais pour l’heure, rien n’est signé avec la Cepac, nous confie Jérémy Neyrou.
> Deux start-up métropolitaines sont présentes sur l’espace French tech de Business France, juste à côté de l’allée des start-up de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Il s’agit de Ween (thermostat connecté) et Fenotek (interphone connecté). Toutes deux, déjà primées à Las Vegas pour leurs innovations, sont en train d’évoluer dans leur modèle en « pivotant » comme on dit dans le jargon des start-up. Il ne s’agit plus pour elles de tout miser sur leurs produits phares mais de valoriser aussi leurs technologies logicielles pour éventuellement vendre celles-ci dans l’univers de la smart home pour servir d’autres objets. A suivre.
> MyTechTrip, la start-up spécialisée dans les systèmes d’informations temps réel dans les transports avec la solution Mymoov, a reçu de nombreuses visites de professionnels du secteur comme un représentant du fameux projet californien Hyperloop One (navette à grande vitesse) ainsi qu’une grosse de délégation de la RATP. « Ce sont d’excellents contacts » se félicite Cyril Labi le P-dg.