Le rapport de la Chambre régionale des comptes publié en juillet (voir notre article précédent) sur la prise en compte des aléas et risques naturels en Camargue dans l’aménagement du littoral méditerranéen par la Communauté d’agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette (ACCM) et la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône) est sévère.
Camargue : un modèle de protection historique
L’instance observe dans sa synthèse (voir l’intégralité du rapport en document source en bas de page) qu’alors « que la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte prévoit d’éviter les politiques de défense systématique contre la mer et de préparer les territoires aux évolutions qui les attendent, les acteurs locaux misent encore majoritairement sur les capacités des ouvrages de protection à pérenniser le modèle historique de développement camarguais, fondé sur la maîtrise de l’eau. »
La Chambre régionale des comptes relève pourtant des menaces très sérieuses : « l’érosion côtière et la submersion marine ou par l’ennoiement permanent à venir. L’entrée des laisses des plus hautes eaux pourrait concerner 80 % du territoire camarguais d’ici 2100. Au regard des projections d’élévation du niveau marin, de la fréquence et de l’intensité des événements tempétueux, la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer (2 144 habitants), dont la zone urbaine agglomérée se situe directement à l’arrière des ouvrages de défense, est particulièrement exposée aux changements climatiques en cours. »
Le plan local d’urbanisme de la commune n’engage aucune stratégie d’anticipation des risques
Rapport de a chambre régionale des comptes sur la Camargue
Or la commune des Saintes-Marie semble faire l’autruche : « Adopté en 2019, le plan local d’urbanisme de la commune n’engage aucune stratégie d’anticipation des risques, tout en admettant le caractère peu durable de l’action défensive. Il entend même exploiter les marges de manœuvre que lui laissent encore le plan de prévention des risques inondation et la loi Littoral pour densifier l’urbanisation sur la frange littorale et renforcer l’attractivité touristique en doublant la capacité du port de plaisance. La commune, qui figure pourtant parmi les premières concernées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, n’a pas demandé son inscription au décret n° 2022-750 du 29 avril 2022 modifié qui recense les communes dont l’action en matière d’urbanisme et d’aménagement doit anticiper l’érosion côtière.»
Camargue : la fuite en avant de la communauté de communes (ACCM)
La chambre pointe aussi la fuite en avant de la communauté de communes (ACCM) qui participe de cette gestion : « les limites techniques et financières de la politique du « tout protection » sont en voie d’être atteintes. Cette dernière n’offre souvent qu’un répit, obligeant à des travaux récurrents de renforcements des ouvrages dont la poursuite ne pourra être indéfinie, sauf à envisager le maintien d’îlots d’urbanisation cernés par les flots. Sa soutenabilité budgétaire est interrogée compte tenu du poids des dépenses d’entretien des ouvrages qui s’ajoutent à l’investissement. À ce titre, la communauté d’agglomération, dont la situation financière est moins confortable que celle de la commune et qui est la première contributrice du syndicat compétent pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI), devrait voir ses participations annuelles encore fortement augmenter à partir de 2026.»
Et d’avertir :« L’élaboration de la stratégie littorale intégrant l’érosion côtière et la submersion marine, dont le syndicat est chargé, devra impérativement être l’occasion de penser l’évolution du territoire camarguais à l’horizon 2050 et 2100. Ce travail devra se faire sur la base d’hypothèses robustes et actualisées en matière d’élévation du niveau de la mer, afin d’éclairer la décision publique sur le juste dimensionnement des investissements à prévoir. »
Document source : le rapport de la chambre régionale des comptes sur la Camargue
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