L’équipe du professeur Didier Raoult basée à Marseille à l’Institut hospitalo universitaire (IHU) Méditerranée Infection a décidé de prendre les devants. En pointe dans la recherche et le traitement des maladies infectieuses, elle confirme sa volonté de diagnostiquer et de traiter les malades atteints du coronavirus covid-19 avec de la chloroquine.
Moins d’une semaine après avoir communiqué sur les premiers résultats de traitement à l’hydrocloroquine, dérivé de la chloroquine (médicament Plaquenil, antipaludique de Sanofi),un médicament habituellement indiqué dans le traitement du paludisme et de maladies chroniques comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, les professeurs de l’IHU renforcent leurs intentions au nom du serment d’Hippocrate sans attendre un feu vert formel des autorités de santé. Solennellement, ils déclarent dans un communiqué :
« Dans le contexte actuel de la propagation de l’épidémie à coronavirus covid-19 sur le territoire français et dans le monde.
Conformément au serment d’Hippocrate que nous avons prêté, nous obéissons à notre devoir de médecin. Nous faisons bénéficier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d’une maladie. Nous respectons les règles de l’art et les données les plus récemment acquises de la science médicale. »
Il s’en suit dans le communiqué diffusé dimanche 22 mars à la mi-journée deux engagement principaux, la systématisation des tests de dépistage et pour les malades et un traitement immédiat à base de chloroquine :
« Nous avons décidé :
> Pour les tous les malades fébriles qui viennent nous consulter, de pratiquer les tests pour le diagnostic d’infection à Covid 19 ;
· Pour tous les patients infectés, dont un grand nombre peu symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner, de proposer au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic :
– un traitement par l’association hydroxychloroquine (200 mg x 3 par jour pour 10 jours) + Azithromycine (500 mg le 1er jour puis 250 mg par jour pour 5 jours de plus), dans le cadre des précautions d’usage de cette association (avec notamment un électrocardiogramme à J0 et J2), et hors AMM. Dans les cas de pneumonie sévère, un antibiotique à large spectre est également associé. »
Les professeurs de l’IHU Philippe Brouqui, Jean-Christophe Lagier, Matthieu Million, Philippe Parola, Didier Raoult et Marie Hocquart ajoutent : « Nous pensons qu’il n’est pas moral que cette association ne soit pas inclue systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection à Covid-19 en France. »
Dans un tweet, le président de la Région Provence Alpes Côte d’Azur a apporté son soutien à la position des professeurs de l’IHU.
La Région Sud soutient l’@IHU_Marseille #coronavirus #CODIV_19 https://t.co/WFo49kIavD
— Région Sud (@MaRegionSud) March 22, 2020
Lundi dernier, le professeur Didier Raoult, présentant les premiers résultats d’une étude clinique avait pris ses distances avance la stratégie française de confinement et appelé à tester et traiter les malades à base de chloroquine.
Des résultats d’ici une quinzaine de jours
Hier le ministre de la santé, Olivier Véran a annoncé que la France allait finalement intensifier sa stratégie de dépistage par tests mais seulement après la période de confinement. Il a expliqué dans son point presse que l’étude du professeur Raoult, serait testée « à plus grande échelle » : « J’ai demandé à ce que l’étude du professeur Raoult puisse être reproduite […] dans d’autres centres hospitaliers, par d’autres équipes indépendantes. Je suis cela d’extrêmement près. »
Le ministre a précisé qu’il espérait avoir des résultats d’ici une quinzaine de jours. Ces propos font suite à ceux de Jérôme Salomon qui avait indiqué vendredi 20 mars que la France avait demandé « une évaluation en urgence » pour « acquérir rapidement des connaissances scientifiques fiables sur l’efficacité ou non de ces molécules. »
L’étude du professeur Raoult, qui a annoncé un nouveau point sur sa propre expérience lundi 23 mars, devrait rejoindre l’essai européen Discovery afin d’accélérer d’un essai clinique de grande ampleur supervisé par l’Inserm. Cette vaste recherche devrait concerner environ 800 patients français et quelques CHU. Aux Etats-Unis, le président Donald Trump a souhaité que le traitement à base de chloroquine soit immédiatement disponible.
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