Crise sanitaire avec le Covid, préparation et mise en oeuvre du plan Marseille en grand, grands événements avec la Coupe du monde de rugby, la visite du pape François, les Jeux Olympiques ou encore l’organisation des élections législatives anticipées, transformation de la zone industrialo-portuaire de Fos-Berre et du bassin de Gardanne, Ligne Nouvelle Provence – Côte d’Azur… Christophe Mirmand, le préfet des Bouches-du-Rhône et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, n’a pas chômé durant sa mission qui s’achève.
Après quatre ans et demi passés place Félix-Baret, il a été nommé vendredi 3 janvier en Conseil des ministres directeur de cabinet du ministre des Outre-Mer, Emmanuel Valls. Il débute sa nouvelle mission ce lundi 6 janvier à Paris. Lors d’une rencontre à la préfecture avec quelques médias, dont Gomet’, Christophe Mirmand est revenu sur son action. Gardant toujours son devoir de réserve attaché à sa fonction, il laisse néanmoins filtrer quelques sentiments personnels, tout en restant dans la retenue des mots et des émotions, une posture qui l’a fait apprécier unanimement par les décideurs locaux.
« J’ai beaucoup de regrets de quitter un département passionnant et riche par la diversité des sujets, des thématiques et des projets que le représentant de l’Etat est amené à traiter et porter, toujours avec les élus, les collectivités locales, les partenaires du monde économique, avec le monde associatif (…) mais j’ai la satisfaction de voir des sujets bien avancés, d’autres dossiers en revanche un peu moins », reconnaît-il d’emblée. « Il faudra que mon successeur (Georges-François Leclerc, NDLR) prenne le relais, poursuit Christophe Mirmand, assis à la table de réunion située dans son grand bureau préfectoral, entouré de l’équipe communication de la préfecture. Je pense en particulier au logement où les besoins sont considérables dans la département, à l’échelle de la région et à Marseille. Il faudra continuer à avancer avec détermination. » Extraits, en quatre épisodes non exhaustifs, des sujets évoqués dans ce verbatim avec comme premier volet, justement, le logement.
Concernant le logement, vous avez pointé régulièrement du doigt les retards dans la construction de logements sociaux. Où est-on ?
Christophe Mirmand : la situation que nous connaissons est d’abord celle d’une crise que l’on observe pas seulement à l’échelle du territoire régional. C’est une crise nationale voire même, diront certains, européenne. Elle est liée au mal logement, au blocage de la production de logements, notamment sociaux. Dans les départements de la région, notamment sur le littoral, on constate malheureusement depuis 2019 que la situation ne s’est pas améliorée, en particulier dans le logement social.
Un très fort ralentissement de la production
de logements sociaux
On est passé d’environ 12000 agréments par an à l’échelle de la région, avant la crise sanitaire, à 7000 aujourd’hui. Ce qui témoigne d’un très fort ralentissement de la production de logements sociaux. Il y a de nombreux facteurs pour l’expliquer avec des chocs successifs comme la crise du covid, l’impact des périodes électorales, la hausse des taux, puis la hausse des coûts énergétiques, le ralentissement économique… Mais au-delà, on constate des situations préoccupantes avec un certain nombre de communes qui ne respectent pas l’article 50 de la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain). Pour ce qui concerne les triennal 2020-2023, le nombre de communes carencées a augmenté : 40 dans les Bouches-du-Rhône contre 34 lors de la période précédente.
Comment expliquez-vous cette situation ?
Christophe Mirmand : au-delà des difficultés qui peuvent être rencontrées par des maires, parfois confrontés à des problématiques de servitudes comme les risques naturels ou artificiels, il y a des contentieux qui peuvent être conduits par des requérants contre des constructions. Mais il y aussi, sans doute, de la part d’un certain nombre de municipalités, des réticences pour accueillir de nouveau habitants. Elles sont parfois justifiées par la crainte de ne pas pouvoir financer les équipements qui sont nécessaires. D’où ma demande de réorienter l’ensemble des aides de l’Etat à l’investissement vers des communes qui accueillent des nouveaux habitants. Mais malgré tout, on a toujours un effort de pédagogie à conduire qui doit permettre que le logement social en particulier ne souffre plus à tort d’une image stigmatisante.
Nous organisons le palmarès de l’habitat qui montre au contraire de beaux exemples de projets dans des communes variées. Il faut accompagner ces dernières dans le cadre des contrats de mixité sociale. On constate néanmoins des signes positifs. A Marseille, avec le redémarrage du nombre de permis de construire, ou encore la signature du plan local de l’habitat au niveau métropolitain.
L’hommage à l’énergie mobilisée
par David Ytier
Je veux saluer ici l’énergie mobilisée par David Ytier, le vice-président de la Métropole qui a été à la manoeuvre pour faire valider ce Plan local de l’habitat (PLH) qui territorialise la production de logements sociaux. C’est un signal très positif et cela permet de donner de la visibilité dans le domaine. Par ailleurs, le travail de la SPLA-IN dans le centre ancien de Marseille avance avec les premières phases de chantier qui ont démarré fin 2024. Il y a les efforts sur les copropriétés dégradées et tout le travail réalisé dans le cadre du Nouveau programme de rénovation urbaine (NPRU). Ce dernier démarre de façon opérationnel avec un taux d’engagement proche du niveau national avec 54% fin 2024 à Marseille contre 59% à l’échelle française. On observe une dynamique alors qu’il y a deux ans les conventions n’avaient pas encore été validées. Les choses ne sont pas donc pas totalement noires. Pour autant, le bilan est très en deçà de ce qu’il faudrait pouvoir mettre en oeuvre pour répondre aux ménages qui attendent un logement social ou qui souffrent du mal logement sur Marseille, dans les Bouches-du-Rhône et dans les grands départements de la Région.
A lire demain, le deuxième volet du verbatim avec Christophe Mirmand
consacré aux projets industriels à Fos-Berre et Gardanne