La startup niçoise spécialisée dans la livraison de produits de pharmacie à domicile Livmed’s vient d’annoncer une seconde levée de fonds de cinq millions d’euros. La première, effectuée en décembre 2021, lui avait déjà permis de lever deux millions d’euros.
Cette levée de fonds a été effectuée parmi les actionnaires historiques de Livmed’s : Suisse Courtage, Afflelou, Almeris, et des pharmaciens membres du conseil d’administration, ainsi que deux nouveaux actionnaires, et pas des moindres : le géant de l’industrie pharmaceutique Sanofi, qui abonde à hauteur d’un million d’euros, et l’armateur marseillais CMA CGM (via sa filiale de venture capital) qui continue de diversifier ses activités, après le rachat du groupe La Provence. Le groupe dirigé par Rodolphe Saadé ne souhaite en revanche pas communiquer sur montant investi, indique Livmed’s.
L’intérêt pour Livmed’s d’intégrer ces grands groupes à son capital est double, comme l’explique Talel Hakimi, co-fondateur de Livmeds, contacté par Gomet’ : « Sanofi y trouve un intérêt compte tenu de sa présence importante sur le marché du médicament. Ils pourront nous accompagner dans notre stratégie d’expansion internationale. Cela ne signifie pas pour autant que nous allons mettre en avant les produits de Sanofi », souligne le PDG de Livmed’s. « Quant à CMA-CGM, nous espérons qu’ils nous apporte leur soutien dans l’organisation logistique et la gestion de nos 17 000 livreurs, car ce n’est pas notre cœur de métier. » CMA CGM a également investi en février dernier dans Colis Privé, société aixoise de livraison de produits.
Livmed’s veut accélérer la digitalisation des pharmacies
Grâce à ce nouvel apport, Livmeds ambitionne de devenir « la référence de la digitalisation des pharmaciens en Europe. » Diplômé de HEC, Talel Hakimi fonde la startup en février 2020 avec Mehdi Matyja et Manon Renou-Chevalier. Dès lors, l’objectif affiché de Livmeds est de garantir un accès aux soins médicaux à tous et de désengorger les officines. Sorte de « Uber » du médical, l’application annonce à ce jour 750 pharmacies partenaires et une flotte de 17 000 livreurs.
Le pari de Livmed’s ? Accélérer la digitalisation des officines en uberisant la fourniture de médicaments. « Nous nous sommes lancés pendant la pandémie de covid-19. On se souvient tous des longues files d’attente à l’entrée des pharmacies, alors que la consigne était d’éviter de sortir de chez soi. C’est là que les pharmacies ont commencé à nous solliciter », relate Talel Hakimi. De la livraison aux particuliers jusqu’à celle des établissements de santé (hôpitaux, ehpad, etc.), Livmed’s ne tarde pas à sortir des frontières de Nice pour opérer aujourd’hui dans toutes les grandes villes de France, y compris Paris et Marseille. Et souhaite agrandir encore davantage son activité : « Nous ambitionnons de travailler avec 1000 pharmacies d’ici la fin de l’année, et 4000 en 2023, en France mais aussi à l’étranger », poursuit le fondateur de Livmed’s.
Ce n’est pas tout. Livmed’s veut également muscler son offre avec de la téléconsultation et une meilleure prise en charge de la Sécurité sociale et des mutuelles. « Actuellement, la Sécu rembourse la livraison de médicaments à hauteur de 2,5 euros, jusqu’à cinq fois par jour, en sortie d’hôpital. Nous aimerions que la prise en charge englobe également les personnes à mobilité réduite ou atteintes de maladie chronique », explique Talel Hakimi.
Uberiser sans remplacer les officines
Face aux critiques concernant le phénomène d’uberisation en général, Talel Hakimi se veut rassurant : « Notre objectif n’est absolument pas de supprimer le lien existant entre le pharmacien et son client. Notre application permet d’ailleurs de maintenir le conseil du pharmacien, via une messagerie privée ou par téléphone. Le client peut en outre choisir la pharmacie qu’il préfère. Nous ne sommes qu’une plateforme, c’est le pharmacien qui décide in fine de délivrer le médicament ou pas. »
Côté salariés aussi, le modèle de Livmed’s reprend les codes de l’uberisation : si une partie des salariés sur Nice ou Paris a pu bénéficier d’un CDI, les reste est placé sous le statut d’auto-entrepreneur. « Nous n’avons pas encore la ressource financière pour proposer des CDI à tous nos salariés, même si nous y aspirons. Nous souhaitons en outre ouvrir au maximum les postes aux étudiants, en leur fournissant un moyen de transport respectueux de l’environnement pour assurer les livraisons. En outre, ce statut d’indépendant pour nos livreurs nous permet de nous adapter facilement à la demande, notamment dans les zones où les livraisons de médicaments sont ponctuelles », justifie Talel Hakimi. Avec ce nouvel apport de cinq millions d’euros, la startup envisage d’ailleurs de multiplier son effectif par quatre, et son chiffre d’affaires, sur lequel elle ne communique pas, par cinq.
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