Le 21e siècle revisite, à la faveur des neurosciences, bon nombre de nos certitudes. L’une des découvertes les plus récentes concerne la petite enfance : les 1 000 premiers jours de la vie sont cruciaux pour le développement futur. De 35 à 85% du cerveau se développe entre la naissance et cinq ans. (*)
Les opérateurs spécialisés dans le secteur de la petite enfance comme les professionnels du secteur privé ou les associations, s’intéressent de près à ces découvertes qui les engagent à évoluer. Ainsi l’un des leaders du secteur Babilou (12 000 collaborateurs, 60 000 enfants accueillis dans le monde dont 13 000 en France), fortement implanté en Provence dégage de nombreux moyens pour prendre en compte cette nécessité éducative et d’éveil. « Ce qui se passe durant les 1 000 premiers jours de la vie (jusqu’à cinq ans) est déterminant pour aider les enfants à devenir être socialement et émotionnellement équilibrés mais aussi à entrer dans les apprentissages » Xavier Ouvrard, le PDG de Babilou.
Xavier Ouvrard, PDG de Babilou :« une révolution culturelle»
Formation des personnels, précautions nouvelles comme l’interdiction des écrans, attention à la motricité, au proto-mathématiques et au cadre positif sont venus enrichir les pratiques. « C’est une véritable révolution culturelle. Nous ne faisons pas de la garde mais bien de l’Education. Notre mission est de réussir à combiner les pédagogies type Freinet et Montessori aux neurosciences. » Le dirigeant qui pilote une entreprise mondiale estime que la France se « hâte lentement sur ces sujets » contrairement à d’autres pays comme Singapour. « Nous continuons à prendre du retard » regrette-il en mentionnant le classement Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élève de l’OCDE) où la France régresse depuis une trentaine d’années.
(*) Un colloque avec l’Unesco à Marseille
Fidèle à son engagement visant à investir dans la recherche sur les 1.000 premiers jours de la vie, des premiers jours de l’enfance, Babilou joint le geste à la parole en devenant l’un des 175 membres de la Coalition mondiale pour l’éducation de l’Unesco. Le groupe devient ainsi le premier acteur de la petite enfance à prendre part à cette alliance. Première action concrète de cet engagement, la fondation Babilou Family co-organise avec l’Unesco en France le 29 septembre à Marseille, à l’Epopée, une journée de préparation de la prochaine conférence mondiale dédiée à l’apport des neurosciences dans le développement de l’enfant au cours des 1000 premiers jours de la vie. Les questions de réduction des inégalités sociales et de formation et valorisation des professionnels de la petite enfance seront au cœur de cette journée où participeront de nombreux experts, décideurs et scientifiques à l’instar du neuropsychiatre Boris Cyrulnic.
La carte des besoins en crèche n’a pas beaucoup évolué ces dernières décennies
Ces nouveaux défis, qui s’ajoutent aux contraintes sanitaires traditionnelles très strictes contrôlées dans les crèches par la Protection maternelle et infantile (PMI), relevant des départements, doivent aussi permettre de lutter contre les inégalités face à l’éducation. Tout le monde n’a pas le même bagage ni la même attention des parents. Mais ces objectifs se heurtent en France à la pénurie de places. La carte des besoins en crèche n’a pas beaucoup évolué ces dernières décennies. Un manque d’équipements qui pousse souvent les parents à trouver des solutions de gardes individuelles pas forcément idéales. D’autres renoncent finalement à travailler, les femmes sont les plus touchées- lorsque les conditions d’accès sont trop limitées.
Dans certains quartiers de Marseille, il y a en effet en moyenne six enfants sur liste d’attente pour une place en crèche » observe l’Agam dans son étude fouillée sur les besoins de la cité phocéenne. « Le problème est double : il y a une pénurie de professionnels de la petite enfance car les métiers ne sont pas reconnus comme ils devraient l’être. Et Il y a un problème de financement. » Là aussi les professionnels du secteur s’engagent et proposent des solutions clés en main. Babilou a lancé sa propre école d’auxiliaire puéricultrice. « Il faut que la société évolue et reconnaisse ces professionnelles à leur juste valeur sociale et financière » insiste Xavier Ouvrard.
Des mesures d’aides sont également disponibles pour les crèches d’entreprises qui peuvent investir pour le bien être, et l’équilibre de la vie personnelle de leur salarié. Entre 2012 et 2018, le secteur privé a créé 50 000 places de crèche, soit 80% du total de places créées sur cette période. Les collectivités sont en retard dans un contexte des restrictions budgétaires et alors que le coût moyen de création d’une place est de 25 500 euros. « Le principal enjeu c’est de mettre tous les acteurs autour de la table et de définir une feuille de route commune» plaide Xavier Ouvrard pour tenter de trouver ensemble les solutions permettant d’accélérer la création de place, notamment à Marseille, où Babilou a créé 80 berceaux cette année dans quatre crèches d’entreprise.
L’analyse de Ludivine Philippon, Associée au sein du cabinet Stan
La petite enfance, enjeu d’éducation mais aussi de territoire et d’employabilité
La petite enfance est au cœur des préoccupations premières des citoyens, au même titre que le logement, le travail et la mobilité. C’est donc une politique publique très locale qui concerne en premier lieu l’enfant – et qui fixe le cadre de son développement et de ses premiers apprentissages – tout en ayant des conséquences très directes sur l’attractivité du territoire et l’employabilité de ses habitants, notamment les femmes. Très logiquement, chez Stan, en tant qu’acteur du développement des territoires, nous retrouvons cet enjeu local dans les préoccupations communes des entreprises et des collectivités. Nous travaillons donc avec les uns et les autres pour améliorer l’offre de garde, sur le long terme comme en situation d’exception.
A titre d’exemple, dans une situation d’urgence, dès l’annonce de l’affrêtement du bateau Méditerranée pour accueillir des réfugiés ukrainiens, Stan est fier d’avoir accompagné Babilou pour mobiliser en quelques heures des places de crèches à proximité immédiate du navire et créer une halte-garderie au cœur du ferry. Parce que pouvoir laisser quelques heures seulement leur enfant – dans un cadre sécurisé et adapté – pour pouvoir réaliser des démarches administratives ou se reposer, représentait un vrai plus dans la prise en charge d’urgence des familles réfugiées, essentiellement constituées de femmes. Et c’est le fruit d’un travail collectif des pouvoirs publics locaux, Etat et collectivités, avec des entreprises comme Babilou.
Créé à Marseille en 2013 et présent dans les grandes métropoles françaises (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Nice, Nantes, Strasbourg, Toulouse, Rennes), Stan est un cabinet de conseil spécialisé dans l’ancrage national et territorial. Stan crée et développe des relations de confiance entre les décideurs économiques, institutionnels, politiques ou encore associatifs, au cœur des territoires, pour le succès des projets des entreprises qu’il accompagne.