Aux grands hommes les grands moyens. Le 26 septembre, l’Université Aix-Marseille (AMU) a décerné le prestigieux titre de « Docteur honoris causa » au réalisateur Costa-Gavras, 89 ans, pour saluer six décennies de création. Dans l’écrin du Palais du Pharo, le metteur en scène témoigne de ses souvenirs tissés avec la ville de Marseille qui ne sont pas près de s’éteindre. Costa-Gavras travaille, depuis septembre 2021, à la construction d’une antenne de la cinémathèque française à Marseille.
Une vue imprenable sur la Méditerranée s’esquisse à travers les fenêtres du Palais. La mer par laquelle les Phocéens ont navigué jusqu’à la France pour fonder Marseille en – 600 ans avant Jésus-Christ. Ce grand bleu qui relie la France à la Grèce, le pays natal de Costa-Gavras dont il dépeint la crise grecque dans l’Union-Européenne à travers son dernier film« Adults in a Room» (2019). Pour la cérémonie, un orchestre de violonistes a même joué la partition de la bande originale du film sous le regard attentif des 200 personnes présentes.
Soucieux de toujours distraire, leréalisateur des films « Z » (1969) et « l’Aveu » (1970) souhaite avant tout « faire réfléchir. » C’est ainsi que Jacques Sapiega, maître de conférences dans l’audiovisuel à l’AMU, le décrit comme un« explorateur de l’inconnu » qui donne à « voir dans le noir. » D’où le lien fait avec la recherche et la remise de son titre de Docteur honoris causa par l’Université. « Au-delà de l’émotion, votre œuvre se fait document », poursuit Éric Berton, le président de l’Université.
Le projet de cinémathèque à Marseille « suit son cours »
Quand vient son tour, Monsieur Costa-Gavras partage ses souvenirs avec Marseille. Il se remémore son ascension vers la cathédrale Notre-Dame-de-la-Garde par le funiculaire. « Tout en haut, il y avait trois épigraphes. L’un d’entre eux était écrit en grec moderne. Je n’avais jamais vu de grec en France ! J’étais ému. » Le réalisateur se souvient aussi de la projection de son tout premier film « Compartiment tueurs » en 1964 à Marseille.
Et l’histoire ne va que continuer à s’écrire. Le metteur en scène travaille à la fabrication d’une antenne de la cinémathèque française, dont il est le président depuis 2007. Main dans la main avec le cinéaste marseillais Robert Guédiguian, également président de l’antenne de la cinémathèque à Toulouse, Costa-Gavras conduit ce projet en partenariat avec la ville de Marseille, le Centre national du cinéma (CNC) et l’État. « C’est la deuxième ville de France. Toulouse en a une, Lyon aussi… Au regard de la quantité d’étudiants à Marseille, près de 80 0000, il est nécessaire que la ville possède une cinémathèque. Elle le mérite ! », revendique Costa-Gavras. Ses volontés ont été entendues par Emmanuel Macron qui a inscrit cette nouvelle antenne dans la liste des priorités du plan Marseille en Grand.
L’adjoint à la Culture de la ville de Marseille, Jean-Marc Coppola assure à Gomet’ que « le projet suit son cours. » Après avoir organisé un colloque de trois jours en mai dernier réunissant les parties prenantes du projet, notamment les associations qui craignaient de ne pas être associées au projet, l’élu affirme que « le lieu sera annoncé très prochainement. »
Sans nous en dire plus, Jean-Marc Coppola estime que « les murs sont tombés entre les acteurs parisiens (CNC, Cinémathèque française, NDLR) et les acteurs marseillais ». L’antenne de la cinémathèque s’installera « dans des locaux de 1 000 m2 » qui accueilleront une école CinéFabrique, à l’instar de la ville de Lyon qui a vu naître le talent des frères Lumière.
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