Ce n’est plus un scoop : l’activité humaine en mer nuit à la biodiversité marine. C’est le cas des aménagements côtiers, qui détériorent les petits fonds marins qui jusqu’alors permettaient aux jeunes poissons d’évoluer sereinement, à l’abri des prédateurs. Résultat : on observe une perte de 100% de chance de survie de ces juvéniles, et donc une baisse de la biodiversité. Un constat désolant qui a poussé la société Ecocéan, basée à Montpellier et Marseille, à développer des solutions pour augmenter le taux de survie. L’entreprise française dispose de locaux à la porte 4 du Grand port maritime à Marseille. Dès 2016, le projet Casciomar (du noms des trois villes où il est expérimenté : Cassis, La Ciotat, Marseille) voit le jour, dans le cadre d’un contrat de baie de la métropole marseillaise. Le but : restaurer les habitats dans les ports et recréer des récifs dans les zones portuaires. « On ne peut pas détruire les ports, il faut donc leur donner les moyens de fonctionner de façon écologiques », expose Gilles Lecaillon, fondateur d’Ecocean (qui intervenait lors de notre grand débat consacré au biomimétisme à revoir ici).
« BioHut », « BioRestore » : deux solutions complémentaires pour rebooster les écosystèmes
Pour ce faire, la société a imaginé deux dispositifs qui visent à recréer artificiellement de la biodiversité. Elle a notamment développé des nurseries à poissons. Cette solution, appelée BioHut, est développée depuis une dizaine d’années par l’entreprise. Concrètement, à quoi ressemble une nurserie à poissons ? A première vue, il s’agit d’une sorte de grillage composé de bois, d’acier et de coquilles d’huître. Un assemblage qui permet jeunes poissons de trouver un abri dans le port. Cette solution d’Ecocean est vendue 650 euros l’unité : elle est aujourd’hui présente dans 32 marinas partout en France, dont 20 dans le Grand port Maritime de Marseille. Afin de permettre aux ports de s’équiper, Ecocean a fait appel à l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, qui propose des subventions aux acteurs intéressés pour s’équiper.
L’autre solution, intitulée BioRestore, est plus délicate à mettre en oeuvre : elle s’appuie sur la collecte des « post-larves » (stade de développement intermédiaire entre la larve et le poisson juvénile) en mer par des pêcheurs en partenariat avec Ecocean. Rougets, pageots, muges … Les espèces sont variées. Ces larves sont ensuite placées dans des bacs alimentés en eau de mer, où ils évoluent jusqu’à être prêt pour affronter la mer en autonomie. Un des principaux enjeu de cette technique est de ne surtout pas domestiquer les poissons, qui doivent rester sauvages, en les nourrissant à des heures variable de la journée, avec des quantités limitées. « Par exemple, on va leur jeter trois crevettes pour tous. L’intérêt est de stimuler l’instinct de chasse qu’ils reproduiront dans la nature », poursuit le fondateur d’Ecocean. Un savoir-faire que l’entreprise met à disposition des ports souhaitant acquérir cette solution : le coût global de cette dernière, 200 000 euros, comprend aussi bien le matériel que l’installation, l’entretien et l’expertise des équipes d’Ecocean.
En marge de la commercialisation de ses solutions, l’activité d’Ecocean comprend une grande partie de recherches afin de mettre au point de nouvelles solutions. Ainsi, l’entreprise est actuellement en train de finaliser un système de préservation des coralligènes, appelé OP Coral, à partir de boutures de corail ou d’éponges récoltées à 50 mètres de profondeurs. « On est vraiment sur une phase en amont, sur laquelle on travaille avec notre partenaire l’institut d’océanologie Andromède. C’est un écosystème profond, exceptionnel en Méditerranée et on veut voir si on arrive à le reproduire à partir de boutures sur ces espèces », détaille Gilles Lecaillon.
Ainsi, ces innovations en termes de biodiversité permettent à l’entreprise, fondée en 2003, de dégager un chiffre d’affaire d’1 million d’euros. Mais au-delà du bénéfice économique, BioHut et BioRestore permettent d’acquérir des connaissances nouvelles sur l’état de la biodiversité, notamment grâce à un partenariat avec l’Université de Grenoble qui mènent des études sur la biophonie, les sons émis par la faune marine.
Un projet en cours sur les coralligènes
En marge de la commercialisation de ses solutions, l’activité d’Ecocean comprend une grande partie de recherches afin de mettre au point de nouvelles solutions. Ainsi, l’entreprise est actuellement en train de finaliser un système de préservation des coralligènes, appelé OP Coral, à partir de boutures de corail ou d’éponges récoltées à 50 mètres de profondeurs. « On est vraiment sur une phase en amont, sur laquelle on travaille avec notre partenaire l’institut d’océanologie Andromède. C’est un écosystème profond, exceptionnel en Méditerranée et on veut voir si on arrive à le reproduire à partir de boutures sur ces espèces », détaille Gilles Lecaillon.
Liens utiles :
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