A l’occasion du Congrès mondial de la nature, organisé par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), l’Archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline a publié le 31 août un déclaration qui est un appel au sursaut. Une déclaration qui prend du relief avec la venue du président de la République.
Tous les moyens du monde ne sauraient suffire si les consciences ne se réveillent pas
Jean-Marc Aveline
« Quand j’étais enfant, rappelle-t-il, nous habitions les Quartiers Nord, à Saint-Barthélemy, dans une cité HLM pour agents de la SNCF. Les cités avoisinantes avaient des noms poétiques : Font-Vert, La Busserine, La Marine Bleue et La Marine Blanche, Les Rosiers et les Marronniers. Aujourd’hui, ces noms poétiques sont ensanglantés, les cités sont devenues des ghettos et depuis longtemps, dans les autres quartiers de la ville, l’indifférence a étouffé l’indignation. Marseille reste fière, mais elle est meurtrie : d’un côté, elle continue de sourire pour charmer les touristes et se distraire au Stade ; de l’autre, elle s’enfonce dans la violence et pleure sa jeunesse. À quand un réveil des consciences ? Pourquoi et comment les réseaux de trafic ont-ils pris autant de pouvoir, narguant la République, ses lois et sa justice ? (…) Tous les moyens du monde ne sauraient suffire si les consciences ne se réveillent pas ».
Plaidant la confiance, la foi en Marseille, le pasteur des catholiques phocéens s’engage à l’occasion du Congrès mondial de la nature. Et s’il inscrit son message dans la lignée de l’encyclique du Pape François « Laudato si », sur la « sauvegarde de la maison commune », il préfère souligner l’urgence sociale concomitamment à l’urgence écologique.
« Marseille, as-tu du cœur ? Oui, je sais que tu en as, et bien plus que pour une célèbre partie de cartes ! Alors n’aie pas peur de reconnaître tes plaies et engage-toi à en combattre les causes. Car c’est en assumant sa vulnérabilité qu’on trouve le courage de son espérance. En accueillant le Congrès mondial de la nature chargé d’élaborer de nouvelles recommandations en faveur de la biodiversité en vue de la COP 15 en 2022, tu attires les regards du monde entier sur les rivages de la Méditerranée, cette mer qui a tissé ton histoire et te confie son avenir.
Profite de cette opportunité pour te faire l’écho, non seulement de la clameur de la terre, mais aussi de la clameur des pauvres,
Jean-Marc Aveline, Archevêque de Marseille
Profite de cette opportunité pour te faire l’écho, non seulement de la clameur de la terre, mais aussi de la clameur des pauvres, d’une rive à l’autre de cette mer. Tu le sais d’expérience : rien ne sert de s’émerveiller devant la beauté de la nature si l’on ne sait pas s’indigner quand une vie humaine est bafouée. Je te dis tout cela, Marseille, non pas pour te donner des leçons, mais parce que je suis fier d’être Marseillais et que j’ai mal quand ma ville souffre ou est dénigrée. »
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