L’ancien président Nicolas Sarkozy était l’invité d’honneur, ce vendredi 4 septembre, de l’Union pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE13) à l’occasion du 20e de son Forum des Entrepreneurs. Interrogé sur les similitudes entre la crise économique du Covid 19 et celle de 2008, il a parlé économie, géopolitique mais aussi politique. On vous résume les moments forts de son intervention.
En ouverture : l’appel de Philippe Korcia (UPE 13)
Le président de l’UPE 13, Philippe Korcia, qui avait fait une première rentrée mercredi devant la presse affiche d’emblée son inquiétude face au « mur de dettes » qui se profile pour les entreprises. Et il souhaite plusieurs mesures pour ces dernières :
- Transformation du prêt garanti par l’Etat (PGE) en prêt participatif
- Application des dispositifs d’annulation et de remise partielle des charges sociales
- Création d’« un pacte de préférence régionale » pour relancer les activités et l’attractivité du territoire
- “Retour sur investissement” pour le « versement transport ». Il salue à ce sujetl’appel de Martine Vassal, présente dans la salle, à la création d’une « véritable agence de la mobilité » soutenue par le plan de relance du gouvernement.
Ses derniers voeux concernent la Métropole. « Je veux une métropole d’autoroutes et pas une métropole de ronds-points ». Il poursuit: « Où en sommes-nous des 100 propositions faites en concertation avec l’ensemble du monde économique ? ». Pour lui, l’entreprise et la recherche de talents doivent être au centre du territoire. « La réussite dépend de notre capacité à travailler ensemble ».
A propos de la Foire de Marseille: « sa tenue est vitale pour nos territoires et notre économie »
Philippe Korcia
Enfin il interroge la salle. « Devons nous opposer économie et sécurité sanitaire ? » Sa réponse est bien sûr négative : « la prise en compte du cas par cas doit être envisagée ». C’est pour cela qu’il plaide à la fin de son discours sur un maintien de la Foire de Marseille. « Sa tenue est vitale pour nos territoires et notre économie ». Un message adressé en partie au préfet de la Région présent lors de l’événement.
Nicolas Sarkozy: « La crise doit être un accélérateur de prise de risque »
Après avoir remercié Philippe Korcia et salué Renaud Muselier, le président de la Région Sud, présent dans la salle, l’ancien président de la République a commencé son retour d’expérience sur sa gestion de la crise de 2008. Ses conseils sont univoques: il faut faire « massif » et agir vite. « La maladie de notre société c’est de différer les décisions ». Lui se souvient d’avoir répondu rapidement à la crise économique. Il évoque le discours de Toulon où s’est décidée la garantie de tous les dépôts bancaires pour les entreprises, sans plafond malgré l’opposition de ce qu’il appelle la « technocratie ».
Le bilan a été favorable selon lui. « Personne n’a perdu un centime ». Ce qui l’amène à plaider pour une réponse réactive et risquée en temps de conjonctures économiques incertaines: « La crise doit être un accélérateur de prise de risque ». Et cette réponse appartient au gouvernement uniquement. « Ce n’est pas aux syndicats de décider ».
« À une crise mondiale, il faut une réponse mondiale »
Nicolas Sarkozy
Questionné sur son travail au sein du G20, il rappelle ses ambitions de renforcer la coopération entre les quatorze plus grandes puissances économiques réunies sous le nom de G14. Il raconte fièrement ce moment où il est allé chercher le président américain Georges Bush, « sans doute le dernier président à avoir une ambition unvierselle » à Washington pour organiser conjointement un sommet mondial. « À une crise mondiale, il faut une réponse mondiale ».
Conscient que l’Occident ne pèse plus autant qu’hier dans ce nouveau monde face au « leadership d’Asie », il appelle à une refonte de l’Europe. « Le modèle européen qui a été construit pour les 70 dernières années n’est plus adapté aux réalités d’aujourd’hui ». Il souhaite une Europe plus intégrée. Une Europe qui reposerait sur le couple Franco-Allemand forts de leur rôle de « leader » sur lequel il insiste. Il revient également à plusieurs reprises sur le Brexit. Un « désastre » selon lui. Il regrette cette décision qui fait perdre à l’Europe une pointure du « libéralisme ».
[#FDE2020] @NicolasSarkozy : “Le modèle européen qui a été construit pour les 70 dernières années n’est plus adapté aux réalités d’aujourd’hui.” pic.twitter.com/qS9fbGm4aI
— Upe 13 (@UPE13_) September 4, 2020
Face à la crise, « la réponse par le travail »
Outre sa vision géopolitique du monde économique, Nicolas Sarkozy donne une lecture très politique de la réponse à la crise. Et ce, même s’il dit « ne plus faire de politique ». Il salue sans surprise la baisse des impôts de production de 10 milliards d’euros annoncée par Jean Castex. « La réponse à la crise ce n’est pas plus d’impôts, mais plus de travail. »
Une crise sociale ? Il s’y oppose. « La seule crise qui vaille c’est une crise du travail ». Pas de nouvelles allocations, mais une « meilleure récompense du travail ». Ses positions restent les mêmes que pendant son quinquennat. « La passion égalitariste française nourrit l’injustice ». Une passion qui selon lui, en vient à « décourager les plus motivés ».
Liens utiles :
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