Comme chaque année depuis cinq ans, la Banque de France partage ses analyses sur la conjoncture française et régionale avec les chefs d’entreprise locaux. Au Palais de la Bourse de Marseille, Jean-Christophe Ehrhardt, le directeur régional de l’institution, et Maurice Wolff, membre élu à la chambre de commerce et d’industrie d’Aix-Marseille Provence (CCIAMP), par ailleurs directeur financier du groupe A13 (Bouc-Bel-Air), envisagent une année 2023 mitigée sur le plan économique.
Si les entreprises régionales se sont montrées résilientes en 2022, la Banque de France prévoit un ralentissement de l’activité, des taux d’usure élevés et un pic de l’inflation cet été… contrebalancés par des investissements qui devraient continuer de croître dans l’industrie.
Une croissance estimée à 0,3% contre 2,6% en 2022
L’inflation n’est plus un secret pour personne. Evaluée à +6,2% en février 2023, la Banque de France prévoit un pic cet été, avant une baisse progressive. « On estime un retour à la normale autour de 2% en 2025, annonce Jean-ChristopheEhrhardt, mais les décideurs locaux pensent plutôt que l’inflation se situera aux alentours de 3% ».
Le banquier détaille une inflation due à l’augmentation des prix de l’énergie dopée par la guerre en Ukraine, mais pas que : l’inflation interne et généralisée de l’alimentation, des services et des produits manufacturés représente une hausse de 4,5%. « Et c’est de notre responsabilité », adresse l’expert aux chefs d’entreprise.
L’augmentation des prix engendre une baisse de la consommation « déjà perceptible », prévient Maurice Wolff. Cette tendance, notamment observée auprès des ménages et des entreprises, pèse sur la production et donc sur la croissance. « La croissance économique est estimée à 0,3% en 2023 contre 2,6% en 2022 », reprend le directeur régional de la Banque de France.
Cette baisse de régime ne l’inquiète pas pour autant : « Les économistes ne prévoient pas de récession mais une baisse de l’activité en 2023 pour une reprise en 2024. »
La Banque de France incite les entreprises à investir
De son côté, Éric Stella, responsable des affaires régionales à la Banque de France, observe « des signaux positifs » pour l’investissement dans le secteur de l’industrie. « En 2022, nous observons une progression de 10% des investissements dans le secteur industriel avec des carnets de commande encore haut. Nous analysons une modernisation de l’équipement, voire même un accroissement des capacités de production », se réjouit l’expert.
Afin de poursuivre la dynamique, Jean-ChristopheEhrhardt incite les entreprises à créer des projets et à investir – donc à emprunter – même si « l’argent n’est plus gratuit » et qu’il va falloir composer avec des taux d’usure à 4%. « C’est aujourd’hui qu’il faut investir dans la sobriété et l’innovation », assure le financier. Et de poursuivre : « Nous pensions que les PGE produiraient une diminution globale des encours et que peu de projets trouveraient des financements. Et bien non. Dans la région, mis à part les TPE, l’ensemble des encours des financements continuent à progresser », explique le directeur,« agréablement surpris ».
Liens utiles :
> Retrouver les tendances statistiques de la Banque de France
> [Conjoncture] Inflation, croissance, salaire… À quoi s’attendre en 2022 ?