La Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) Provence Méditerranée a organisé sa première session du 17 au 19 avril 2024 à Lourmarin, réunissant 58 entreprises de la Région Sud, de Corse et d’Occitanie. Cette session qui marque le début du second parcours Provence Méditerranée visait à confronter les participants au constat de l’urgence des transformations nécessaires pour rendre leurs entreprises alignées avec les impératifs environnementaux qui s’imposent progressivement à nous. Retour sur un dispositif inédit pour une expérience unique…
Jean Jouzel : « La réalité, c’est que nous allons vers un scénario à +3°C »
En ce printemps, lors de la session inaugurale du second parcours Provence Méditerranée de la CEC à Lourmarin, une petite voix résonne particulièrement fort parmi les 120 dirigeants présents : Jean Jouzel, 76 ans, est un paléo-climatologue émérite et l’un des “pères fondateurs” du GIEC. C’es lui qui ouvre la rencontre avec un constat sans équivoque : « La réalité, c’est que nous allons vers un scénario à +3°C. »
Ce message, livré sans détour et sans culpabilisation de l’auditoire, rappelle l’urgence de la situation climatique. Il insiste sur la nécessité d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 pour stabiliser le réchauffement à 1,5°C plutôt que 2°C, seule condition pour permettre aux jeunes générations de pouvoir s’adapter… et survivre !
Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, poursuit en soulignant l’ampleur de la crise de la biodiversité. Selon lui, parler de « crise » est un euphémisme, tant l’effondrement de la biodiversité menace directement la santé humaine. « En 2025, 25% des Européens seront victimes de “maladies modernes” telles que la sclérose en plaques, la dermatite atopique ou le diabète » lance-t-il, liant ainsi la dégradation environnementale à des enjeux de santé publique.
L’interconnexion entre nos modes de vie, le climat, la biodiversité et la santé humaine
La perte de la biodiversité ne se résume donc pas seulement à la disparition d’espèces animales ou végétales, mais affecte également la capacité des humains à survivre. Cette session de la CEC Provence Méditerranée met ainsi en lumière l’interconnexion entre nos modes de vie, le climat, la biodiversité et la santé humaine, soulignant la nécessité d’une prise de conscience collective et l’importance de l’intégration de la notion de systémie dans ces phénomènes.
Car l’objectif de la CEC est aussi bien de proposer une compréhension à 360° de la situation environnementale, afin que chaque dirigeant ait la capacité de comprendre l’ensemble des risques et dépendances de son modèle économique vis-à-vis de l’environnement, et notamment d’un environnement dégradé. A terme, cela doit lui permettre d’intégrer les neuf limites planétaires dans les paramètres de pilotage de son activité.
CEC Provence Méditerranée : de la compréhension à l’action
L’organisation millimétrée de la CEC joue un rôle crucial dans la transformation des dirigeants : chaque session, avec ses ateliers, conférences et sous-groupes, est soigneusement planifiée pour favoriser une immersion totale et une compréhension stratégique des enjeux écologiques.
Durant cette session, la méthode CEC, fondée sur la théorie du U d’Otto Scharmer, a guidé les participants à travers un processus de découverte, de surprise et de prise de conscience profondément ancré. En combinant introspection, partage d’expériences et travail collaboratif, cette méthode permet aux dirigeants de reconsidérer leur modèle économique et de s’engager dans une redirection écologique qui va, au fil des sessions, les engager vers une recherche d’impact positif supérieur à l’impact négatif : le cap de l’économie régénérative.
Des témoignages pour illustrer la puissance transformative des parcours CEC
Mathilde Courau de Fatec (alumni Provence Corse 2023) et Christophe Martin de Renault Trucks (alumni premier parcours national) ont illustré cette puissance transformative des parcours CEC. Ils ont partagé les déclics personnels et professionnels vécus pendant les sessions. Ces récits ont renforcé l’idée que la transformation écologique n’est pas que nécessaire, elle est aussi possible !
Pour les acteurs économiques qui ont eu à la fois le courage et la chance de s’embarquer dans ce processus, la CEC offre plus qu’une opportunité ; c’est un appel à l’action urgent. Cette première session a révélé l’étendue de constats écologiques qui amplifient le sentiment de l’urgence d’agir en profondeur.
CEC Provence Méditerranée : former des pionniers de l’économie régénérative
En s’engageant dans ce parcours, les 58 organisations et leurs dirigeants participants à la CEC Provence Méditerranée choisissent d’aller au-delà des normes environnementales et des prescriptions de la RSE : ils deviennent des pionniers d’une économie régénérative, prêts à relever les défis du XXIe siècle sans anxiété et dans la coopération.
Le succès de la CEC, concrétisé par les près de 1100 entreprises de toute la France déjà engagées dans un des 17 parcours, repose sur l’engagement collectif et la volonté de transformer les convictions en actions concrètes. Il démontre qu’ensemble plus qu’en opposition, les entreprises peuvent véritablement relever ce défi de faire basculer le monde économique pour qu’il constitue une réponse aux enjeux planétaires – et non plus seulement un problème.
Alumni CEC Provence Corse
Pierre-Antoine Villanova de Corsica linea : « Tout réapprendre dans nos modes de penser, de faire, de produire »
A la tête de Corsica linea, Pierre-Antoine Villanova a fait partie de la 1ère promotion de la CEC Provence Corse en 2023. Il livre ses impressions sur ce parcours intensif de six mois dédié à la redirection écologique des entreprises.
« Ce tourbillon d’apprentissage aux côtés de dirigeants d’entreprises, scientifiques et acteurs des transitions de tous les horizons est une expérience humaine et professionnelle comme jamais je n’avais vécue auparavant !
A la CEC, une fois que l’on comprend dès la 1ère session que l’on ne sait rien et que l’on doit presque tout réapprendre dans nos modes de penser, de faire, de produire, on se met très rapidement en mode action pour projeter son entreprise dans un nouveau paradigme de création de valeur. On est invité à réfléchir au plan individuel et collectif avec courage et humilité à de nouveaux modes opératoires compatibles avec les limites planétaires. La CEC offre une véritable boîte à outils méthodologique pour une vision renouvelée de la performance de l’entreprise par l’intégration de la valeur environnementale et sociétale dans toute sa chaîne d’opérations, en étroite coopération avec son écosystème de parties prenantes internes et externes.
Pour moi, en tant que citoyen et dirigeant d’entreprise, et pour Corsica linea, le sursaut de la CEC a permis d’accélérer notre mutation pour aller chercher cette ambition chevillée au corps de devenir la compagnie maritime la plus moderne de Méditerranée en 2030 grâce à une vision stratégique innervée par les considérations environnementales et sociétales. Je suis entré à la CEC avec un poids de 300 000 tonnes de CO2, j’en ressors avec l’objectif réhaussé de les réduire de 40% en 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2040 ! »
En savoir plus :
La prochaine session de la CEC Provence Méditerranée aura lieu du 26 au 28 juin à Marseille.
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