Le retour de l’épidémie de Covid-19 dans la région Provence-Alpes Côte d’Azur est encore plus violent que prévu. A l’occasion d’une conférence de presse à distance lundi 9 novembre, l’Agence régionale de santé alerte sur la situation critique : « La circulation virale s’accentue de manière significative depuis deux semaines », prévient son directeur général Philippe de Mester. Selon ses derniers chiffres, le taux de positivité sur la région a atteint aujourd’hui 20%, c’est-à-dire qu’une personne testée sur cinq est positive au Covid-19. Les départements les plus atteints sont les Hautes-Alpes (31,5%) et le Vaucluse (25,7%). Les Bouches-du-Rhône arrivent en troisième position avec un taux de positivité de 21,2%. Et dans les hôpitaux, les conséquences sont terribles.
Le nombre de décès et d’hospitalisation a dépassé les pics de la première vague
Le chiffre le plus marquant présenté par l’ARS est celui du nombre de décès. Sur la dernière semaine, plus de 220 personnes sont mortes des suites de la Covid-19 dans les hôpitaux de la région contre un pic maximal de 160 décès atteint lors de la première vague. « Cela veut dire que nous avons en moyenne trente décès par jour, c’est énorme. Nous n’avions jamais vu cela aux mois de mars avril dernier », s’alarme Philippe de Mester. Le nombre de morts est tellement important que beaucoup d’hôpitaux rencontrent des difficultés pour stocker les cadavres « mais nous sommes en train de trouver des solutions », assure le directeur de l’ARS.
Sur le nombre de patients Covid en réanimation, même constat : « Le pic de la première vague est largement dépassé, prévient Anthony Valdez, le directeur des soins de l’ARS. Dans quatre département sur six, nous sommes à 105% des capacités d’accueil des hôpitaux ». Au dernier décompte, 503 patients Covid occupent un lit de réanimation, soit bien plus que le pic à 420 du mois d’avril. A Marseille, l’AP-HM confirme le phénomène avec un bond de 75 à 98 patients Covid en réanimation entre le 1er et le 9 novembre. Si l’ARS refuse de s’avancer sur des prédictions d’évolution de l’épidémie, elle « espère une phase de décélération au cours de la dernière semaine de novembre », avoue Anthony Valdez.
Une montée en puissance des lits en réanimation
Pour faire face à cette explosion du virus, l’ARS travaille sur une nouvelle montée en puissance de la capacité d’accueil des hôpitaux de la région. Au mois de septembre, elle comptait 480 lits de réanimation disponibles. Aujourd’hui, ce chiffre est monté à 760 et « on veut monter jusqu’à 850, ce qui nous permettra de prendre tout le monde en charge », promet Philippe de Mester. Selon les prévisions de l’Institut Pasteur sur lesquelles s’appuie l’ARS, le nombre de patients Covid en réanimation devrait atteindre son pic à la fin du mois aux alentours de 604 personnes.
Contrairement à la première vague, les hôpitaux n’ont pas arrêter de prendre en charge les autres pathologies « même si nous avons commencé les déprogrammations », avoue le directeur de l’ARS. Il demande seulement aux équipes médicales « d’apprécier la nécessité des interventions en fonction de la gravité des cas. C’est une déprogrammation raisonnée ». L’ARS s’inquiète aussi de la situation dans les Ehpad où le nombre de clusters semble exploser. Le 1er octobre, l’agence en recensait 89 et ils sont au nombre de 182 aujourd’hui.
Une deuxième vague plus violente avec un confinement moins strict
Difficile pour l’ARS d’expliquer les raisons de la gravité de cette deuxième vague. « Nos épidémiologistes n’ont pas d’explications », avoue Philippe de Mester. Mais le directeur de l’ARS souligne tout de même que ce nouveau confinement « différents du premier avec davantage de dérogations » pourrait être plus efficace : « Nous avons encore une marge de progression », estime-t-il. Il demande donc aux habitants de « respecter les règles du confinement pour sauver des vies » et rappelle « le lien mécanique direct entre le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale sur la progression du virus ».
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