A cause de la pandémie, les avions sont cloués sur le tarmac des aéroports français. A Marseille, le trafic est quasiment au point mort : « Nous n’avons plus que cinq vols par jour vers la Corse et Paris pour assurer la continuité territoriale contre une cinquantaine habituellement », explique Julien Boullay, le directeur commercial et marketing de l’aéroport Marseille Provence. Les dirigeants de la plateforme de Marignane ont dépeint un tableau des plus sombres lors d’une conférence de presse jeudi 23 avril. En mars, le trafic a fondu de plus de la moitié et en avril, c’est 99% de son activité qui a disparu. L’aéroport marseillais affiche le triste score de 300 passagers par jour contre plus de 30 000 habituellement.
« Nous ne pouvons pas maintenir ces investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros »
Philippe Bernand
La France a fermé ses frontières avec l’ensemble des pays en dehors de l’espace Schengen et le confinement a fini de mettre un terme au trafic aérien. Une situation exceptionnelle qui coûte entre 7 et 8 millions d’euros de trésorerie par mois à l’aéroport pour simplement maintenir le minimum vital. Seul le terminal 1B reste opérationnel pour assurer la réception des derniers avions de passagers et de fret. Sur plus de 300 salariés employés habituellement par l’aéroport, il ne sont plus qu’une trentaine à continuer de travailler « Les autres sont en congés, en RTT ou en chômage partiels », indique Philippe Bernand, le président du directoire. Les grands projets d’agrandissement de l’aéroport vont également être reportés, notamment la nouvelle jetée d’embarquement pour les longs-courriers programmée pour 2027. « Nous ne pouvons pas maintenir ces investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros prévus pour accroître notre capacité alors que nous ne savons même pas à quel rythme nous allons repartir », justifie Philippe Bernand.
Aéroport : Une baisse du trafic de 46% au minimum en 2020
La situation financière de l’aéroport est des plus inquiétantes avec un chiffre d’affaires qui a baissé de 13 millions d’euros par mois contre 14 millions habituellement. « Sur deux ou trois mois, ça reste gérable. Mais comme si on peut le craindre, la situation ne se redresse pas avant plusieurs années, on ne pourra pas s’en sortir seul », avoue Patrice Escorihuela, le directeur financier de l’aéroport. Il estime que l’aéroport pourra tenir jusqu’en septembre mais qu’il aura besoin d’une rentrée de 30 millions d’euros supplémentaire pour finir l’année.
Pour résister à la crise, l’aéroport a contracté un emprunt de 25 millions d’euros en mars et fait appel au Prêt garanti par l’Etat. En fermant ses terminaux et avec le chômage partiel, la plateforme a réussi à économiser 15 millions d’euros de plus. Des mesures d’urgence qui ne suffiront pas sur le long terme « D’autant que nous n’avons aujourd’hui, aucune certitude sur une éventuelle date de réouverture du trafic », s’inquiète Philippe Bernand. Et son directeur commercial d’avancer : « A l’origine, on nous parlait de juillet mais les dernières informations semblent plutôt s’orienter vers septembre ! ». Dans ses dernières prévisions, l’aéroport table sur une baisse du trafic de 46% sur 2020 « et c’est optimiste car on se base sur une relance en juillet », précise Julien Boullay. Alors qu’il pensait dépasser les 10 millions de passagers cette année, l’aéroport ne devrait pas atteindre les 6 millions. « Et les années suivantes devraient encore souffrir de cette crise. La reprise va être longue », prévient Philippe Bernand.