L’Etat appelé à rembourser le coût des missions de sûreté
« Cette crise affectera de manière durable la façon dont on opère un aéroport », estime le président du directoire de la plateforme de Marignane. Depuis l’annonce d’un possible déconfinement au 11 mai, l’aéroport a commencé à travailler sur une stratégie de reprise. Matériellement tout d’abord, il va devoir mettre en place de nouveaux systèmes de désinfection des zones d’embarquement, des masques obligatoires pour les passagers, des équipements de protection pour les travailleurs…
Ensuite, assurer son propre avenir financier. « Et cela passe par une solidarité avec nos partenaires », assure Philippe Bernand. Pour protéger ses fournisseurs, l’aéroport a sécurisé le paiement de 150 entreprises pour un montant de 8 millions pour le mois de mars. Pour les compagnies, le stationnement des avions est gratuit. Et pour ses clients, elle a gelé les échéances qui lui sont dues. Par contre, l’aéroport attend une nouvelle aide de l’Etat notamment sur le coût des missions de sûreté qui lui sont déléguées. Habituellement, cette dépense est remboursée par une taxe sur les billets d’avions reversée par les compagnies à l’aéroport mais faute de vol, il n’ y a plus rien. « De plus, les compagnies n’ont pas versé leur part de février », ajoute Philippe Bernand. Cette taxe régalienne représente un manque à gagner de 40 millions d’euros environ pour l’aéroport qui estime que c’est à l’Etat de la compenser. « On entend parler de soutient pour Aéroport de Paris et Air France mais l’Etat ne doit pas oublier les aéroports de province qui sont indispensables à l’économie du pays », rappelle Philippe Bernand.
Pas de retour à la normale avant 2022
« Il faudra au moins 18 mois pour retrouver notre activité d’avant.»
Globalement, la direction de l’aéroport Marseille Provence reste suspendue aux annonces de l’Etat : « Sur la reprise, c’est la grande incertitude et les prévisions du lendemain sont toujours pires que celles de la veille. Nous sommes terriblement dépendants des décisions gouvernementales et européennes », explique Philippe Bernand. Refusant de prédire l’avenir, il reste très pessimiste quant à un retour à la normale rapide : « Il faudra au moins 18 mois pour retrouver notre activité d’avant. On devrait encore faire entre -15 et -20% par rapport à 2019 l’an prochain », estime-t-il. Encore faut-il que les compagnies aériennes survivent à cette crise. Certaines comme Air Canada et Sun express ont d’ores et déjà annulé leurs vols depuis Marseille pour l’été. « Et les grandes compagnies comme Air France, Lufthansa ou British Airways mettront de nombreux mois pour remettre tous leurs vols chez nous », prévient-il. Pour le patron de l’aéroport, une reprise rapide ne pourra se faire que si « l’ensemble des mesures au niveau européen voire mondial sont prises en cohérence pour assurer une sécurité à tous les passagers et éviter de reproduire les erreurs du passé ».
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