Les élus de la Métropole Aix-Marseille Provence (MAMP) ont approuvé, jeudi 5 décembre 2024, la feuille de route visant à accélérer la réindustrialisation du Golfe de Fos-Etang de Berre. « La Métropole est engagée depuis le début de l’année aux côtés de l’État, de la Région, des communes, du GPMM et des industriels, dans l’élaboration d’une vision stratégique partagée sur l’avenir de l’Ouest du territoire métropolitain. Notre ambition est claire : faire du port de Marseille-Fos le 1er pôle industrialo-portuaire décarboné de la zone Euromed-Afrique », souligne Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
Les sujets sont très nombreux car il s’agit non seulement d’implanter de nouveaux projets industriels (comme les giga usines de Carbon et Gravhithy, total de 10 000 emplois directs nouveaux attendus) mais aussi de déterminer les investissements indispensables en matière d’énergie, d’aménagement et de mobilité, définir les besoins de formation et en emplois de demain…
« Les 4 axes stratégiques ainsi que les conditions de réussites prioritaires à horizon 2030 :
Assurer une attractivité économique et résidentielle.
Renforcer les infrastructures et réseaux d’utilités pour soutenir les technologies vertes et offrir un hub multimodal.
Planifier un développement respectueux de l’environnement et de la qualité de vie des habitants.
Mettre en place une gouvernance portant les dimensions stratégiques et opérationnelles.» Source MAMP
Une équipe de préfiguration du GIP
Pour gérer cette feuille de route, la présidente de la Métropole a annoncé la future création d’un groupement d’intérêt public (GIP). « Sans plus tarder, une équipe de préfiguration va être installée pour aboutir à la constitution d’un Groupement d’intérêt public (GIP) à la gouvernance élargie, afin d’amplifier la dynamique et lancer, dans les meilleurs délais, les opérations d’aménagements dont le territoire et les acteurs économiques ont besoin » déclare l’élue, également présidente du Département. Devant les conseillers métropolitains, elle parle d’un GIP avec « une gouvernance élargie pour lancer les opérations d’aménagement sur le territoire. »
Cette annonce semble clore en apparence l’hypothèse de création d’une autre structure qui aurait pu encadrer les projets comme une opération d’intérêt national. Une mission interministérielle a d’ailleurs rendu un rapport fruit du travail d’inspecteurs généraux missionnés pour faire des propositions de gouvernance. Ce rapport est désormais sur la table des cabinets ministériels (à défaut de ministres). Plusieurs hypothèses et étapes associées y seraient évoquées, et pas seulement un GIP comme celui mis en place à Dunkerque. Gaby Charroux, le maire de Martigues souhaite lui la création d’un « véritable établissement public avec un budget dédié.»
Depuis deux ans et les annonces des grands projets de décarbonation projetés sur Fos, un comité réunissait déjà autour du préfet, la Métropole et la Région pour jeter les bases d’une coordination et d’une feuille de route. Autre outil mis en place : le Laboratoire Territorial Industrie animé par Régis Passerieux, l’ex sous -préfet d’Istres, et désormais commissaire délégué à la transition industrielle, écologique et énergétique de la zone Fos-Berre auprès de Christophe Mirmand, le préfet de Région.
Des comités de pilotage Etat, Métropole, Région
L’année dernière Régis Passerieux avait évoqué l’organisation souhaitable pour accélérer afin de « donner une cohérence d’ensemble. » Un comité stratégique, réunissant l’Etat, la Région et la Métropole avait été mis en place en décembre 2023 avec tout un dispositif déployé au cours des derniers mois.
« Afin d’accompagner ce mouvement de reconversion industrielle d’ampleur, les acteurs institutionnels et économiques et les industriels locaux sont engagés depuis la fin de l’année 2023 dans une démarche d’élaboration d’une vision stratégique et partagée du développement industriel du territoire à l’horizon 2030, puis 2040/2050. La Métropole co-pilote cette démarche aux côtés de l’Etat et de la Région avec la mise en place d’une comitologie ad hoc alimentée par le travail de 5 groupes de travail thématiques dont trois sont co-pilotés par la Métropole, selon ses compétences. Les acteurs économiques et les industriels sont fortement impliqués » peut-on lire dans le rapport voté jeudi 5 décembre.
Et de préciser que « l’organisation mise en place est dirigée par un Comité de pilotage annuel, auquel rend compte un Comité technique supervisant les travaux des Comités opérationnels mensuels pour l’accompagnement des projets et des cinq groupes de travail. Cette organisation vise à dégager un cadre partagé englobant l’ensemble des dispositifs mis en œuvre en termes de politique industrielle et de décarbonation sur l’espace visé. »
Quid des financements ?
Avec une feuille de route adoptée, des comités de suivi et une prochaine gouvernance, les choses se mettent donc en place localement. Il reste désormais à financer les opérations, non seulement industrielles (10 milliards) mais aussi les infrastructures nécessaires notamment routières. Si Martine Vassal incite devant le conseil métropolitain à réfléchir à « des instruments de financement public – privé » elle réclame l’engagement de l’Etat. « Nous attendons désormais des engagements forts de la part de l’État à la hauteur des enjeux qui dépassent notre seule Métropole et concernent le pays tout entier et même l’Europe » observe Martine Vassal.
Dans une période politique et budgétaire nationale très instable, les engagements publics pourraient prendre du retard. De longs mois ont déjà étaient perdus depuis la dissolution de juin dernier. L’absence de gouvernement et de budget depuis la chute du Premier ministre mercredi 4 décembre ouvre encore une nouvelle phase d’attentisme.
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