Comment pourrait-elle se développer ?
Aurélie Thomas : Par une grande diversité de l’offre de services et de commerces : les emplois de la sphère présentielle dépendent du volume de revenus qui circule, mais la circulation des richesses n’est possible que si cette offre de services existe. De plus, la présence de biens et services peut constituer un facteur d’attractivité auprès des populations, voire des entreprises candidates à l’installation. Ainsi, l’effet économique de l’offre de centralité des quotidiens (commerces, services, infrastructures publiques et privées) est double : à la fois un facteur d’attractivité de nouvelles populations et entreprises avec leurs nouveaux revenus et un facteur de circulation des richesses dans les territoires.
La qualité de vie est un atout pour attirer les facteurs de production : la géographie de l’emploi tend à suivre la géographie de la préférence des ménages. Le choix de ces derniers, notamment des catégories sociales supérieures, très sensibles au cadre et aux conditions de vie, deviendrait prépondérant et commanderait celui des emplois. Cette perspective n’est pas sans incidence sur la manière d’appréhender les leviers d’action à la disposition des acteurs publics. Les aménités résidentielles ne sont plus alors exclusivement considérées comme un atout en matière d’attractivité résidentielle mais également comme un élément favorable en matière d’attraction des facteurs de production.
Un territoire compétitif doit s’organiser pour améliorer les différentes facettes d’une qualité de vie agréable et d’un cadre de vie séduisant.
Aurélie Thomas
Par ailleurs, c’est aussi cette qualité de vie qui permet de retenir sur son territoire les talents, les entreprises, les investisseurs. En effet, il ne suffit pas d’attirer de l’extérieur pour créer du développement mais bien de faire en sorte que les acteurs (individus ou organismes) ne repartent pas. Un territoire compétitif doit s’organiser pour améliorer les différentes facettes d’une qualité de vie agréable et d’un cadre de vie séduisant. Ceci pour contribuer à une économie florissante et ouverte sur l’avenir.
Existe-t-il des politiques publiques qui influent sur le développement de l’économie présentielle ?
Aurélie Thomas : En matière d’action publique, cela revient à créer les conditions d’une augmentation de la propension à consommer localement. Cela passe par une stimulation et une structuration de l’offre locale pour répondre à la demande et aux besoins existants (offre transports en commun, offre commerciale, structuration de l’offre de services à la personne, structuration de circuits courts de production et de consommation, offre culturelle…).
La mise en place de dispositifs de soutien à la demande pour encourager la consommation de biens et services locaux est aussi une piste : incitations financières pour utiliser un matériau local ou des savoir-faire présents sur le territoire, mise en place de règlements avec spécification technique dans le cadre d’un Plan local urbain pour stimuler la demande et l’orienter vers des solutions proposées localement.
Aurélie Thomas, chargée d’études économie au sein du pôle développement économique et stratégie de l’Agam, a la double formation en économie et sciences politiques, elle a étudié à Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et est titulaire d’un Master 2 action publique territorialisée d’Aix Marseille Université. Elle a participé à de grands travaux d’analyse et de prospective du territoire dont notamment :
Document d’intérêt stratégique sur l’Internationalisation de la future Métropole Aix-Marseille-Provence pour la Mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence.
L’affirmation euroméditerranéenne et mondiale d’Aix-Marseille-Provence pour la Mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence.
Elle a été consultante au sein du Cabinet Sémaphores Territoires du Groupe Alpha où elle était spécialisée dans les études de marché, l’immobilier et le logement.