Une semaine après l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, l’enquête judiciaire s’accélère avec des perquisitions dans les services municipaux de la Ville de Marseille et à Marseille Habitat. Le point.
« Des perquisitions ont lieu ce mardi 13 novembre dans les services municipaux de la Ville de Marseille, notamment celui de l’urbanisme, dans le cadre de l’enquête sur l’effondrement de deux immeubles, rue d’Aubagne, le lundi 5 novembre », a déclaré le procureur de la République, Xavier Tabareux, ce jour, à l’Agence France Presse, confirmant une information de nos confrères de Marsactu. L’enquête ouverte pour flagrance par le parquet de Marseille a été confiée à la police judiciaire pour déterminer les causes exactes du drame et établir d’éventuelles responsabilités. La mairie centrale, le service urbanisme et le siège du bailleur social Marseille Habitat, auquel appartenait l’un des immeubles qui s’est effondré au terme de dix ans de procédure, ont été perquisitionnés.
Selon nos informations, des documents administratifs, notamment relatifs aux arrêtés de péril imminent, auraient été saisis, ainsi que des ordinateurs. Pour rappel, l’immeuble 65 de la rue d’Aubagne avait fait l’objet d’un arrêté de péril « grave et imminent » le 19 octobre dernier. Malgré cette mesure, les occupants avaient été évacués, avant de regagner leurs appartements après l’avis d’un expert : cinq d’entre eux sont morts et trois de leurs connaissances. Qui a donné le feu vert pour leur permettre de regagner leur domicile ? C’est l’une des nombreuses questions auxquelles l’enquête en cours doit répondre. Les locataires s’étaient également plaints à plusieurs reprises auprès du syndic chez qui des documents et ordinateurs ont été saisis dès le lendemain du drame.
Des dizaines d’enquêteurs sont mobilisés et ont déjà réalisé « énormément d’auditions », a précisé une source policière à l’Agence France Presse. Pour l’heure, elles n’ont débouchées sur aucune garde à vue et devraient se poursuivre encore de « nombreuses semaines ». Parallèlement aux différentes expertises menées autour de ces immeubles déjà signalés pour leur état de délabrement, les enquêteurs continuent de s’intéresser aux gravats des immeubles à la recherche « de tout élément utile à l’enquête ».
La Ville toujours sous le feu des critiques
De son côté, la Ville pointée du doigt depuis l’événement tragique, estime que ces perquisitions « sont normales » dans le cadre de l’enquête et « même nécessaires pour faire la lumière sur ce qui s’est passé », assure à BFMTV la responsable du service urbanisme. La municipalité dit aussi vouloir ouvrir ses portes et donner accès à tous les documents pour que l’enquête avance.
Même si l’enquête judiciaire, toujours sous la direction du procureur de la République, n’en est qu’à ses prémices, le maire LR de Marseille Jean-Claude Gaudin continue d’être sous le feu des critiques. Samedi, depuis son bureau de l’Hôtel de Ville, Jean-Claude Gaudin, vivement critiqué, a entendu les appels à sa démission, scandés par des milliers de personnes à l’occasion de la marche blanche. Le lendemain, à l’occasion d’une conférence de presse, le maire a reconnu, pour la première fois, que la Ville « n’avait pas assez fait », pour lutter contre l’habitat insalubre, refusant toutefois d’endosser une responsabilité tant que l’enquête n’est pas terminée. « Nos juristes ont le sentiment que nous n’avons pas de faute particulière à nous reprocher. S’il y avait des attaques en justice et la Ville s’avérait responsable, je regarderais ça avec beaucoup d’attention ». Malgré la tempête, le maire a réitéré son intention de ne pas démissionner, voulant rester capitaine à la barre du navire.
Une nouvelle manifestation intitulée « Marche de la colère » est prévue ce mercredi 13 novembre à 18 heures, en bas de la rue d’Aubagne.
Liens utiles
> Bilan, reprise des recherches, marche blanche… le point après l’effondrement rue d’Aubagne
> Au banc des accusés, la Ville de Marseille défend sa politique du logement
> Effondrements rue d’Aubagne : le temps des questions et des responsabilités
> La Ville de Marseille face à la catastrophe de la rue d’Aubagne : mobilisation et précisions
> Deux immeubles s’effondrent à Marseille : le point sur les derniers développements
> Effondrement rue d’Aubagne : les habitants du secteur pris en charge
> [Mobilisation] Lancement du #solidaritéhabitantsruedAubagne à Marseille
>Marseille en commun appelle à une « conférence citoyenne » sur l’habitat indigne