Vous avez la même volonté que Frédéric Chevalier de porter thecamp à l’international, une manière aussi de faire rayonner le territoire ?
O.M. Effectivement. J’ai pas mal baroudé entre les Etats-Unis et l’Asie, un peu en Europe aussi. Je me rends compte qu’il y a une voix assez unique de la France et de l’Europe, avec un regard humaniste mais qui est entendue à l’international. D’ailleurs, on le voit quand Emmanuel Macron fait la couverture de Forbes cette semaine. Dans le monde de l’entreprise, de l’économie et de la politique, il me semble qu’il y avait besoin d’une voie un peu différente, et je crois que la vision de Frédéric Chevalier, c’était aussi d’aller dans cette direction pour offrir un rayonnement à l’international, faire venir des campeurs du monde entier, mais j’aimerai faire aller thecamp à la rencontre des autres, à la rencontre d’autres cultures… Si l’on veut contribuer à faire rayonner la France à l’international, il faut porter un discours positif et éthique sur l’investissement, décider d’être acteur du changement et proposer un contenu unique. Nous avons donc une voix à porter, pour que ça résonne à l’international. On peut imaginer, comme le font les entrepreneurs ou les “start-uppeurs”, déployer la marque thecamp à l’international…
Comment ce label thecamp ou cette marque peut prendre corps à l’échelle internationale ?
O.M. Ce que je voudrais, et je suis assez suivi par les actionnaires, c’est de faire de thecamp une marque référente internationale, et qu’on puisse avoir d’autres thecamp, qui essaiment dans le monde, à Beyrouth, Marrakech, Lisbonne… J’aime l’idée que ce soit autour de la Méditerranée, de l’Europe du sud, l’Afrique… Parce que là, la voix de la France peut être très légitime. Il existe cette capacité à se dire que si l’on crée d’autres thecamp, pour lesquels on va essayer de discuter avec des gouvernements et des Etats, on retrouvera la même alchimie d’un lieu incroyable, une architecture étonnante et des personnalités particulièrement inspirantes qui viennent de différents univers et qui constituent ce contenu dont je parlais.
Emmanuel Macron est venu poser la première pierre de thecamp. Comment aujourd’hui, le gouvernement peut vous aider pour offrir cette visibilité et cette crédibilité à l’international ?
O.M. Je suis allé à l’Elysée, à Matignon, voir la BPI… J’ai sondé un peu avec ma casquette France Digitale. Je suis allé les voir avant même d’avoir accepté cet honneur de la présidence de thecamp. Ce sont des organes importants qui donnent des impulsions, mais les collectivités locales comme la Région, la Métropole… le sont tout autant. C’est très important car dans d’autres pays c’est plutôt les initiatives privées qui prennent le dessus. Je voudrais essayer de maintenir un mélange des deux, un bon équilibre privé-public parce que souvent les entreprises ont une vision à un peu plus court terme. Les collectivités locales, elles, sont censées avoir une capacité d’investissement à plus long terme. Le mélange des deux est d’ailleurs un savoir-faire assez unique et très français.
Et comment est perçu thecamp depuis l’Elysée ou Matignon alors ?
O.M. J’ai compris que l’on percevait une très forte ambition, ce qui m’a réjoui, et cela a soulevé une question : que va-t-on en faire ? J’aimerais que thecamp soit un modèle économique démontré, qu’il puisse ensuite s’exporter et pourquoi pas, dans un troisième temps, ou en parallèle, imaginer une structure d’investissement. Si on croit à un certain nombre de projets sur la ville de demain, la mobilité de demain, les énergies… des sujets qui vont être économiquement de plus en plus viables, il y a matière à investir. Il y a de quoi lever des fonds et créer le véhicule d’investissement qui ira jusqu’au bout.
A quelle échéance comptez-vous créer cette structure d’investissement ? C’est aussi un moyen d’investir localement en tant que business angel ?
O.M. Cela ne se fera peut-être pas en 2018, car ça prend un peu de temps, puis elle est à définir avec les actionnaires actuels, la BPI… tous les acteurs qui sont traditionnellement investis dans le secteur du financement. Je suis semi-professionnel en tant que business angel, on pourra s’adjoindre les compétences de véritables professionnels de l’investissement dans l’esprit de thecamp, c’est-à-dire, en recherchant toujours cet impact positif et transformateur lié à l’innovation et dans ce cas ça sera l’occasion d’investir à la fois localement, et internationalement sur des entrepreneurs qui ont un lien avec thecamp.
Justement, thecamp est un outil pour les start-up d’Aix-Marseille French Tech. Comment rendre plus performantes encore les interactions entre le campus et l’écosystème local ?
O.M. Ce que j’ai envie de faire essentiellement c’est d’augmenter l’attractivité de la région, même si j’ai encore un pied à Paris, mais c’est intéressant de jouer sur les deux pieds. A AMFT, on s’implique à plusieurs, Pascal Lorne, Marc Schillaci etc… pour créer des interactions entre les grands groupes, les administrations, et je pense que thecamp est l’une des plateformes tournantes intéressantes car beaucoup de grands groupes y viennent… Typiquement avec AMFT, je vais organiser une journée de France Digitale qui va venir en juillet. Tous les investisseurs parisiens, les grands fonds d’investissement seront présents pour échanger. Je vais aussi réfléchir à l’offre que peut proposer thecamp aux patrons de la région, qui ont, aussi, je pense l’envie de travailler sur l’attractivité.
Vous les avez déjà approchés ?
O.M. J’ai commencé à discuter avec le Top 20, l’UPE13, la CCIMP… et j’aime-nt qu’il y a un défi très présent autour de la mer et des transports.
Avec tous ces contacts, d’autres acteurs privés ou institutionnels vont ils vous rejoindre dans les prochains mois ?
O.M. Nous y travaillons. J’ai identifié certains secteurs manquant à thecamp pour lesquels nous pouvons avoir de véritables partenariats sur du long terme. Je vais aller voir des groupes alimentaires, car la grande distribution aussi doit être représentée. En France c’est un peu en souffrance mais c’est quand même l’un des secteurs les plus puissants au monde. J’aimerai aussi voir des grands distributeurs qui définissent notre façon de consommer, le circuit de production et d’approvisionnement… Il y a également le secteur du luxe, ce serait intéressant qu’un ou deux soient de véritables partenaires sur du long terme. Le luxe, la cosmétique… sont des secteurs forts en France, et c’est forcément des gens qui ont un impact sur le pouvoir d’achat, la consommation. Et puis il y a l’automobile, le transport individuel… sous le prisme de mieux se transporter, de mieux construire…
Et Rakuten pourrait devenir un futur investisseur, non ?
O.M. Du côté de Rakuten on est juste en train de lancer la marque en France, toutes les équipes sont déjà bien débordées, mais pourquoi pas l’année prochaine. C’est une bonne question (rires). Je le proposerai vous avez raison, c’est un bon point.
Quelle est votre première mission à court terme en tant que président ?
O.M. La prochaine étape, la plus courte dans le temps, va être de constituer un « board ». On n’a pas encore défini son appellation, mais c’est un concept dans lequel il y aura des gens dans un bon équilibre je l’espère entre homme-femme, privé-public, et créatifs, universitaires et entrepreneuriaux, pour porter un certain nombre de projets que je vous ai décrit. Des personnalités qui pourront travailler avec les équipes et qui donneront un effet de levier pour aller encore plus loin.
C’est un comité d’experts en quelque sorte ?
O.M. J’espère que ce sera plus qu’un comité d’experts, que ses membres seront impliqués, qu’ils ne se réuniront pas seulement une fois de temps en temps, mais qu’ils pourront donner des impulsions. On a déjà contacté quelques personnalités mais je ne peux pas vous parler car il faut d’abord qu’elles donnent leur accord… des personnalités françaises qui rayonnent à l’international, et d’autres qui vivent à l’étranger et qui s’intéressent à la France; et comme on a l’attractivité de la région Provence, ils seront contents de venir… On peut dire que c’est une sorte de « conseil d’impulsions », si vous voulez (rires). Comme à chaque fois à thecamp on invente des choses qui n’existaient pas vraiment, on doit alors inventer le vocabulaire. D’ailleurs, il y a un mot que j’aime bien, c’est « entrainement ».
Et pourquoi ce mot en particulier ?
O.M. On dit que c’est un camp de base du futur, mais j’aime aussi l’idée qu’on vient s’y entrainer, se former, et comme dans le sport, où il y a une volonté forte de réussir. Il y a aussi un autre sens du mot entrainement, c’est celui d’entrainer les autres, comme une musique entrainante. J’aime l’idée que ceux qui passent par thecamp et qui retournent dans leur entreprise puissent entrainer les autres et s’en faire les porte-paroles.
Lien utile.
> Retrouvez notre premier volet : Le nouveau président de thecamp Olivier Mathiot : convictions et ambitions (1/2)