C’est une équipe hybride de professionnels aguerris des énergies renouvelables, venant d’Envinergy et Tenergie, qui ressort des cartons une méthode de stockage de l’énergie complètement écologique, mais que l’on croyait réservée aux montagnes germaniques ou helvétiques : le Step, le Transfert d’énergie par pompage.
C’est une solution de rêve pour les énergies alternatives. Le principe en est simple : lorsque la production énergétique est à son maximum, le Step va pomper l’eau d’un bassin aval pour la monter vers un réservoir situé en amont. Et lorsque ce bassin est plein, il constitue une réserve d’énergie qui peut être actionnée à la demande, quelles que soient les circonstances climatiques ou atmosphériques. Cette solution permet de stocker l’excédent d’électricité, notamment issues des énergies renouvelables, pour le restituer lors des pics de demandes.
Les perspectives en développement mondial [1], semblaient bouchées en France, puisque les premiers inventaires n’avaient pas permis d’identifier des binômes de bassins potentiels inondables qui se situeraient dans un relief suffisant pour turbiner et produire généreusement de l’électricité. L’infrastructure aurait, de plus, du mal à se faire accepter avec barrages, canalisations et local pour turbiner. Il est difficile d’envisager les parcs naturels des Écrins ou du Mercantour acceptant de tels équipements, même si leur production est totalement écologique.
Envinergy et Tenergie deviennent Next Step Energy
Et pourtant, le Step va se développer en Corse puisque Next Step Energy, fruit de l’alliance entre Envinergy et Tenergie, vient de remporter le premier Appel à manifestation d’intérêts (AMI) national pour le développement d’une station de transfert d’énergie par pompage en Corse, initié par la ville d’Ajaccio sur le vallon de Saint-Antoine, à proximité du lieu où sera installé un champ photovoltaïque.
En prospectant son domaine foncier privé, la Ville d’Ajaccio a ainsi identifié un site présentant a priori d’importants atouts pour l’implantation et la valorisation d’une micro-Step raccordée au réseau de distribution électrique. Cette infrastructure affichera une puissance de 4 MW et permettra de stocker et restituer plus de 10 GWh d’énergie par an, contribuant ainsi à la stabilisation et à la sécurisation du réseau électrique corse.
« Les montagnes, bien plus que de simples paysages, ose dans un communiqué Next Step Energy, deviennent de véritables piliers d’une production d’énergie propre et durable, au service des générations futures. »
Un potentiel de 6 000 MW
L’idée vient de loin. Antoine Guibert, ingénieur en hydraulique, président d’Envinergy, un cabinet de conseil en transactions à Frontignan, visitait en 2008 la plus ancienne Step hydroélectrique française, située à Munster. Il a étudié ensuite 300 petites centrales hydroélectriques classiques, dont une trentaine avec des ouvrages de stockage divers (lac, étang, retenue collinaire). Féru d’innovation et conscient de l’enjeu majeur que représente le stockage de l’énergie, il élabore alors durant une dizaine d’années un concept disruptif de Step, principalement en imaginant des usages plus modestes, des « micro-step ».
Le projet passe à un stade plus avancé dès 2019 et, en 2022, il s’accélère avec la création de la société Next Step Energy basée en Isère, en association avec Tenergie, un développeur et producteur français indépendant d’énergies renouvelables depuis 2008, pour « accompagner les territoires dans la transition énergétique grâce à des solutions vertueuses et innovantes ». Le potentiel serait de 6 000 MW, dont 2 500 MW en Savoie seule.
Next Step Energy est dirigée par les quatre cofondateurs, Antoine Guibert (Président d’Envinergy), François Trabucco, directeur général de Tenergie, Gauthier Dieny, directeur général délégué innovation & nouveaux marchés de Tenergie et Xavier Aubiny, directeur développement de Next Step Energy, appuyés par une équipe opérationnelle. Afin de favoriser l’innovation, NSE s’appuie sur un comité scientifique composé de spécialistes en hydroélectricité et en turbines pompes :
- Jacques Fonkenell, un des ingénieurs français les plus innovants en hydroélectricité des 40 dernières années.
- Gérald Vullioud, ancien directeur R & D chez Andritz, le n° 2 mondial des turbines
- Philippe Duchevet, expert en électricité des centrales hydroélectriques.
- Serge Fouquet, ancien responsable des groupements d’exploitation de centrales hydroélectriques chez EDF.
[1] La puissance installée des centrales de pompage-turbinage atteint 175 060 MW dans le monde fin 2022, dont 44 741 MW en Chine (25,6%), 27 470 MW au Japon (15,7%) et 22 008 MW aux États-Unis (12,6%), ces trois pays rassemblant 53,9% du total mondial. La part de l’Europe (56 470 MW) est de 32,3%.