Sommes-nous entrés dans le 2e âge de la microélectronique dans la Haute vallée de l’Arc ? Avec la construction en cours d’une unité de production à Trets de 2000 m² à côté des ateliers et siège de 3 700 m2 pour la société Eyco, nous voyons pour la première fois depuis les années 90, une unité de production sortir de terre avec en perspective des produits innovants et une volonté de reconstruire une filière microélectronique made in France.
Le fondateur de Eyco, Éric Eymard, 54 ans, connaît bien la filière, son ambition est, déclare-t-il à Gomet’, « de créer une base d’apprentissage pour les jeunes générations ; il y a dit-il une responsabilité sociale en France et en Europe de créer un mouvement collectif pour la réindustrialisation, il faut des projets sur les savoir-faire qui nous restent et réengager un cercle vertueux qui réamorce une spirale d’innovation et de développement. »
« Le secteur du micropackaging (1) déplore-t-il s’est appauvri nous avons la volonté de le redéployer ».
Que fabrique Eyco créée en 2021? « Des smart circuits d’aujourd’hui et de demain » affirme son site web. Éric Eymard, ingénieur, ancien de Linxens, explicite : « Nous fabriquons des microcircuits intelligents de détection et de communication qui sont de l’ordre de quelques microns. Ils sont capables de capter une information avec, en quelque sorte, des antennes et ils transfèrent cette information en toute sécurité ; on les retrouve par exemple dans les nouveaux documents d’identité avec un système de radiofréquence. » Pour les nouvelles cartes d’identité et passeports équipés d’une « puce » il faut en effet émettre une information et avoir un équipement de lecture sécurisé des data sensibles.
Les microcircuits sont aussi utilisés dans le domaine médical, pour les paiements, la sécurité et les télécommunications. Eyco assure une connectivité optimale et une transmission et protection de données sûre et efficace.
Eric Eymard (Eco) : « L’équation économique ne justifie pas un transfert d’activité vers l’Asie »
Capable de produire massivement, Eyco détient des briques technologiques que ses ingénieurs et chercheurs adaptent au client dans un climat de confiance et de coopération revendiqué. « Nous co-développons avec nos clients des produits plus connectés pour des applications plus intelligentes » affirme Eyco.
Le fondateur ne craint pas la concurrence asiatique sur ces produits-là, car dit-il « ils ont un faible coût de main-d’œuvre directe, par contre ils demandent de fortes compétences. L’équation économique ne justifie pas un transfert d’activité vers l’Asie. » Si Éric Eymard affiche, dans sa blouse blanche de chercheur, une grande sérénité et le calme de la sagesse, on sent sourdre en lui une profonde colère quand il dénonce « les actes de barbarie très violents » qu’il a vécus quand les savoir-faire européens ont quitté le continent.
Créer une chaine générationnelle des “ultraseniors” aux jeunes diplômés
Il réunit une équipe qui va des ultras seniors (80 ans) selon son expression, qu’il sait mobiliser jusqu’aux jeunes diplômés en passant par les quinquas de sa génération. “Il faut créer une chaine générationnelle“. Un choix délibéré pour assumer cette responsabilité sociétale, un choix qu’il a vu à l’œuvre aux États-Unis et « qui marche très bien » dit-il dans le respect des uns et des autres. Eyco compte une cinquantaine de salariés et réalisera cinq millions de chiffre d’affaires en 2024 avec la perspective de doubler les effectifs.
La société en est à son 2e tour de table. Un premier en 2021 avait permis de mobiliser des business angels et Région Sud Invest avec le soutien de France 2030. Le tour de table aujourd’hui de 16 millions d’euros a été conduit par BPI France pour une somme de 10 millions d’euros avec Caap Création du Crédit agricole et toujours Région Sud Invest. Au bouclage de ce tour de table, les investisseurs privés restent majoritaires aux côtés des institutionnels.
Éric Eymard trouve ainsi des ressources pour financer sa croissance et son besoin en fonds de roulement, équiper sa nouvelle usine 5.0 et toujours investir dans les ressources humaines pour une offre qualitative à ses clients. : « Eyco confirme Magali Joëssel, directrice du fonds SPI 2 (géré pour le compte de l’État par Bpifrance), s’appuie sur une technologie historiquement française et des savoir-faire exclusifs, développés en interne, pour produire un panel de briques technologiques essentielles au secteur de la microélectronique. Nous avons été sensibles à la démarche d’innovation incrémentale proposée par l’entreprise. »
Lien utile :
L’actualité de l’industrie à retrouver dans notre rubrique
[1] Technologies d’interconnexion et de protection dans le packaging des composants électroniques.