Bientôt vingt ans que le festival de bande dessinée Les Rencontres du 9e Art enchante les visiteurs, toutes générations confondues. Cette année encore, expositions, rencontres, ateliers et performances vont animer la ville pendant près de deux mois avec, pour nouveauté, l’invitation lancée par les organisateurs à plusieurs artistes de la scène graphique internationale. Diversité des propositions et engagements revendiqués sont au rendez-vous et en accès libre. Avec ou sans bulles.
Haro sur les héros de la malbouffe
Parmi tous ces événements et expositions, on retiendra notamment dans le Village graphique (Cité du livre), le travail d’Émilie Gleason qui, à travers son livre Junk Food, les dessous d’une addiction, donne la parole aux victimes de la dépendance aux aliments industriels. Comme l’explique l’autrice : « La BD est une évidence comme moyen de communication. Je milite à ma manière, à travers des sujets précis, un humour à double tranchant, et un dessin à bras ouverts, pour toutes celles et ceux qui sont curieux d’entrer dans mon monde. »
Détournements et jeux de maux
Toujours dans le Village graphique, on découvre, sous les brosses de Mister Kern, la multinationale Mitbols et son catalogue de promotions dans l’agroalimentaire, les jeux de sociétés ou services aux consommateurs. C’est avec humour et dérision que l’artiste pointe du doigt le consumérisme, l’attraction des prix bradés, l’ultra-libéralisme et les nouveaux emplois précaires.
Autre proposition dans cet art du détournement, à découvrir cette fois à la Galerie Vincent Bercker, fidèle partenaire de la manifestation. Ici sont exposés les dessins, majoritairement noirs et blancs, de Stéphane Trappier. L’artiste aime revisiter avec mordant les scènes mythiques des grands succès cinématographiques, mais autour des enjeux sociaux actuels. Tels des morceaux de story-board, il est question d’écologie, de santé et même de retraite en compagnie de John Wayne ou de Superman…
Collector nous voilà !
À chaque édition des Rencontres du 9e art, les visiteurs avertis s’amusent également à garder quelques pièces collector comme le journal du festival confié aux artistes invités. C’est au tour de Yann Legendre, designer illustrateur dans l’esprit des comics américains, et Serge Lehman, figure majeure du fantastique et de la science-fiction en France, de co-signer celui de 2023, offert gratuitement et disponible au Kiosque BD-Aix.
Autres temps forts à retenir, la proposition à parcourir la ville afin de recueillir, auprès des commerçants participant, les 36 cartes à collectionner pour recomposer une image parmi des milliers de possibilités imaginées par Davor Vrankic et ce, dès le 15 avril. Ou encore l’invitation aux plus jeunes à colorier, dès le 20 mai, une fresque géante en compagnie de son auteur Ismaël Meziane et de se voir offrir un cahier à colorier imaginé par l’artiste sur le thème du catch.
« Les artistes ont été invités à questionner leur pratique et à sortir de leur zone de confort, concluent les organisateurs, afin de ne pas simplement accrocher des livres au mur mais montrer aussi ce qu’on ne voit pas ailleurs. » Sans faire de surenchère, le festival 2023 pourrait bien dépasser les résultats de la précédente édition et ses 46 000 visites.
Informations pratiques
> Rencontres du 9e art – Aix-en-Provence
> du 8 avril au 28 mai 2023
> www.bd-aix.com