Le Festival international de cinéma de Marseille, FIDMarseille, dédié aux nouvelles écritures cinématographiques, déroule son tapis rouge du 8 au 13 juillet 2025 au cinéma Artplexe Canebière, et se déploit au cinéma Les Variétés, au cinéma La Baleine, au Vidéodrome 2 et dans plusieurs lieux culturels de la ville.
« Nous sommes là depuis 36 ans, c’est presque patrimonial. Mais pour autant, le festival doit se battre chaque année de sorte qu’il existe. Un festival inscrit à Marseille, dans la région et à l’international, c’est permettre de construire tout ce qu’il programme au fil de l’année. Car tout au long de l’année, c’est une programmation régulière à Marseille et aux alentours qui inscrivent nos actions en direction d’un public local et régional. »
C’est par ces mots que le président du festival, Yves Robert, a ouvert la conférence de presse de présentation de l’événement avant de donner la parole aux collectivités territoriales largement représentées cette année. Toutes ont réaffirmé leur soutien à cet événement majeur pour la ville et la région, tant pour la richesse de sa programmation toujours renouvelée que pour son rayonnement à l’international.
Deux rétrospectives inédites
La rencontre s’est poursuivie avec l’annonce de la programmation, à commencer par deux rétrospectives inédites en France et en Europe, que les cinéastes invité.e.s accompagneront tout au long du festival pour partager avec le public. La première, qui compte 17 films est dédiée au cinéaste de la nouvelle vague roumaine Radu Jude, auteur de Bad Luck Banging or Loony Porn (Ours d’or à la Berlinale 2021) : « Un cinéaste brillant, qui travaille dans une logique de production incroyable, à la Godard, il réalise deux à trois films par an » souligne la directrice du festival, Tsveta Dobreva. Son nouveau film, présenté en avant-première nationale, Kontinental ’25 (Ours d’argent à la Berlinale cette année) ouvre les festivités, sous les étoiles du Théâtre Sllvain, mardi 8 juillet à 21h (en entrée libre), en présence du réalisateur et de l’actrice principale Eszter Tompa. Le cinéaste animera les jours suivants une master class et présentera la carte blanche qui lui est dédiée.
La seconde rétrospective inédite en Europe et quasiment intégrale, accueille un duo de cinéastes chiliens, peu connus en Europe : Carolina Adriazola et José Luis Sepúlveda : « Ils ont une logique complètement différente de Radu Jude : cinq à six longs-métrages en 20 ans, un autre mode de production, en dehors de tout système financier. » Leur cinéma des marges et des minorités, engagé et inclassable, devrait être une des grandes découvertes de cette édition, nous disent les organisateurs.
La sélection officielle : une vitrine du cinéma mondial indépendant
Du côté de la sélection officielle, 76 films venant de 35 pays, dont 43 présentés en première mondiale, ont été sélectionnés parmi les 3000 films reçus cette année : « Un chiffre en nette augmentation. Un très bon signal pour nous, de l’intérêt des cinéastes du monde entier pour le festival » se félicite le directeur artistique Cyril Neyrat, avant de rappeler la vocation du FID : « Un festival prescripteur. C’est cette dimension que l’on tient à défendre, puisque les films que l’on présente, sont des films qui n’ont pas majoritairement vocation à sortir en salles, qui n’ont pas facilement accès aux salles. La circulation de ces films dans les festivals à l’international et possiblement dans le monde entier fait donc partie de notre rôle. »
Celui-ci a poursuivi sa présentation par les 14 films de la compétition internationale dans lesquels on constate une prédominance pour des sujets liés à l’histoire, tout en inventant des écritures singulières pour examiner le passé. C’est le cas de Katasumbika du congolais Petna Ndaliko Katondolo, qui invente une manière de tisser les archives de l’illustration coloniale, avec les images du Congo d’aujourd’hui ou encore As Muitas Mortes de Antônio Parreiras, du brésilien Lucas Parente, dans lequel le cinéaste imagine le voyage au pays des morts du peintre brésilien paysagiste du 19e siècle, Antônio Parreiras, pour méditer sur le passé et l’avenir d’un pays aujourd’hui dévasté.
En contre-point, des comédies sont également à l’affiche, à l’instar de Cobre du mexicain Nicolás Pereda, cinéaste confirmé, ou encore Morte e vida Madalena du brésilien Guto Parente, une comédie queer et solaire sur Madalena, une productrice de cinéma enceinte de 8 mois qui va devoir voler au secours d’un tournage de film.
La compétition française, présente de son côté huit films, parmi lesquels un premier long-métrage Si nous habitons un éclair de la comédienne Louise Chevillotte (marseillaise d’adoption) : un essai cinématographique sur la vie après la mort des personnes aimées, que la cinéaste a réalisé après le décès de sa mère, la comédienne Cécile Magnet. Autre sujet mémoriel, côté histoire cette fois, La Ligne Bleue de Marie Dumora, recueille la parole des derniers témoins qui ont vécu enfants, dans les environs du camp de concentration de Natzweiler Struthof, dans la vallée de la Bruche en Alsace.
Préhistoires de Laurent Krief, nous emmène au Pont d’Arc en Ardèche
Enfin, annoncé comme « une comète » tant le film est singulier dans sa forme : Préhistoires de Laurent Krief, nous emmène au Pont d’Arc en Ardèche, avec des allers-retours entre les peintures de la grotte Chauvet et les vacanciers qui s’égayent dans les eaux de la rivière au pied de la grotte.
Dans la compétition premier film, « section essentielle pour un festival défricheur, dont la première mission est de découvrir de jeunes talents » souligne Cyril Neyrat, elle accueille 11 films dont quatre concourront également en compétition internationale ou en compétition française.
Autre fenêtre sur les cinéastes émergents : la compétition Flash, dédiée aux formes brèves, véritable laboratoire d’écriture. Cette année, les festivaliers découvriront 16 films parmi lesquels des oeuvres venues de pays rarement représentés au FID, à l’instar de l’Indonésie Primate Visions; Macaque macabre de Natasha Tontey, du Congo Nsala de Mikael-Stan Mbanza, de la Palestine Control Anatomy de Mahmoud Alhaj, ou encore de la Slovéquie Bardo de Viera Čákanyová.
Enfin, parmi les 10 films de la Compétition Ciné +, section vouée à encourager la distribution des films dans les salles françaises, une oeuvre à ne pas manquer Cartas a mis padres muertos du grand cinéaste chilien Ignacio Agüro, récompensé deux fois par le Grand Prix de la Compétition Internationale au FID (voir lien utile ci-dessous)
Guto Parente, Brésil, Portugal, 2025
Marie Dumora, France, 2025
Sébastien Betbeder, France, 2025
Louise Chevillotte, France, 2024
Nicolás Pereda, Mexique, Canada, 2025
Lucas Parente, Brazil, 2025
Autres joyaux : un espace de découverte
Mais c’est aussi hors compétition dans la section autres joyaux, que l’on verra de véritables pépites parmi les 11 films présentés, comme Still Life Primavera le nouvel opus de Pierre Creton, cinéaste fidèle parmi les fidèles du festival. À cet égard, signalons que le FID lui a confié sa nouvelle identité visuelle, en imaginant une déclinaison graphique qui part de l’image en mouvement, à partir de 6 annonces qu’il a réalisés, sous la forme d’une micro-série.
Deux autres films de réalisateurs assidus sont également annoncés : No Title du libanais Ghassan Salhab et One Power for all band del’irlandais Declan Clarke (tous les deux jurys du festival cetteannée). Enfin, on ne manquera pas de citer Jour après Jour de la marseillaise Florence Pazzotu et Gaza de Catherine Libert.
Dernière surprise et pas des moindres, le Festival accueillera dans les séances spéciales, l’humoriste et comédienne Blanche Gardin, interprète de L’incroyable femme des neiges, au côté du réalisateur Sébastien Betbeder, une comédie soutenue par la Région Sud, présentée à la Berlinale cette année.
Quant au jeune public, il ne sera pas en reste avec un programme composé de films d’animation, concocté en partenariat avec l’école nationale de cinéma de Łódźen Pologne (à partir de 6 ans).
Nouveau au FID !
Pour sa 36e édition, le FID inaugure un nouveau rendez-vous avec le public et les professionnels, en plus des échanges en salles et des rencontres du forum. Chaque jour, un.e cinéaste invité.e se prêtera au jeu d’une interview en tête-à-tête avec l’émininent programmateur et critique espagnol Gonzalo de Pedro (du 9 au 13 juillet à 18h la Brasserie Blum, en accès libre)
Par ailleurs, deux parcours découverte sont proposés cette année aux spectateur.trices qui vivent leur première expérience au festival : l’un destiné à un large public curieux de découvrir le FID, et l’autre conçu spécifiquement pour les jeunes à partir de 14 ans. Cette nouvelle initiative a pour but de guider le public dans ses choix parmi les 100 films programmés et révéler l’esprit singulier du festival.
Liens utiles :
> Le détail du programme
> [Cinéma] Palmarès du FID : le cinéaste chilien Ignacio Agüero à nouveau récompensé
> L’actualité du cinéma régional à suivre dans notre rubrique