L’enfant du pays, Maja Hoffmann, élevée à la Tour du Valat créée par son père, aurait pu s’éloigner et choisir d’investir sa fortune issue de l’empire pharmaceutique Hoffmann Roche, loin de la Camargue de son enfance. Mais Maja Hoffmann, bien trop imprégnée par cette terre si singulière, a choisi de creuser son empreinte ici-même, dans cette petite Rome, qui renoue grâce à elle avec sa plus prestigieuse histoire grâce à Luma Arles et son formidable Parc des ateliers.
Luma à Arles : une offre foisonnante, un outil d’attractivité
Après des années de patience (les travaux ont été lancés en 2014 quatre ans après la présentation de la maquette aux Arlésiens en 2010), Maja Hoffmann, peut enfin mettre en scène l’ensemble du Parc des ateliers, l’ancien site de la SNCF, entièrement rénové et réaménagé, dominé par la tour de Franck Gehry.
Un financement privé
Selon différentes sources de presse, plus de 150 millions d’euros auraient finalement investis par la Fondation Luma sur le chantier du Parc des ateliers contre un 100 millions initialement évoqués. Les collectivités et l’Etat se sont engagés à hauteur de 25 millions sur 13 ans, pour financer sur l’ensemble de la zone d’aménagement concertée (qui comprend aussi l’emprise de l’école nationale de la photographie) « uniquement les équipements publics : la voirie, les réseaux, la partie publique du parc et le déplacement de la sous-station SNCF. » La Fondation Luma répond à une multitude de questions dans une FAQ très bien faite sur son site. Mais elle ne précise pas le montant total de l’investissement pour les travaux.
Le site, inauguré début juillet, est désormais entièrement ouvert au public gratuitement tout comme les expositions. C’est un formidable cadeau fait à Arles mais aussi à l’ensemble du territoire français. Car compte tenu de la richesse des propositions (plus d’une vingtaine d’expositions sans parler des oeuvres monumentales) et du formidable aménagement architectural et paysager, le site est promis à un rayonnement qui dépasse largement les frontières de la région. On viendra ici de très loin, et pas seulement durant les festivités qui animent la ville durant l’été et les ferias. Un formidable outil d’attractivité pour tous les acteurs économiques et culturels.
La Tour de Franck Gehry : un dialogue avec le pays d’Arles
Luma à Arles, c’est d’abord la tour de Franck Gehry. Désormais entièrement accessible jusqu’au 9e étage, elle est partout un spectacle intérieur comme extérieur. Ses formes multiples offrent au regard des vues inédites à tous les étages, dans tous les recoins. Bien plus encore, elle est un dialogue permanent avec son entourage géographique, de l’abbaye de Montmajour à la chaîne des Alpilles, du musée de l’Arles l’antique jusqu’à la plaine de Camargue et la mer, des toits de la ville, théâtre et amphithéâtres romains vers la trouée du Rhône, la tour de 56 m de haut composée de 11 000 briques en acier inoxydable est une passerelle vers tout le pays d’Arles. Elle l’accueille aussi sur ces reflets scintillants qui tout au long de la journée change de couleurs, jusqu’à s’enflammer au couchant.
Frank Gehry :« Un tableau en constante évolution»
Et quel spectacle ! Il rappelle en effet les tableaux de Vincent Van Gogh, un autre prestigieux résident dans la voisine St Rémy-de-Provence. Franck Gehry dit s’être inspiré des tableaux du fameux peintre comme la Nuit étoilée. Et il se félicite du résultat dans une vidéo présentée dans une salle d’accueil de la Tour (voir extrait ci-dessus) :« Ici nous avons réussi à capturer la lumière.»
Autre influences locales revendiquées par l’architecte star : le Val d’enfer aux Baux-de-Provence pour l’aspect rocheux et les arènes romaines pour la rotonde vitrée (le drum) qui entoure l’édifice. Il faut passer du temps à chaque étage de la tour Luma pour profiter pleinement de l’édifice qui a tout de l’icône.
L’intérieur vaut aussi le détour : des oeuvres permanentes, intégrées à l’édifice comme les escaliers en escargots et miroirs, les toboggans, les murs accueillent les visiteurs pour mieux les accompagner dans les salles d’expositions qui sont chacune un voyage vers un artiste, une installation, une oeuvre… Un cabinet de curiosités passionnant qui se dévoile au fil des étages.
Le café du Parc, une excellente table et une vue remarquable à l’entrée du Parc des Ateliers. Au sol la mosaïque réalisée à partir de peintures de Kerstin Brätsch (Crédit Gomet’/JFE) Touristes et habitants découvrent la Tour du parc des ateliers lors des vacances de Noël de 2021 (Crédit Gomet’/JFE)
Le miroir fascinant du Danois Olafour Eliasson au sommet du grand escalier de la Tour Gehry (Crédit Gomet’/JFE) Vue du haut de la Tour Frank Gehry, côté ouest, au-dessus du café du parc (Crédit Gomet’/JFE)
Le Parc des Ateliers autour d’un étang de Camargue
Puis tout au long de la promenade qui nous dirige dans le parc dessiné par l’architecte du paysage Bas Smets, de bâtiment en bâtiment, au sein desquels se dévoilent d’autres oeuvres, d’autres artistes, d’autres installations. Ainsi Seven sliding doors corridor de Carsten Höller, en bordure d’étang ou bien les plateformes d’orientations de Liam Gillick qui invitent la détente et à la discussion. Le Parc des Ateliers construit au milieu du 19e siècle par la Compagnie PLM et dédié jusqu’en 1984 aux ateliers (maintenance des locomotives notamment) de la SNCF, a retrouvé une vocation post-industrielle. Dans Les ateliers Luma, des artistes en résidence travaillent les matières et les oeuvres qui seront peut-être exposées au Luma days. Une nouvelle génération croise ses regards avec des artistes confirmés. Un foisonnement culturel qui puise aussi sa force dans de la nature environnante, toujours valorisée.
En cette fin d’année 2021, malgré la 5e vague du covid, les familles et les touristes se pressent à Luma. En haut de la Tour, sur la pairie, dans les chemins du parc, l’émotion est palpable. Merci Maja Hoffmann et Frank Gehry pour ce si beau cadeau ! Nous reviendrons souvent.
The Clock de Christian Marclay, une étude incroyable de la perception du temps avec 24 heures de séquences de cinéma mises bout à bout, minutes par minutes, montres et horloges à l’appui… (Crédit Gomet’/JFE) Des nombreuses expositions parsèment les étages de la Tour comme des autres bâtiments. Ici les oeuvres de Nan Goldin dans La face cachée des archives (Crédit Gomet’/JFE)
Informations pratiques :
La Tour et les espaces d’expositions sont ouverts du mercredi au lundi de 10h00 à 18h00. Dernière entrée dans La Tour : 16h30. Dernière entrée dans les expositions situées dans les bâtiments historiques : 17h30. Tarif : accès libre (sur réservation) Pour réserver gratuitement votre créneau de visite libre, rendez-vous sur la billetterie.
Visites commentées : cinq parcours de visites commentées sont proposés :
La Tour (en français et en anglais) : Découverte de La Tour, des œuvres et des expositions.
Durée : 1h30
Jauge : 15 personnes maximum
Tarifs : 12 € tarif plein / 8 € tarif réduit (inclut la réservation de créneau gratuit pour accéder à La Tour)
La Tour, visite en famille (en français) : Enfants et adultes sont invités par des jeux et devinettes, à découvrir La Tour.
Âge conseillé : 6 – 12 ans
Durée : 1h15
Jauge : 15 personnes maximum
Tarifs : 10 € tarif plein / 5 € par enfant ou adulte supplémentaire
Le parc paysager (en français et en anglais) : Visite commentée du parc paysager, des œuvres et des expositions présentées dans les bâtiments historiques.
Durée : 1h30
Jauge : 15 personnes maximum
Tarifs : 12 € tarif plein / 8 € tarif réduit (inclut la réservation de créneau gratuit pour accéder à La Tour)
Atelier LUMA (en français et en anglais) : Découverte d’Atelier LUMA, laboratoire de design et de recherche développant des solutions locales pour une transition écologique, économique et sociale.
Durée : 45 minutes
Jauge : 15 personnes maximum
Tarif : gratuit
Attention : minimum 2 participants inscrits, autrement la visite sera annulée et remboursée à la personne inscrite.
La bibliothèque est en feu : Découverte de La bibliothèque est en feu, située au 3ème étage de La Tour.
Durée : 30 minutes
Jauge : 12 personnes maximum
Tarif : gratuit
Le parc paysager en accès libre, est ouvert tous les jours de 07h00 à 18h30. Vous pouvez y accéder par le portail historique du 33 avenue Victor Hugo ou par le 45 chemin des Minimes.
Les multiples maquettes de la Tour de Frank Gehry avant son aboutissement final sont exposées dans la galerie des archives au 2e sous-sol de la Tour en rez-de-jardin. (Crédit Gomet’/JFE) Le plan de Luma avec les différents bâtiments des ex-ateliers de la SNCF (Crédit DR)
Liens utiles :
Le site officiel de Luma Arles
Dans nos archives :
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