Le secrétaire général à l’investissement, en charge depuis le 31 janvier dernier du plan France 2030, Bruno Bonnell, était de passage à Marseille, mercredi 19 octobre, à l’Hôtel de Région. L’occasion pour l’ex-député LREM du Rhône de dresser un premier bilan en compagnies des acteurs du comité de suivi régional Sud de France 2030, une structure lancée en juillet dernier. Elle est composée des services de l’État, des collectivités, des pôles de compétitivité et des chambres de commerce. Ce comité régional de suivi est co-présidé par le préfet de région Christophe Mirmand, et le président de la Région Sud, Renaud Muselier, eux-aussi présents ce mercredi pour la conférence de presse.
France 2030, un plan à 54 milliards d’euros
Le dispositif d’investissement France 2030, lancé le 12 octobre 2021 par Emmanuel Macron, dispose de 54 milliards d’euros pour irriguer et moderniser une dizaine de secteurs clés de l’économie française. Cinq grandes thématiques prioritaires ont été identifiés par le gouvernement : la santé, la transition énergétique (avec un accent sur l’hydrogène vert), la culture, la souveraineté numérique, l’exploration de l’espace et des fonds marins. La double ambition affichée par le gouvernement est d’accélérer la transition des secteurs clés, tout en positionnant demain la France en « leader de l’économie ». France 2030 doit également permettre de décentraliser l’activité industrielle, et d’encourager les innovateurs de petites tailles.
« Nous attendons des territoires qu’ils proposent des idées »
– Bruno Bonnell
Chaque région dispose d’un comité de suivi. Ces structures locales coordonnent l’action de France 2030 au sein des territoires. Elles ont pour mission de mobiliser les acteurs régionaux sur les appels à projets lancés. Ensuite, des jurys composés de trois à cinq experts internationaux et indépendants étudient les dossiers. Les idées sont alors soutenues par des investissements en fonds propre, des subventions ou des avances remboursables. En fonction de l’ampleur des projets à réaliser, les subventions allouées au délégataire retenu peuvent aller de quelques centaines de milliers d’euros, à plusieurs milliards. Les candidatures sont ouvertes sur la plateforme du gouvernement.
Région Sud : un coup de pouce expérimental pour « favoriser les bons dossiers »
Face à la presse, Bruno Bonnell se veut d’abord rassurant. « Il y a de l’excellence sur ce territoire (…) un foisonnement d’énergies », reconnaît-il, quelques heures après avoir rencontré les start-up de la Cité de l’innovation d’Aix-Marseille (Cisam). À date, près de 194 millions d’euros ont été attribués à 91 dossiers montés notamment par des entreprises, des universités ou encore des centres de recherches. Un état des lieux pourtant insuffisant d’après l’ex-patron d’Infogrames. « Nous n’avons pas assez de bons dossiers (…) la région pourrait faire beaucoup mieux », regrette Bruno Bonnell. « Ce n’est pas normal qu’un territoire aussi dynamique (…) soit aussi mal classé dans le nombre d’aides nationales (7ème, ndlr) ». Et le Sud ne fait pas exception. Le secrétaire général à l’investissement s’attend à ce que toutes les régions passent la seconde.
Comment expliquer ce manque de dossiers pertinents en région ? Selon Bruno Bonnell, les petites entreprises (PME-TPE et ETI), qui représentent par la loi 50% du budget de France 2030, « s’infligent une forme d’autocensure » – elles ne s’impliquent aujourd’hui que dans 44% des projets. Par ailleurs, « certains dossiers excellents sur le fond, butent sur un problème de forme ». C’est pourquoi Bruno Bonnell, animé par une « volonté d’accélérer, de fluidifier et de simplifier le système », s’apprête à lancer en région Sud une « expérimentation de pré-qualification des dossiers ». Les équipes du secrétariat général pour l’investissement (SGPI), les services de la Région, notamment Rising Sud, et les services déconcentrés de l’État vont être mobilisés pour accompagner les candidats locaux.
On veut les meilleurs.
Bruno Bonnell
Avec cette nouvelle méthode, Bruno Bonnell espère « monter le niveau moyen des dossiers de la région (…) les remettre dans l’axe ». Une manière « d’optimiser leur chance de réussite ». À plusieurs reprises, il compare France 2030 à une « compétition d’excellence » – à l’inverse de France relance qui répondait plutôt à une logique de guichets, de critères à cocher. Dans les Bouches-du-Rhône, les candidatures sont ouvertes pour plusieurs chantiers. Notamment la décarbonation du site industriel d’Arcelor Mittal, à Fos-sur-Mer, et le développement de la filière cinéma et image initié en avril par le CNC. « On veut les meilleurs », appuie le haut fonctionnaire. Si l’expérimentation porte ses fruits en région Sud, Bruno Bonnell entend décliner la démarche aux autres territoires français.
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