Benzène, oxyde d’azote, dioxyde de soufre, particules fines… l’association France Nature Environnement (FNE) dresse une liste effrayante de la pollution émise par l’usine Arcelormittal Méditerranée. A Fos-sur-Mer, elle a souvent été accusée de mettre en danger la santé des habitants. Cette fois, l’association décide d’aller plus loin. Elle a saisi le 23 novembre le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence pour demander réparation des dommages causés et l’arrêt immédiat des infractions responsables de la pollution de l’environnement.
36 infractions aux législations sur la protection de l’environnement
« Déjà en 2013, les associations avaient obtenu la condamnation d’ArcelorMittal Méditerranée, pour pollution des eaux et non-respect des règles préventives en matière d’émissions de polluants dans l’air. Cinq ans plus tard, la situation n’est toujours pas satisfaisante. Ce n’est pas normal pour un grand groupe comme celui-ci, et on s’interroge vivement sur la capacité de l’Etat à faire respecter ses propres décisions…», souligne Nathalie Chaudon, directrice de FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur. Selon l’association, l’usine aurait commis au total 36 infractions aux législations sur la protection de l’environnement. Elle cite notamment les rejets de dioxyde de soufre et d’azote qui dépasseraient parfois de 110 % les valeurs limites autorisées. « ArcelorMittal a une haute responsabilité dans les taux élevés de pollution de l’air autour de Marseille, où la perte d’espérance de vie due à la mauvaise qualité de l’air est estimée à 7,5 mois », poursuit France Nature Environnement.
Un investissement de 30 millions
De son côté, Arcelormittal affirme poursuivre les investissements pour réduire son impact environnemental. En février dernier, l’aciériste annonçait un investissement de 30 millions d’euros pour réduire ses émissions atmosphériques, notamment sur sa chaîne d’agglomération : « Nous avons divisé par trois nos émissions de dioxines et de poussières depuis 2005 », assurait alors François Sgro, le directeur du site. Mais FNE estime que ce n’est pas suffisant. « L’exploitant n’a eu de cesse de reporter la réalisation des travaux nécessaires pour se mettre en conformité. En 2014, l’industriel n’avait toujours pas mis en place un procédé pour lequel il aurait dû finir les travaux en 2010, en dépit de la mise en demeure de l’Etat de le faire », constate l’association. Elle pointe ainsi l’impuissance de l’Etat à faire respecter les normes et se tourne désormais vers la justice pour forcer Arcelormittal à se conformer aux lois.