Progexia (Marseille) utilise l’intelligence artificielle pour optimiser la complémentaire santé

Les assurés le savent : les devis des complémentaires santé sont bien souvent complexes et difficilement interprétables. Pourtant les mutuelles, qui subissent une pression concurrentielle et règlementaire croissante, se différencient grâce aux services diversifiés qu’elles proposent. « La plupart offrent des contrats similaires en termes de garanties, explique Jean-Louis Lesieur, président de Progexia, basée à Marseille. Elles se distinguent ainsi par leurs programmes de prévention. Notre rôle, c’est de les aider à mettre en évidence cette valeur ajoutée, peu connue de leurs adhérents, afin de les fidéliser et de proposer le bon service à la bonne personne. »

Pour cela, Progexia, qui depuis 2006 s’est donnée pour mission d’optimiser la gestion des mutuelles de santé, a lancé Novacare, un programme d’intelligence artificielle basée sur le big data, le machine learning et les réseaux neuronaux, mais également sur de l’économétrie quantitative, une technique proche de la statistique, afin de concevoir des algorithmes qui déterminent quels sont les besoins d’un individu et les services appropriés à lui proposer en temps réel. « Nous utilisons dans un premier temps les enquêtes de services publics, anonymes, pour connaître des variables tels que lieux d’habitation, composition familiale, pénibilité du travail et déterminer si un individu est plus ou moins concerné par des troubles du sommeil, des problématiques de dépendances ou d’addictions, de stress… »

Jean-Louis Lesieur est président de Progexia

C’est la phase d’apprentissage de l’algorithme. Ensuite, Progexia met en correspondance ces données avec celles des complémentaires santé pour définir les besoins spécifiques de leurs adhérents et solliciter en temps réel les assurés. « La mutuelle peut ainsi détecter une potentielle hospitalisation et proposer à ce moment tous les accompagnements inclus dans le contrat de l’adhérent, dont il n’a peut-être pas connaissance », précise Jean-Louis Lesieur.

NovaCare s’inscrit dans un cadre éthique et réglementaire strict, il ne s’agit pas pour les complémentaires de connaître les pathologies de leur client pour moduler leur cotisation, ce qui est d’ailleurs interdit par la loi. « Ce produit s’inscrit dans une volonté d’un gain mutuel : pour l’assuré, c’est l’opportunité d’être informé de l’existence d’un service de la mutuelle dans un moment où il n’a pas forcément accès à toutes les modalités de son contrat et pour la mutuelle, c’est une façon de mettre en avant son rôle d’accompagnement, par delà sa dimension de « payeur » de prestations », confirme Jean-Louis Lesieur.

Lancé en mai 2017, Novacare est actuellement en phase d’extension, de développement et de vente. Progexia vient d’ailleurs de signer un partenariat avec Aix Marseille School of Economics, qui met les ressources de son laboratoire en économie de la santé à disposition de l’entreprise marseillaise, afin d’améliorer ses recherches. « Nous avons également signé avec une mutuelle qui représente 1,5 million d’assurés », se félicite le président. Afin de passer en phase d’industrialisation de son produit, Progexia cible 200 000 euros de CA en 2018 et 1,5 million d’euros et 6 millions de personnes protégées en 2019. L’entreprise, qui a ouvert son capital, prévoit également de recruter un data scientist en septembre prochain et s’apprête à renforcer sa partie gestion de réseau et infrastructures et son secteur commercial.

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