La grève des éboueurs n’est pas terminée. Sollicitée une nouvelle fois par la Métropole Aix-Marseille Provence, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône réquisitionne depuis vendredi 21 janvier les agents officiellement en grève – ils sont au nombre de 23 selon l’institution en charge de la collecte des déchets ménagers et de la propreté. Un chiffre faible comparé aux 184 agents en “arrêt maladie” recensés vendredi dernier. Cette obligation de travailler sous peine de sanctions (six mois de prison et 10 000 euros d’amendes), imposée par l’État, s’achève ce lundi soir.
Pourtant, les poubelles du centre-ville et des quartiers Sud de Marseille débordent. Des centaines de tonnes de déchets ne sont toujours pas ramassées. Pour rappel, le dernier conflit, celui de décembre 2021, s’était terminé au lendemain d’une réquisition de 249 agents de la collecte. Les habitants de la métropole, en grande majorité agacés par ces vagues d’immondices, espèrent un scénario similaire pour la “crise de janvier”. Une pétition pour des assises de la propreté a été lancée la semaine dernière par l’association Poubelle la vie – elle a pour l’heure recueilli 1600 signatures.
FO veut saisir la justice
Initiée mardi dernier par le syndicat majoritaire, Force Ouvrière (FO), la nouvelle grève des éboueurs est freinée par l’État. Du côté de FO, la colère monte. « Une réquisition au bout de 72 heures, c’est du jamais vu en France », s’insurge le délégué FO, Patrick Rué, ce matin sur BFM Marseille. « Attaquée dans son droit constitutionnel de faire grève », FO menace d’engager des procédures judicaires suite à l’arrêté prononcé vendredi dernier par la préfecture de police.
Grève des éboueurs à Marseille: Force Ouvrière veut contester en justice la réquisition des agents ordonnée par la préfecture de police pic.twitter.com/BHAg4ubWGQ
— BFM Marseille Provence (@BFMMarseille) January 24, 2022
Patrick Rué estime depuis début janvier que la Métropole ne tient pas ses engagements. FO demande de revoir le système de prime par dimanche et par jour férié travaillé, et une protection accrue du personnel en période de crise sanitaire. Des revendications jugées « illégales » par le vice-président en charge du dossier à la Métropole, Yves Moraine, sur le plateau de Maritima.
Patrick Rué dit du mal de moi ? S’il savait ce que je pense de lui, il en dirait encore plus.
Yves Moraine, vendredi 21 janvier sur la radio locale Maritima
À ce jour, FO n’a fait aucune annonce mentionnant une éventuelle sortie de crise. Les agents métropolitains de la collecte bénéficient pourtant de nombreux avantages, notamment une décote de 15% de leur temps de travail par rapport aux obligations légales. Des faveurs que tous les syndicats (FO, Unsa, FSU, CGT…) ont obtenu en approuvant le protocole de sortie de grève formulé en décembre par Yves Moraine. En termes d’avantages sociaux, toutes les organisations sont sur un même pied d’égalité.
Les agents en “arrêt maladie” vont être contrôlés
La Métropole AMP anticipe un nouveau sursaut de la grève. « Nous allons pratiquer le contrôle médical », informe Yves Moraine. En attendant une fin de conflit officielle, et pour limiter les dégâts, les services du conseil de territoire Marseille-Provence ont ressorti les caissons temporaires. Ces quelques dizaines de bennes, installées dans les lieux particulièrement impactés par les perturbations, permettent aux Marseillais d’y déposer leurs ordures ménagères.
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