Après trois semaines de grève, Marseille croule toujours sous les immondices. Le vice-président métropolitain en charge du dossier, Yves Moraine (LR), a retourné le problème dans tous les sens. Après deux réunions infructueuses avec l’intersyndicale la semaine dernière – des entrevues « sereines malgré quelques moments de tensions » – l’ancien maire des 6e-8e arrondissements a une nouvelle fois réuni les représentants des agents de la collecte ce lundi 13 décembre. Vers une sortie de crise ?
Grève des poubelles à Marseille: Nouvelle réunion avec les élus métropolitains, les discussions n’aboutissent toujours pas. Les agents de collecte présents sont très remontés. @maritimamedias pic.twitter.com/HHCg644JIA
— Cassandre A (@CassandreAmx) December 13, 2021
La Métropole propose aux agents une réduction de 15% de leur temps de travail
Dans un premier temps stériles, les discussions ont finalement abouti vers 20 heures à une proposition de la Métropole Aix-Marseille Provence. Un “protocole de sortie de grève” en vingt points, encore confidentiel, qui aborde notamment la rémunération, la gestion des ressources humaines, l’équilibre public-privé, le dialogue social, la formation, l’accès aux soins… et le temps de travail des agents. La Métropole propose en effet aux agents de la collecte une décote de 15% de leur temps de travail (soit 1366 heures/an) – contre les 9,5% (1467 heures/an) négociés en septembre dernier.
Et ailleurs ? Voici le temps de travail des agents de la collecte à…
• Grenoble : 1560 heures/an
• Nantes : 1547 heures/an
• Reims : 1560 heures/an
• Nice : 1544 heures/an
• Rennes : 1560 heures/an
Pour l’heure, la CGT, l’Unsa, la CFTC et la FSU ont répondu favorablement à la proposition écrite de la Métropole. Seule FO refuse de signer ce document de sortie de crise. « Arrêtons de nous enfumer avec des pourcentages qui ne correspondent à rien », s’agace le délégué syndical Patrick Rué ce matin sur France Bleu. Le syndicat majoritaire à jusqu’à ce soir pour saisir la main tendue de la Métropole, et pour reprendre la collecte. Dans le cas contraire, la proposition d’Yves Moraine tombera à l’eau, et la décote de pénibilité passera sous le nez des grévistes. « Ce document doit nous permettre de sortir du conflit, et d’en éviter d’autres », nous précise Yves Moraine.
L’offre de la Métropole est-elle légale ?
Seulement, en accordant une telle décote, la Métropole franchit la ligne rouge tracée par la préfecture des Bouches-du-Rhône à l’issue de la dernière crise. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Patrick Rué ne donne pas son accord. Selon le patron de FO, l’offre métropolitaine ne sera pas validée par l’État (pourtant Patrick Rué continue de réclamer une décote de 38%…). « La loi ne prévoit ni plancher, ni plafond », se défend Yves Moraine. Selon lui, la Métropole peut très bien accorder cette décote, mais elle sera soumise à un contrôle de légalité.
C’est pourquoi l’institution va faire appel à un cabinet spécialisé pour étayer sa proposition. « Si le préfet estime que notre délibération ne respecte pas la loi, en étant trop généreuse par rapports aux critères (ndlr : pénibilité, travail de nuit, en équipe…), il la déférera, et nous nous défendrons ». C’est à la justice de trancher. La réforme sur le temps de travail des agents publics doit être votée jeudi à la Métropole pour une application au 1er janvier 2022.
Document source : lettre ouverte des CIQ de Marseille
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